Mises en état d'alerte par une nouvelle macabre, celle du décès d'un des dix-sept marins algériens détenus par des pirates somaliens depuis plus de 8 mois, les familles ont réinvesti hier matin l'esplanade de la Grande-Poste, appelant les citoyens à les soutenir. «Nous avons eu vent d'une information selon laquelle l'un des marins ainsi que le commandant du vraquier MV Blida (de nationalité ukrainienne) seraient décédés. Nous sommes très inquiets d'autant que ni l'armateur du bateau, la société IBC, ni l'affréteur jordanien, n'ont daigné nous renseigner sur la véracité ou non de cette nouvelle», souligne Fawzi Aït Ramdane, fils d'un des marins disparus, reprenant les propos d'autres marins exerçant au port d'Alger. «Des journalistes qui ont pris attache avec M. Mansouri (DG de d'IBC, Ndlr), ont indiqué que le responsable a démenti cette information. Nous estimons qu'il aurait été plus judicieux qu'il (Mansouri) tienne un point de presse ou qu'il prenne directement attache avec les proches des marins, histoire de nous rassurer», déclare Mlle Benkaci, sœur du plus jeune otage, Achour (29 ans). Inquiètes, les familles ne savent plus à quel saint se vouer. Elles sont convaincues néanmoins qu'elles peuvent trouver remède à leur malheur auprès des citoyens. «Nous ne croyons plus en l'affréteur jordanien ni en la société IBC. Nous appelons le peuple algérien à nous soutenir, c'est notre seul salut. Nous sommes convaincus que les Algériens peuvent rééditer l'épopée d'Oum Dourman, quand ils se sont solidarisés avec l'équipe nationale de football, en sortant dans la rue avec nous pour faire pression sur l'Etat algérien en vue de libérer les otages algériens», propos de Mme Kahli sœur du plus âgé des otages, Smaïl (60 ans). De son côté, le directeur général de l'International builk carriers (IBC), Nacer Mansouri, a démenti l'information en précisant que les familles en ont été informées. «A l'heure où je vous parle (hier à midi, Ndlr), j'infirme cette information. Il n'y a rien d'officiel. Mais, nous sommes en train de la vérifier». Et d'ajouter : «J'ai personnellement informé les familles (des otages) qui m'ont contacté hier soir (samedi, Ndlr), et je leur ai dit ce que je pensais». Pour sa part, Amar Belani, directeur de la communication et de l'information au ministère des Affaires étrangères, affirme «ignorer» tout de cette information. «Laissez-moi du temps pour m'en informer», s'est-il contenté de dire. Pendant ce temps, les familles des otages s'interrogent : «Faut-il qu'il y ait mort d'homme pour que l'Etat réagisse ?». A des citoyens qui leur demandaient d'aller se rassembler devant la Présidence de la République pour mieux se faire entendre, les manifestants répondent : «Nous y avons été, mais nous avons été chassés. Nous avons interpellé le président Bouteflika pour qu'il intervienne personnellement et fasse pression sur l'affréteur jordanien (Lead Arrow, Ndlr), en vain». Une vieille femme objecte : «Quitte à ce que vous en soyez chassés, il ne fallait pas abandonner.» «Personne ne nous écoute, ils ne nous reste que vous, citoyens algériens, pour faire entendre notre voix. Même l'ENTV n'a même pas eu la décence de relayer notre cri. Les deux seules fois où l'Unique a parlé de notre cas, ce fut le 2 janvier 2011 pour annoncer la prise d'otage, et tout récemment pour dire que l'Etat n'a pas abandonné les marins», s'offusque Fawzi Aït Ramdane. Les familles dénoncent également le silence de la classe politique et des associations des droits de l'Homme. Y. D. Décès d'un marin du MV Blida «Une fausse information», selon le ministère des AE Tous les membres de l'équipage algérien du vraquier MV Blida, qui avait fait l'objet début janvier d'un acte de piraterie, sont «sains et saufs » et l'information au sujet de la mort d'un marin est «fausse», a affirmé hier le porte-parole du ministère des Affaire étrangères, cité par l'APS. «Nous avons pris les contacts nécessaires et il s'avère que tous nos ressortissants otages des pirates somaliens sont sains et saufs», a déclaré Amar Belani, démentant ainsi l'information selon laquelle un membre de l'équipage algérien du navire MV Blida serait décédé. «Il s'agit à l'évidence d'une fausse information et j'espère que certains de nos marins auront l'occasion, très prochainement, de confirmer, à leur tour et de vive voix, à leurs parents que c'est une fausse information qui ne fera pas fléchir notre mobilisation pour obtenir leur libération dans les meilleurs délais possibles», a indiqué le porte-parole. Y. D.
