Les responsables repensent les méthodes d'urgence après les intempéries

Les lacunes sont nombreuses et les commodités absentes en zones vulnérables à Constantine

De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi

L'autre facette de la cité millénaire a été mise à nu. Après la neige le décompte ! Constantine a illustré ses déficiences se rapportant notamment à son développement local intra ou extra muros. Lequel développement est passé sous la loupe encore une fois avec les bidonvilles et habitations précaires où les maux des populations qui y habitent persistent. Absence de gaz de ville, réseau d'AEP défectueux et absence d'assainissement. Une configuration aggravée, en outre, par des imperfections enregistrées même au centre-ville puisque les fuites d'eau inondent les chaussées. A cet effet, le ton a été haussé à la wilaya la semaine passée, lors d'une entrevue entre le wali et tous les responsables des secteurs ayant pris part aux différentes interventions sur le terrain lors des dernières intempéries. Pointant du doigt la municipalité du chef-lieu pour avoir réagi «timidement» lors des tourmentes, M Bedoui, wali de Constantine, a exhorté les élus à élaborer un organigramme apte à entrer en action en cas d'urgence. Un modèle calqué sur l'organigramme du gouvernorat d'Alger est ainsi souhaitable. «Un schéma dynamique d'intervention dans des conditions exceptionnelles devra être élaboré par les responsables de la commune de Constantine». Telle a été, en substance, l'injonction du premier responsable de la ville qui a décelé «un service communal lent en différents secteurs urbains avec des réflexes mous quant aux interventions dans les intempéries». A vrai dire, la situation climatique de ce début de février aura mis à nu une gestion et un développement local qui battent de l'aile. Plusieurs foyers ont tiré la sonnette d'alarme sur leurs conditions de vie, difficiles et déplorables. Transport, eau potable, gaz naturel ou butane, routes, les lacunes sont nombreuses. Au chef-lieu, ce sont des infiltrations d'eau qui persistent et des tronçons routiers crevassés. Une nomenclature effective mais qui n'a semblé inquiéter les pouvoirs publics qu'à travers ce bilan négatif soutiré de la fonte des neiges. «On ne cesse de fustiger la municipalité mais on oublie que celle-ci dispose de moyens réduits pour pouvoir répondre à toutes les alertes activées dans les rues et ruelles et dans les domiciles» s'indignait un cadre. Un justificatif demeuré muet .Non valable: Si la Protection civile et les Travaux publics ont reçu des salutations de la part des citoyens et des autorités locales pour avoir investi le terrain neigeux et débloquer les routes, il n'en n'est pas de même pour les municipalités auxquelles on a reproché leur irresponsabilité car elles viennent confirmer leur fragilité en cas de détresse. Non pas seulement en matière d'intervention. En amont, le développement local reste pour certains observateurs à l'état embryonnaire dès lors que les éléments basiques d'un cadre de vie décent sont quasi absents dans quelques mechtas et localités. A ben Ziad, à Ain Abid, à Chaab Errssas,… «Comment peut-on apporter un soutien indéfectible aux populations et leur garantir un climat ambiant lorsque l'on sait que la municipalité de Constantine est déficitaire… ? » s'interroge un citoyen. Cette variation climatique semble être tombée à pic aux yeux des responsables appelés à se ressaisir et à réengager d'autres projets valables au niveau des régions précaires. D'ailleurs, c'est ce qui se tisse en premier lieu au niveau de la wilaya de Constantine qui évalue les désagréments causés à la population notamment celle vivant dans les hameaux excentrés. L'on évoque les faiblesses dans les interventions et l'on songe d'ores et déjà à y apporter un remède une fois que les modules inhérents à chaque secteur seront accordés selon une participation «collégiale» relevant de plusieurs services. La première action à entreprendre est d'entamer, d'urgence, des travaux de réhabilitation de certaines routes endommagées par les intempéries. Une opération qui sera chapeautée par les services des Travaux publics. Pour ce faire, la commune de Constantine devra finaliser une convention avec l'entreprise (EPTP), à travers un contrat programme en ayant pour objectif d'intervenir, de recenser tous les points noirs du réseau routier de la municipalité afin de le restaurer selon un planning préétabli. Le manque d'approvisionnement en gaz butane, autre tracas décelé à l'issue des intempéries, a été soulevé avec acuité au niveau local. « La nécessité de définir et d'actualiser le réseau de Naftal et de réajuster son programme de travail » étant une conclusion à laquelle est parvenu le Secrétaire général de wilaya, M Aziz Benyoucef, rappelant le rôle de la Gendarmerie nationale et des services des mines qui ont déployé beaucoup d'efforts pour approvisionner les foyers en bouteilles de gaz. Pour ce faire, le wali a sollicité les services de l'énergie et des mines pour établir un rapport détaillé avec des propositions concrètes en vue d'actualiser les points de vente de Naftal ; « La DEM devra proposer des emplacements de points de vente dans l'environnement immédiat des bidonvilles ». En somme, des mesures palliatives tombées dans l'urgence pour repenser le déficit avant de générer un large plan de développement dans les points névralgiques de la circonscription ayant eu à souffrir d'abondantes chutes de neige. Mechtas et communes, nouvelle ligne de mire des pouvoirs publics.

Le gaz de ville, talon d'Achille dans les espaces et agglomérations précaires ou dépourvus de plan de masse
La wilaya de Constantine aura connu, en matière d'énergie, une perturbation flagrante manifestée lors du grand froid. En dépit des efforts consentis, la demande en gaz exprimée par les habitants de bidonvilles et des agglomérations éparses est restée forte. «Nous n'avons pas vécu de pénurie mais nos prévisions ont été faussées quelque peu par le rush des éleveurs» souligne M Bouzidi, directeur de l'Energie et des mines. Toutefois, En matière de couverture en gaz de ville, la circonscription a atteint les 85 ,10% selon notre interlocuteur qui affirme : «D'ici 2014, la wilaya atteindra un taux de couverture estimé à 90% .15000 foyers dont 3000 au chef-lieu seront concernés par cette opération» Pour l'année 2011, les services ont assuré 15000 raccordements. La difficulté réside dans le fait qu'il existe des habitations éparses à travers toute la wilaya. Une situation qui contraint les services à surseoir à des raccordements jusqu'à atteindre au moins une dizaine par agglomération et ce pour minimiser le coût de «distribution et de réalisation» qui s'élève à 110milions de centimes pour chaque alimentation. Et ce n'est pas confirmé si l'on sait que certains sites sont à éradiquer dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. Au moins 35000 cas sont recensés à travers la wilaya. Un substitut visant à atténuer ce problème temporairement a été activé par les autorités locales en collaboration avec la DEM. Il s'agit de la réhabilitation des points de vente ordinaires (PVO) et structurés PVS. En sus, des opérateurs privés disposant d'aires de stockage à proximité des quartiers concernés pourraient bénéficier des souplesses administratives. Pour rappel, Constantine occupe une place honorable à l'échelle nationale en matière de couverture en énergie (gaz et électricité). Seule tuile : la prolifération des habitations éparses ne disposant d'aucun plan fiable handicape le travail des services techniques des Mines et les pousse ainsi à surseoir aux réalisations.