Photo : M. Hacène Par Lyes Menacer Mohammed Boutaleb fait partie de cette génération d'hommes et de femmes qui ont fait honneur au sport national et à l'Algérie. Si les responsables concernés l'ont oublié comme ont été délaissées toutes les anciennes gloires nationales, La Tribune s'est rappelé de lui et lui a organisé un hommage à la hauteur de son talent. En cette soirée du 23 août 2011, Mohammed Boutaleb est revenu sur une autre scène, celle du quotidien La Tribune qui lui a remis un trophée en signe de reconnaissance, un geste symbolique qui a fait scintiller ses yeux d'émotion. C'est Lakhdar Belloumi, à la fois ancien coéquipier sur le terrain de la compétition et citoyen de la même ville de Mascara d'où ils sont tous les deux originaires, qui lui a remis son trophée. Boutaleb a débuté sa carrière dans le cadre du sport scolaire alors qu'il n'avait que treize ans. C'est au club local du Feth, la pépinière du football à Mascara, qu'il a signé son premier contrat dans la catégorie des minimes pour accéder un an plus tard à la catégorie cadet où il passera presque deux ans. À l'arrivée de Mahi Khenane, Ballon d'Or européen, au mythique club du Ghali Mascara, Boutaleb est engagé en tant que titulaire. «Mahi a réformé le football à Mascara et m'a offert la chance de jouer aux côtés d'autres excellents joueurs comme M'barek, Baker (gardien de but), Roumissi, Hagouche et Mkedroussi» pour ne citer que ceux-là, se souvient avec aisance de l'époque où, ajoute-t-il, le football était une question de couleurs et pas du tout d'argent. Pour ses qualités sportives mais aussi humaines, Boutaleb avait gravi aussi les échelons au sein des différentes sélections nationales de football en commençant par l'équipe nationale des cadets où il est resté deux ans avant d'être appelé à jouer avec les juniors pour deux autres années. Il ne va pas tarder à rejoindre l'équipe espoirs de la sélection nationale au début de l'année 1970. En 1971, Boutaleb a intégré l'équipe nationale séniors. Pendant un an, il fera un passage brillant en équipe nationale, en compagnie d'Ouchen Saïd (gardien du NAHD) honoré lui aussi par La Tribune dimanche) et de Rabah Saâdane (ancien joueur et ex-sélectionneur national). Mais en 1972, lors d'un match de championnat entre le NAHD et le Ghali Mascara, une blessure au genou l'a contraint de quitter momentanément le terrain et définitivement la sélection nationale. De retour quelques mois plus tard à la compétition, «je n'avais plus le même niveau à cause justement de cette blessure. Alors j'ai continué à évoluer dans le championnat national jusqu'en 1978, puis j'ai arrêté», regrette Boutaleb, qui aurait aimé servir longtemps l'équipe nationale et son club qu'il n'a jamais voulu quitter sachant que les propositions de recrutement ne manquaient pas à l'époque. Donc, à la fin de sa carrière de joueur, Boutaleb, l'ailier droit au Ghali de Mascara, a repris la vie entrepreneuriale mais sans quitter définitivement le football. Aujourd'hui, il prépare un diplôme d'Etat d'entraîneur de troisième degré parce que, insiste-t-il, il a toujours envie de donner plus au football local mais aussi servir le sport national d'une manière générale, aider les jeunes à réussir une carrière sportive de haut niveau. Car, dit-il, la jeunesse est l'avenir de notre pays, de l'Algérie de demain. Avant d'aller recevoir son trophée des mains de Lakhdar Belloumi qui, lui aussi, était ému par cet hommage rendu aux anciennes gloires du football national, Boutaleb a délivré ce message : «Il faut laisser le football aux professionnels. Il faut laisser les anciens joueurs et les professionnels du sport gérer les clubs et le championnat parce que tant que les clubs sont dirigés par la rue, il ne faut pas espérer grand-chose». Les présents sous la kheïma de solidarité de La Tribune semblaient être tout à fait d'accord avec lui.
