Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
«La fonte de la neige révèle les méfaits d'avant », dit approximativement un proverbe kabyle pour expliquer qu'on ne peut pas cacher durablement les conséquences néfastes de nos actions. Dans ce contexte, les deux semaines d'intempéries qu'a connues la région de Kabylie en ce mois de février ont convaincu les plus têtus des défenseurs de la bonne tenue du développement de cette région abandonnée que beaucoup reste à faire pour sortir la population locale de la zone dangereuse dans laquelle elle patauge dans tous les domaines du développement humain. Pourtant, on n'a pas besoin d'experts en la matière pour se rendre compte que dans la plupart des secteurs importants de développement, on pourrait carrément soupçonner un plan de sous-développement de ces wilayas de Kabylie qui, par ailleurs, sont dotées de ressources naturelles et humaines indéniables qui ne demandent qu'un tout petit peu d'égard pour prendre le train de l'aisance économique et social. Après la population qui manifeste presque chaque jour sa colère de la mauvaise prise en charge de ses préoccupations rudimentaires sur les plans de l'assainissement, de raccordement aux réseaux de gaz et d'AEP et de bitumage des routes, les élus sans les moyens de base de répondre à la demande des électeurs ont maintes fois fait savoir aux autorités locales le marasme économique de la région qualifiant les directeurs de wilaya d'incompétents. Mais c'est surtout la réaction du wali de Tizi Ouzou par rapport au sujet de la consommation des budgets alloués qui retient aussi l'attention. Il y a seulement quelques semaines, le wali de Tizi Ouzou avait sévèrement attaqué, en séance plénière, des membres de son exécutif dans les secteurs relevant directement du développement local pour n'avoir pas consommé les budgets qui leur ont été alloués durant plusieurs exercices causant ainsi des dégâts énormes sur le plan de relance économique de la Kabylie. Il était question de l'évaluation des programmes de l'année 2010 et 2011 et de la notification des opérations retenues pour la nouvelle année 2012. «Il est inadmissible qu'une direction de wilaya ne soit pas arrivée à lancer au moins un projet en deux années», avait souligné le wali qui a minimisé les arguments de la rareté du foncier urbain et des oppositions de la population qu'avancent des directeurs de wilaya pour justifier les carences graves. Durant la même réunion, on a fait état de la situation inquiétante de l'avancement des projets en cours mais et surtout du taux de consommation des budgets alloués à la wilaya pendant les exercices précédents et celui en cours. Chiffres : sur les 48,7 milliards de dinars alloués pour la wilaya de Tizi Ouzou durant les deux précédents exercices, seulement 1,19 milliards de dinars ont été consommés, soit 2,45 %. Un taux qui équivaut à la fin 2011 à plus de 214 milliards non consommés sans compter les 12 milliards de dinars sur les 34,2 milliards de dinars alloués de l'année 2005. De quoi au moins faire partir tout l'exécutif de wilaya en place ! Globalement, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié dans le cadre du nouveau plan quinquennal 2010-2014 de 265,4 milliards de dinars. Ajouté à cette somme l'argent non consommé du programme précédent qui est de l'ordre de plus de 110 milliards de dinars. Cet argent visait essentiellement les secteurs de l'habitat, des travaux publics et de l'hydraulique. Il est aussi question de parachever les projets anciens et ceux prévus dans le programme actuel en rapport avec la construction de deux nouveaux barrages à Souk N'Tleta (Tadmaït) et Sidi Khelifa (Azeffoun), d'une voie qui relie la wilaya à l'autoroute Est-Ouest par les localités de Draâ Ben Khedda, Draâ El Mizan et la wilaya de Bouira, la finalisation du projet de modernisation de la voie ferrée Tizi Ouzou-Thenia-Alger, le dédoublement de la RN 12 Azazga 37,5 kilomètres, la réalisation d'un stade de 50 000 places à Boukhalfa, le centre de regroupement des équipes nationales à Aghribs (daira d'azeffoun), la pose de gazon pour six stades, la réalisation de cinq piscines, des salles omnisports, la rénovation des salles de cinéma, la réalisation d'une salle de spectacles de 3 000 places…etc.A signaler aussi que cette situation est intenable pour la population, d'autant que les retards dans la réalisation de projets pour cause de «contraintes» habituelles énoncées dans les bilans de l'exécutif ont un lien direct avec sa qualité de vie. Ainsi, les fiches techniques de PCD comptent en général des projets de premier ordre qui doivent êtres inscrits en priorité tels que l'assainissement, l'AEP, le gaz de ville, les pistes agricoles et les routes et l'éclairage public, selon des élus soucieux de leur base qui font, par ailleurs, état du faible taux d'approbation de leurs suggestions par les autorités. Toute une région à construire !