Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani La Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) lance une campagne de sensibilisation sur les dangers de la toxicomanie. Un phénomène qui prend de l'ampleur dans les quatre coins du pays, constituant un danger certain pour toutes les catégories de la société, les jeunes en particulier. Cette nouvelle initiative de la Forem cible ainsi les enfants, les adolescents et autres dans les milieux scolaire, universitaire et dans les espaces de jeunesse. Elle prend son départ à partir de la wilaya d'Adrar, aujourd'hui même, et durera toute une année. Quatre personnes connues du grand public sont nommées ambassadeurs de bonne volonté pour assurer la réussite de cette campagne : la championne de judo Salima Souakri, le journaliste sportif Hafidh Derradji, le chanteur Lotfi Double Canon et le spécialiste en droit le Dr Faouzi Oussedik, venu de Doha (Qatar). Pour le sponsoring, c'est Alliance Assurances qui finance en totalité la campagne du début à la fin. «Cela entre dans le cadre de nos activités d'entreprise citoyenne. Nous adhérons à cette campagne pour montrer notre intérêt à tout ce qui concerne notre société. Nous nous inquiétons de l'ampleur que prennent ces fléaux dans notre pays, et nous nous engageons, encore une fois, en tant qu'entreprise citoyenne, à travailler de façon à les réduire au maximum et à sauver notre jeunesse», a déclaré son PDG, Hassan Khelifati, en marge d'une conférence de presse organisée par la Forem, hier à l'hôtel El Djazaïr (Alger), pour annoncer l'événement. Aussi, le patron d'Alliance Assurances a-t-il profité de l'événement pour lancer un appel aux directeurs des entreprises privées et à l'ensemble des commerçants pour y apporter leur soutien : «Je profite de cette rencontre pour lancer un appel aux directeurs des entreprises privées et à tous les commerçants, afin de soutenir cette campagne. Le problème de la toxicomanie ne concerne pas seulement les jeunes ou les associations, mais toute la société et toutes les institutions de l'Etat.» De son côté, le président de la Forem, Mustapha Khiati, a rappelé que le nombre officiel des toxicomanes chroniques est de 200 000. Un chiffre avancé récemment par l'Observatoire national de lutte contre la toxicomanie. Le représentant de la Forem estime, toutefois, que cela est loin de refléter la réalité, et donne un chiffre nettement plus élevé : «Nous estimons à environ un million le nombre de toxicomanes chroniques en Algérie. Celui de ceux occasionnels doit être encore plus élevé.» Aucune enquête, aucun organisme étatique ou privé ne confirment ou infirment cette donnée, mais tout porte à croire que le phénomène est en nette évolution dans le pays, malgré toutes les campagnes de prévention et les mesures répressives décidées à son encontre. Et tant que la jeunesse algérienne subit les affres du chômage, les conflits sociaux et autres problèmes de société, il est difficile de croire en l'aboutissement d'une quelconque campagne, aussi importants soient les moyens mobilisés pour sa réussite. La réussite de la lutte contre la toxicomanie passe par une lutte efficace et urgente contre le chômage et la dégradation du cadre de vie. K. M.
La toxicomanie en chiffres Selon une enquête de la Forem réalisée en 2010, 23,20% de la population consomment de la drogue et 60% des chômeurs toxicomanes le font de façon permanente. 17,41% des étudiants et 4,5% des étudiantes en sont aussi consommateurs. La drogue la plus consommée est le cannabis, suivie à 22% de comprimés antidépresseurs et dérivés. Aussi, 73,50% des étudiants de l'USTHB ont eu l'occasion de prendre de la drogue sur 1 200 étudiants interrogés, 56% à la Faculté de droit de Ben Aknoun et 35% au niveau de la Faculté centrale.