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Rôle de l'université en matière d'innovation et développement territorial
Clusters et pôles de compétitivité
Publié dans La Tribune le 15 - 02 - 2012


Photo : S. Zoheir
Par le Professeur Farès Boubakour *
Dans un contexte marqué par la mondialisation, par la concurrence entre entreprises, entre territoires à toutes les échelles (nationale, régionale, continentale), et par une économie basée sur la connaissance en forte progression, les avantages compétitifs se construisent aujourd'hui, et de plus en plus, autour de la R&D (Recherche - Développement) et sur la capacité d'innovation des entreprises. Ainsi, en termes de stratégie industrielle et de développement territorial, sont apparues de nouvelles façons de faire que l'on appelle les clusters ou les pôles de compétitivité. En plus de la présence des entreprises, ces dispositifs impliquent fortement les pouvoirs publics et les territoires certes, mais ils impliquent surtout les universités, les laboratoires et les centres de recherche. Ce papier traite brièvement des clusters/pôles de compétitivité et du rôle que peuvent avoir les universités dans ces dispositifs.

Recherche, innovation et développement territorial : en un mot, quelle implication pour l'université ?
L'université a joué, partout et de tout temps, un rôle indéniable en matière de développement économique, social et culturel. Fondamentalement, le rôle de l'université est de travailler en permanence pour rendre accessibles les connaissances et les savoirs, de les partager, les exploiter, les combiner en vue de produire des connaissances nouvelles. Or, la production de connaissances nouvelles n'est possible que par des actions de recherche. L'université est ainsi appelée aussi à développer la recherche car c'est à travers la recherche que l'on aboutit à des innovations plus ou moins importantes. Les innovations lancent de nouveaux cycles de vie de produit ou de service, améliorent la productivité, renforcent la compétitivité, élargissent les marchés, etc. Plus globalement, l'innovation encourage la création de l'emploi, ou à défaut elle préserve les emplois existants. En boostant ainsi la croissance, l'innovation favorise le développement local et plus largement le développement économique et social des territoires. Si l'on se limite à l'aspect recherche, l'université peut être vue comme un véritable moteur de l'innovation et, par voie de conséquence, un outil de développement territorial. D'ailleurs, les expériences des clusters et des pôles de compétitivité confirment clairement cette relation entre l'université, les entreprises et les territoires.

Qu'est-ce qu'un cluster ? Qu'est-ce qu'un pôle de compétitivité ?
A quoi servent-ils ?
Le cluster est un concept qui couvre de nombreux domaines et différentes situations. Pour ce qui nous concerne présentement, nous considérerons le cluster dans le sens d'un lieu géographique où se concentrent des compétences et du savoir-faire de pointe. L'exemple le plus connu des clusters est celui de Silicon Valley aux USA. Selon ce modèle américain, les entreprises, l'université et les laboratoires de recherche sont sur le même lieu géographique, et tous les acteurs bénéficient ainsi d'un espace de mutualisation et de partage des savoirs et des compétences. Les clusters ne sont généralement pas loin des grandes universités. Les clusters de renommée aux USA sont à proximité des universités les plus prestigieuses :
- le cluster «Route 128» à Boston est à proximité de la MIT et de Harvard ;
- le cluster «Silicon Valley» est situé autour de l'université de Stanford en Californie.
Une implication totale des pouvoirs publics et un esprit entrepreneurial, associés à des niveaux de rémunération élevés, ont permis d'attirer aux USA un grand nombre d'ingénieurs et de scientifiques étrangers. Les USA sont devenus ainsi l'une des principales pépinières d'innovation au Monde . Au fil du temps, l'expérience des clusters américains est ainsi devenue un modèle de réussite.
S'inspirant de la réussite du modèle américain, la quasi-totalité des pays développés et un certain nombre de pays émergents ont construit des systèmes équivalents. Dans les pays émergents, on peut citer le célèbre cluster Bangalore en Inde. La France s'est dotée en 2005 des pôles de compétitivité. Le pôle de compétitivité est en quelque sorte le concept français équivalent du cluster. Le pôle de compétitivité est un rassemblement d'entreprises, d'universités, de centres de recherche et de laboratoires visant, à travers une démarche collective, à promouvoir l'innovation et le développement des marchés. Le pôle de compétitivité repose sur un partenariat actif entre les industriels, les centres de recherche et les organismes de formation initiale et continue. Le dispositif est complètement encadré par les pouvoirs publics soit directement par l'Etat soit par les collectivités territoriales.Les pôles de compétitivité français sont organisés par domaine (par spécialité en quelque sorte). En 2011, le nombre de pôles de compétitivité en France est de 71 pôles couvrant de nombreux domaines : nutrition, santé, transports, TIC, nanotechnologies, aéronautique, industries et agro-ressources, textiles, énergie, finance-innovation, biothérapie, Cancer, etc. Ces pôles peuvent se décliner en pôle à vocation mondiale ou pôle à vocation nationale. Si l'on prend un exemple d'un pôle de compétitivité type dans un domaine donné, l'on peut se rendre compte que ce dernier est en général constitué :
- de grandes entreprises (en moyenne une bonne dizaine) ;
- d'universités et de grandes écoles (en général une bonne dizaine d'institutions qui sont dans la région mais elles peuvent parfois être associées à d'autres établissements des autres régions mais qui sont dans tous les cas considérées comme un pôle de compétence ou d'excellence dans le domaine) ;
- les centres de recherche nationaux ou d'autres entités de recherche (laboratoires) ;
- des PME (parfois jusqu'à une bonne trentaine),
- puis enfin, d'autres partenaires qui peuvent être les chambres d'industries et commerces par exemple, etc.

Pour nous algériens, quels enseignements tirer de ces expériences ?
Toutes les études ont montré que l'expérience des clusters ou pôles de compétitivité est une expérience réussie dans pratiquement tous les pays du monde. Même si elle ne permet pas d'atteindre l'ensemble des objectifs (aboutir à des innovations majeures, par exemple), elle permet de dynamiser la recherche appliquée, de construire des projets collaboratifs, de rapprocher les entreprises des universités et, plus globalement, de mieux organiser et rationnaliser les investissements en matière de recherche dans le cadre d'un partenariat public /privé (PPP), etc. Nous pensons que l'Algérie gagnerait à construire une politique industrielle innovante basée sur des approches similaires. La construction d'une telle stratégie peut être vue comme une manière de contrecarrer la mondialisation mais aussi une façon de s'intégrer au marché mondial en mettant en place localement, suffisamment à l'avance, les dispositifs adéquats.Cette stratégie industrielle innovante conforte la stratégie industrielle déjà élaborée par les pouvoirs publics en intégrant davantage les universités et les centres de recherche selon les modèles des clusters et des pôles de compétitivité. Plus précisément, l'idée est de réfléchir à une démarche volontariste de type technopôle de Sidi Abdallah mais qui soit plutôt étendue à d'autres régions du territoire en fonction des spécialités et des pôles d'excellence ou compétences qui peuvent exister. A titre d'exemple, un cluster dans le domaine de l'électronique serait intéressant à promouvoir du côté de Bordj Bou Arreridj. Il est clair que des études approfondies préalables, et du cas par cas, sur les pôles de compétences recherche avérés et leur synergie et encrage avec le tissu des entreprises est particulièrement importante avant de passer à la mise en oeuvre. Il est important aussi que les mécanismes de management et de gouvernance à mettre en place dans les futurs pôles doivent permettre d'assurer un échange basé sur une logique gagnant/gagnant pour tous les acteurs au sein du cluster. Et enfin, les projets initiés doivent répondre à des besoins du marché national en priorité mais aussi pour le marché international si besoin est ; notamment dans le domaine des TIC, des logiciels et d'applications informatiques par exemple. Le lien entre le marché et la recherche appliquée/innovation est indispensable. Sans valorisation réelle, guère de pérennité.

Conclusion
L'Algérie a énormément investi ces dernières années dans les domaines prioritaires que sont : les infrastructures routières, le logement, la santé, l'eau, la recherche, etc. C'est bien. Il faut aller davantage de l'avant. Il est impératif de trouver les bons mécanismes devant dynamiser davantage les relations qui doivent exister entre l'université, les centres de recherche, les laboratoires de recherche et leur environnement socio-économique. En plus de sa mission de formation, l'université algérienne se doit, en matière de recherche appliquée, de s'adapter, de travailler autrement, de mieux communiquer et d'aller vers les entreprises. Pour ce faire, il est important, à ce niveau, que les pouvoirs publics mettent en place des cadres adaptés et facilitateurs pour tous les acteurs. Il existe des pôles d'excellence et des pôles de compétences ici et là dans notre pays, nous pouvons commencer avec minimum autour de laquelle on pourra construire une masse critique de cluster/pôle et le développer par la suite. En tout cas, cette expérience menée de par le monde a montré que tous les acteurs sont gagnants. Il arrive, il est vrai parfois, que des acteurs d'un cluster donné disparaissent, mais dans tous les cas, les acteurs qui restent sont plus forts. Nous pensons qu'une politique basée sur les clusters/pôles de compétitivité en Algérie mérite aujourd'hui réflexion.
F. B.
* Farès Boubakour est :
- Professeur d'économie à l'université de Batna.
- Directeur du laboratoire : Management-Transport-Logistique. Université de Batna.
- Responsable du master : Economie des transports et logistique. Faculté des sciences économiques et gestion. Université de Batna.
- Directeur de l''école doctorale : Economie appliquée et management des organisations". Université de Batna.
- Conseiller auprès du Recteur de l'université de Batna chargé des relations internationales.
Bibliographie indicative :
- BOUBAKOUR Farès : Support de cours du module : «Intelligence économique».
1ère année de doctorat (LMD). Spécialité Gestion de projet/GRH. Mars 2011.
- LARTIGUE Sylvie et SOULARD Odile : CLUSTERS MONDIAUX : «Regards croisés sur la théorie et la réalité des clusters. Identification et cartographie des principaux clusters internationaux». Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d'Ile-de-France. Janvier 2008.
- LEONETTI Xavier : «Intelligence territoriale : la suprématie américaine.» In «Problèmes économiques». Numéro 3025. Documentation française, août 2011. Page 25 à 32.
1)- Ce papier résume les grandes lignes de la conférence inaugurale présentée par Farès Boubakour à l'occasion de l'ouverture officielle de l'année universitaire 2011-2012 à l'université Hadj Lakhdar Batna.
2)- LEONETTI Xavier : «Intelligence territoriale: la suprématie américaine.» In, «Problèmes économiques». Numéro 3025. Documentation française, août 2011. Page 25 à 32.


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