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Chkara, hêrgma et beggara
Publié dans La Tribune le 30 - 03 - 2012

Carnaval fi dachra. Politique-fiction de 1994, burlesque et prémonitoire. Superbe peinture des mœurs politiques algériennes, qui n'a pas pris une ride en 2012. Et si son corrosif réalisateur, Mohamed Oukaci, devait tourner son remake, le 10 mai prochain, il n'en changerait pas le scénario et le casting. Les législatives de mai, que le régime veut transformer en preuve électorale de sa volonté, de fer, jure-t-il, de ne plus être le disciple de Naegelen, sont, à plus d'un titre, plus cocasses ou plus ridicules que les personnages de Makhlouf El Bombardi et Mustapha Ghir Hak. Certes, les cabotins de Carnaval fi dachra ressemblent beaucoup aux bouffons politiques du jour. Mais, à maints égards, les loustics des partis, surtout des nouveaux, sont d'une aigre-douce désopilance. Les nouveaux Makhlouf El Bombardi sont impayables, inimitables et imbattables ! Grâce aux baladins et autres bateleurs de la cuvée politique 2012, l'Algérie a décroché la Palme d'or du farcesque, l'Ours d'argent de l'inédit et l'Oscar du guignolesque. Grâce à nombre d'aspirants à la députation parmi les 25 800 inscrits, l'Algérie est le seul pays au monde où les candidats mécontents de ne pas figurer sur les listes sont plus nombreux que les admis. Grâce à tous ces histrions du théâtre politique national, la RADP est la seule république au monde où l'on pratique le nomadisme politique et la transhumance électorale. Si je ne suis pas sur les listes du FLN, je vais alors au RND. Et, si nécessaire, à la vitesse turbo, au FNA, au FAN, au PJD ou au PLD, ou sous un autre turban politique, qu'importe alors le sigle. Certains partis sont devenus des biens habous, des PME ou des TPE familiales. Certaines formations, comme l'inimitable PJD de Djaballah, ne sont plus des S.A.R.L. familiales mais des S.A.I.I., des sociétés à irresponsabilité illimitée ! Avec tout le sérieux qui le caractérise, le cheikh, qui n'a pas dû trouver le mot népotisme dans l'encyclopédie linguistique Lissan al-Arab, a placé comme têtes de listes ou en position d'éligibilité, sa vénérable épouse, ses respectables cousins et ses estimables beaux-frères. Dans une touchante démonstration de tendresse conjugale, le Cheikh a défendu le choix de son épouse. Il a vanté publiquement les «compétences indéniables» de Fatma Djaballah. La conjointe chérie est une «savante, une militante et une prédicatrice» au long cours, qui prêche la bonne parole, celle du Divin et celle du tendre époux, depuis 1972. Remarquez, un islamiste qui fait une plaidoirie énamourée pour une épouse moutahaddjiba, dans une Algérie machiste, ça force le respect. Bravo l'artiste ! Le Cheikh a même inventé une théorie de justification, la théorie de «la loyauté et de la fidélité, garantes de la discipline du parti». On a compris : trahi systématiquement par ses proches, le Cheikh voit désormais des Brutus partout. On n'est donc jamais mieux servi que par soi-même. Surtout par les siens, à commencer par l'élue du cœur que l'on veut faire élire pour l'offrir à la République. Makhlouf El Bombardi n'a pas fait mieux ! Il y a aussi une grande Dame de la politique algérienne, la Rosa Luxembourg de Chekfa qui, elle, a inventé la fidélité partidaire, à la vie à la mort ! La Dame du PT a longtemps guerroyé contre le «nomadisme politique» dans les travées de la République et dans les colonnes des journaux. Notamment sur les pages d'une généreuse Tribune, bonne fille celle-là et militante en diable. La Dame aurait même voulu inscrire la fidélité politique dans le marbre de la future Constitution. A Akaber Ikheddamène, l'union politique est comme le mariage italien, naguère sans divorce. Pour le meilleur et le pire. Et le pire du pire, comme disait un autre cheikh islamiste, c'est la chkara des beggara qui pervertit la politique, instrumentalise les partis et prend en otage l'opération électorale. D'ailleurs, comme la législation est assez permissive et laxiste au sujet du financement des partis et des élections, les services de sécurité ont ces jours-ci un boulot monumental dont ils se seraient bien passés pour mieux se consacrer à AQMI et au MUJAO. Nos Rouletabille et autres Derrick enquêtent tous azimuts sur les mouvements de chkara de dinars qui s'échangent sous le tapis et le kamis. Il y a même un certain FNA qui a inventé la dot électorale. Comme dans les mariages chrétiens, chaque prétendant à l'inscription sur une liste électorale doit payer une sorte de ticket d'entrée, dont le montant est proportionnel au nombre de circonscriptions par wilaya et la position d'éligibilité sur les listes. Ailleurs où ce n'est pas meilleur, on a noté la création de représentations régionales ou locales spontanées, installées à l'insu des directions nationales qui sont mises ainsi devant le hold-up politique accompli. Les cas ne sont pas rares dans une gigantesque course à la hêrgma électorale. Ici ou là, le mandat de député rêvé est perçu comme le sésame d'Ali Baba pour obtenir un maroquin ministériel et accéder à la caverne des prébendes. Dans ce Carnaval fi dachra en 2012, il y a même des femmes «redresseuses» comme il y en a eu au FLN, inventeur du «redressement» depuis le Congrès de la Soummam. Cette fois-ci, c'est le RND qui est menacé d'être redressé. La redresseuse, la patronne de l'UNFA.
La dame a juré de virer du parti Ahmed Ouyahya qui l'a virée de son BP. En 2012, dans le Carnaval fi dachra, la politique, c'est le triptyque chkara – hêrgma - beggara. Alliance halal du sac en plastique de dinars et des vachers de la politique rassemblés pour une hêrgma, une immense bouffe électoraliste.
N. K.


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