Il ne faut surtout pas tomber malade en Algérie au risque de se retrouver livré à soi-même, ballotté d'un service à un autre. Voilà une phrase qui revient souvent dans la bouche des Algériens. Du moins, ceux qui ne disposent pas de moyens pour aller se faire soigner dans des cliniques privées. Dans les hôpitaux publics, la situation ne cesse d'empirer d'année en année. Malgré le budget faramineux de plus de 4 milliards d'euros dont bénéficie le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, les moyens font cruellement défaut dans les hôpitaux publics. Ces derniers ne disposent pas du matériel nécessaire pour la bonne prise en charge des malades, la majorité des équipements médicaux dans les structures sanitaires et les CHU étant en panne. Dans les hôpitaux publics, il n'y a pas un mammographe ou un scanner qui fonctionne normalement. Dans certains cas, le matériel médical excessivement cher est bloqué dans des cartons, faute de personnel qualifié ou formé pour sa manipulation. Les hôpitaux souffrent de dysfonctionnements graves. La plupart des structures sont gérées par des administrateurs, et non pas les professionnels du secteur. Solliciter une ambulance pour un transfert de malade d'un hôpital à un autre relève le plus souvent du parcours du combattant. Services surchargés, personnel médical et paramédical débordé, aboutissent souvent à des négligences, voire à des pertes de vie. Un citoyen nous raconte sa mésaventure : «A deux reprises, j'ai du transférer deux malades en urgence de l'hôpital de Rouiba vers l'hôpital Z'mirli, l'un avait un AVC et l'autre un traumatisme crânien, mais ils n'ont pas pu être admis faute de place, m'a-t-on répondu», déplore notre interlocuteur exaspéré, qui ajoute, qu'il a été «obligé de les retransférer à nouveau à l'hôpital de Rouiba dans un état comateux». Ce ne sont pas des cas isolés. Dans les maternités, la situation est catastrophique. Les parturientes sont contraintes de se partager la chambre à six et même les lits. Certaines sont mêmes allongées à même le sol, dans des conditions d'hygiène lamentables. A Alger comme ailleurs, les exemples ne manquent pas. Services surchargés, personnels médical et paramédical débordés aboutissent souvent à des négligences, voire à des pertes de vie. Durant le week-end, les jours fériés et en période de congé, il ne faut pas trop compter sur une prise en charge, car la majorité des structures hospitalières se retrouvent désertées par le personnel soignant. Des CHU où l'on déplore le manque criard de moyens, où même le matériel de base fait défaut. C'est le cas notamment des CHU de Bab El Oued, de Mustapha Pacha, de Béni Messous. Les hôpitaux publics sont devenus de vrais mouroirs. Ils sont loin de remplir leur mission initiale qui est celle de soulager le malade et de sauver des vies. Les praticiens de la santé qui ont fait le serment d'Hippocrate sont tenus de le respecter et de faire preuve de dévouement et d'humanisme.