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L'hygiène publique, une problématique à multiples facettes
Une seule solution : la conscientisation
Publié dans La Tribune le 28 - 05 - 2008


Photo : S. Zoheïr
Par Samir Azzoug
Les problèmes d'hygiène semblent devenir endémiques en Algérie. «Vous savez, ce qui nous étonne, maintenant, ce n'est plus la saleté. Ce qui nous choque, c'est quand on voit des ruelles propres. On se demande si on ne s'est pas trompé de quartier», ironise un citoyen interrogé sur la saleté des rues algéroises.
Fatalistes, résignés ou simplement réalistes, les Algériens ne font plus cas de l'insalubrité régnant dans nos rues, quartiers et places publiques. «Cela fait une semaine que je suis revenu d'un voyage à l'étranger. Ma première sortie du territoire national a été une torture morale pour moi. Dans un pays moins riche que le mien, j'ai été choqué par la propreté et la netteté des villes. Depuis mon retour, je n'arrête pas de pester contre mes concitoyens», s'exaspère Mourad, trentenaire habitant à El Biar.
Il est vrai que, pour un être consciencieux et lucide, la vue des immondices jonchant le sol est une torture psychologique, sans oublier l'impact de cette insalubrité sur la santé publique. Mais ce qui reste marquant, dans nos différentes discussions avec les citoyens, c'est que tous s'accordent à dire que la principale cause de cette pestilence régnante est due à leurs comportements irresponsables. «Les gens sont sales. Ils jettent leurs ordures n'importe où, ne respectent pas les horaires de ramassage et ne connaissent pas les rudiments de la vie en communauté», s'accordent à dire nos interlocuteurs. Ce qui nous mène à poser les questions suivantes : si tout le monde accuse tout le monde, qui est le responsable finalement ? Qui est ce «IL» à chaque fois mis à l'index ? Selon une étude menée par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme (MATET), en 2005, chaque habitant a produit quotidiennement plus de 1,2 kg de déchets dans les grandes villes et 0,8 kg dans les villes moyennes. Un accroissement très important par rapport aux années 1980, où la quantité générée était de 0,5 kg en ville moyenne et 0,76 kg dans les grandes villes. Une variation due essentiellement aux évolutions démographiques, sociales et économiques se reflétant dans les modes de consommation.
Ces facteurs ont engendré un dysfonctionnement dans l'organisation des services publics chargés de la gestion des déchets. Ainsi, selon des données chiffrées révélées par le ministère, le nombre d'agents chargés de la collecte et du nettoiement est largement en dessous des besoins. Il est même en régression par rapport à ceux des années 1980. En 2005, ce nombre était de 1 pour 1 500 habitants, alors qu'il était de 1 pour 500 en 1980.
Sur l'insuffisance du nombre vient se greffer le manque de qualification de ces agents.
Sur les 200 000 éléments répartis à travers le territoire national, le taux de qualification pour les villes moyennes est de 2 à 4% et de 7 à 10% pour les grandes villes. La même carence est signalée pour les moyens matériels puisque 1 véhicule couvre 7 500 habitants (les normes internationales sont de 1 véhicule pour 4 000 habitants). Par ailleurs, 3 000 décharges sauvages ont été recensées par le MATET, dont 350 dans les 40 grandes villes du pays.
Soit, une superficie totale de 150 000 hectares. Ces dysfonctionnements n'ont pas seulement un impact négatif sur l'image du pays et la santé du citoyen, mais l'insalubrité a un coût. Selon la même étude, les impacts de la mauvaise gestion des déchets est estimée à 0,32% de PIB, dont 0,19% sur la santé publique et 0,13% en pertes économiques.
Les plans de gestion des déchets
Pourtant, les programmes et les politiques de lutte contre les déchets se suivent et alternent.
En 2002, un Plan national d'action pour l'environnement et le développement durable (PNAE-DD) avait déjà pour but d'améliorer la santé publique et la qualité de vie du citoyen. Une loi a même vu le jour, en décembre 2001 et portait sur la gestion, le contrôle et l'élimination des déchets (loi 01-19). A l'issue de cette loi, le Programme national pour la gestion intégré des déchets municipaux (Progdem) pour la période 2001-2005 a été élaboré par le MATET.
Dans ce dernier plan, le ministère s'est fixé comme composantes : la planification intégrée de la gestion des déchets municipaux, l'amélioration et la professionnalisation des capacités de gestion, le traitement intégré des déchets municipaux, la réalisation de centres d'enfouissement techniques (CET), l'élimination des décharges sauvages et la réhabilitation des sites, le tri sélectif ainsi que le recyclage et la valorisation des déchets.
Sur ces objectifs, le ministère, après l'écoulement du temps imparti au programme, donne un aperçu des réalisations. 640 schémas directeurs communaux de gestion des déchets ménagers ont été réalisés sur 1 000 programmés. 1 069 communes ont bénéficié de moyens de collectes des déchets ménagers. Sur 80 CET, 20 ont été réalisés, 34 sont en phase d'achèvement et 26 en phase d'étude. 39 autres CET ont fait l'objet d'expertise.
Concernant le tri sélectif et le recyclage, sur 200 000 tonnes d'emballages (qui composent la majeure partie des matières recyclables estimées à 760 000 tonnes par an) dont 95% sont constitués de matières plastiques et 5% métallique, seules 4 000 tonnes sont récupérées. Ce qui représente un manque à gagner considérable.
Même si les investissements mobilisés durant la période 2001-2005 à travers différents programmes ont totalisé plus de 21,9 milliards de DA, et si une évolution positive a été constatée dans certaines grandes villes, il reste que des insuffisances sont encore constatées.
Alger et la gestion des déchets
Lors d'une audition Président–gouvernement, tenue le 30 octobre 2006 et consacrée à la wilaya d'Alger, les dispositifs concernant la prise en charge des déchets solides ont été révélés.
Ainsi, l'apport de 10 400 agents et 2 700 camions ont permis l'éradication de 1 800 points noirs, la collecte et l'évacuation de plus de 500 000 tonnes de déchets ménagers et autres dont 80 000 dans la seule Casbah.
Par ailleurs, il a été procédé à la décentralisation des moyens au niveau de l'établissement de nettoyage Netcom, l'acquisition de 303 camions et l'augmentation de la capacité d'enfouissement qui a atteint 1 750 000 m3. Ces mesures ont eu pour effet bénéfique l'augmentation du nombre de rotations pour la récolte des déchets (de 3 à 5 fois par jour) parallèlement à une couverture plus grande du territoire.
Netcom, seul face à près de 2 millions de pollueurs
L'établissement de nettoiement et de collecte des ordures Netcom (EPIC) a vu le jour par arrêté du wali d'Alger en 1996. Il a pour mission d'assurer la propreté de 25 communes de la capitale, soit 162,32 km⊃2; pour 1,8 million d'habitants. Il emploie plus de 5 400 personnes et dispose de 380 véhicules et engins pour la collecte des déchets.
Pour assurer un travail de proximité, cet EPIC a opéré une décentralisation de ses bureaux en installant 8 unités d'hygiène urbaine établies à Sidi M'hamed, Hussein Dey, Dar El Beïda, El Harrach, Bab El Oued, Bouzaréah, Chéraga et Bir Mourad Raïs.
Netcom a mis en place plus de 25 000 équipements de précollecte (bacs, poubelles…).
En matière de collecte ordinaire et d'assainissement, aux dernières données non exhaustives (puisque certaines unités n'ont pas encore communiqué leurs bilans), 753 379 tonnes de déchets ont été récoltés en 2007. Le plus gros de la récolte étant enregistré à Bab Ezzouar (plus 48 000 tonnes) et à Gué de Constantine (plus de 44 000 tonnes). Mais aucun établissement ne peut se targuer d'éradiquer complètement les problèmes liés à l'hygiène publique si le citoyen n'adhère pas totalement au principe.
Sidi Moussa : à défaut de moyens…
Dans l'élaboration du Progdem, trois principes généraux étaient inscrits sous la responsabilité des collectivités locales. Celles-ci sont tenues d'appliquer le principe du pollueur-payeur, la prévention et la réduction des déchets à la source, informer, sensibiliser et éduquer. Des principes nobles si ce n'est le lourd financement qui doit suivre. Les dépenses liées à cette opération restent du ressort de ces collectivités qui, du moins pour nombre d'entre elles, restent déficitaires et même endettées. Et ce n'est pas la taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères instaurée en 2002 qui peut financer l'opération. Celle-ci couvre à peine 20 à 30% du budget alloué par les communes pour la gestion des déchets.
Certains experts estiment le coût de la collecte et de l'enlèvement à plus de 2 000 DA la tonne.
Ce constat est dûment avalisé par M. Benmohamed Brahim, premier vice-président d'APC de Sidi Moussa. Située à peine à une vingtaine de kilomètres du centre de la capitale, cette commune qui était le fleuron de la Mitidja, au regard de ses activités industrielles et agricoles, se retrouve déficitaire et démunie.
«On [la commune] ne peut se permettre de recruter des agents ni d'acheter les engins nécessaires. On vit au rythme des subventions et des dérogations», explique-t-il. A Sidi Moussa, qui s'étend sur plus de 37 km⊃2;, les responsables locaux ont dénombré 6 points noirs.
Grâce aux subventions de l'Etat, la commune s'est dotée dernièrement de dix agents, d'un camion et d'une benne-tasseuse en tout et pour tout. «Faute de moyens, on effectue des journées de rattrapage. Ces opérations de nettoyage sont menées chaque jeudi. On réunit le personnel de la commune et on se dirige vers un quartier ciblé pour l'assainir.» Un assainissement qui ne dure pas longtemps. Car, de l'aveu du responsable, dès que l'opération est terminée, les immondices s'amoncellent. «Le plus grand problème de l'insalubrité est lié au comportement des citoyens», dénonce M. Benmohamed. «C'est culturel», poursuit-il en constatant que des enfants de quatre ans sont chargés de sortir la poubelle familiale. «Que va faire cet enfant ? Va-t-il respecter les horaires ? Va-t-il déposer les ordures dans les bacs ? » Dans son réquisitoire contre le comportement incivil des habitants, le vice-président d'APC se dit choqué par ces énergumènes qui volent les caissons de colecte posés par cette dernière. «Un caisson coûte près de 6 000 DA l'unité. Avant, les voleurs les utilisaient en guise de citernes. Pour remédier à cela, nous avons dû les trouer avec des perceuses. Mais, aujourd'hui, ils ont trouvé une nouvelle astuce qui consiste à les vendre aux récupérateurs de plastique. Cela leur rapporte dans les 2 000 DA l'unité.»
D'autre part, la commune disposant de bon nombre d'espaces vierges et vu l'interdiction de jeter les déchets de construction en ville, des camions entiers déchargent çà et là de matériaux de construction.
Pour lutter contre ces fléaux, M. Benmohamed insiste sur l'importance de la sensibilisation et l'éducation des générations futures. «Il faut inculquer les rudiments de l'hygiène et de la salubrité publiques à nos enfants sinon, aucun programme ni plan ne peut fonctionner.»
Pourtant, tout le monde connaît les rudiments de l'hygiène. Ne pas jeter les ordures n'importe où, ne pas jeter les emballages par terre, respecter les horaires de ramassage… mais les écoles ont beau enseigner, les institutions ont beau mener des campagnes de sensibilisation, même les imams s'y sont mis, d'aucuns ont l'impression que l'on prêche pour des sourds. A bon entendeur…


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