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Le visage hideux du colonialisme français
De l'expédition punitive à la conquête
Publié dans La Tribune le 31 - 10 - 2012

Les horreurs de la France en Afrique au nom de sa civilisation, dépossession, déportation, génocides, meurtres, humiliation, viols…et tant d'autres affres, ne sont méconnus aujourd'hui de personne. Ceux qui l'ont pratiqué n'ignorent rien. Ceux qui l'ont subi n'ont rien oublié. Ceux qui ne l'ont pas vécu, dans un camp ou dans un autre, doivent savoir de quoi il en retournait réellement.
Pour les Algériens tout a commencé un sinistre 5 juillet 1830. Le dernier Dey d'Alger signe la capitulation des Ottomans. Alger, et par ricochet toute l'Algérie, est livrée à ses nouveaux occupants. C'est le début d'une longue nuit coloniale. «La liberté des habitants de toutes les classes, leur religion, leurs propriétés, leur industrie ne recevront aucune atteinte (...) Le général en chef en prend l'engagement sur l'honneur.», avait signé noir sur blanc le Général de Bourmont, Chef des armées françaises qui ont défaits le Dey Hussein.
«Les propriétés des habitants ne recevront aucune atteinte... », tel était l'engagement solennel qu'avait pris la France, le 5 juillet 1830, en entrant à Alger. Comment cet engagement fut-il tenu, et comment la Marianne a révélé son autre visage aux Algériens ? La capitulation du Dey d'Alger ne signifiait pas la capitulation des Algériens. Restait aux armées françaises la conquête de l'Algérie. L'expédition punitive tourna rapidement à une guerre de colonisation. Cela allait demander aux colonisateurs près d'un demi-siècle. De 1830 à 1871, sous cinq régimes différents, depuis la restauration jusqu'à la Troisième République, en passant par Louis-Philippe, la République et l'Empire, la bourgeoisie française va poursuivre la conquête de ce territoire à peine peuplé de cinq millions d'habitants. Près de cinquante ans de combats, de meurtres et de pillages. Un demi-siècle pendant lequel, telle région qu'on avait hier «pacifiée» se soulevait à nouveau et devait être «pacifiée» à nouveau, à coup de «razzia» et de massacres. Cinquante ans pour cinq millions d'habitants !
Cinquante ans de guerre entre un peuple dépourvu de toute organisation matérielle moderne et une armée française, alors, sans conteste, la première armée d'Europe. L'armée qui était, hier, celle de Napoléon et qui sera encore celle de Sébastopol et de Magenta menait une guerre sans merci contre un peuple qui refusait de se soumettre.
«Les villes indigènes ont été envahies, bouleversées, saccagées par notre administration plus encore que par nos armes. Un grand nombre de propriétés individuelles ont été, en pleine paix, ravagées, dénaturées, détruites. Une multitude de titres que nous nous étions fait livrer pour les vérifier n'ont jamais été rendus.
Dans les environs même d'Alger, des terres très fertiles ont été arrachées des mains des Arabes et données à des Européens qui, ne pouvant ou ne voulant pas les cultiver eux-mêmes, les ont louées à ces mêmes indigènes qui sont ainsi devenus les simples fermiers du domaine qui appartenait à leurs pères. Ailleurs, des tribus ou des fractions de tribus qui ne nous avaient pas été hostiles, bien plus, qui avaient combattu avec nous et quelquefois sans nous, ont été poussées hors de leur territoire. On a accepté d'elles des conditions qu'on n'a pas tenues, on a promis des indemnités qu'on n'a pas payées, laissant ainsi en souffrance notre honneur plus encore que les intérêts de ces indigènes», notait Alexis de Tocquville dans son rapport sur le projet de loi relatif aux crédits extraordinaires demandés pour l'Algérie en 1847. C'est ainsi que commença la conquête. L'expédition coloniale. En un an, sur trois points différents, trois colonels français, Cavaignac, Pélissier, Saint-Arnaud, firent périr trois tribus réfugiées dans des grottes en les brûlant et les asphyxiant vives. Trois tribus complètes : hommes, femmes, enfants.
De ces trois «enfumades», la plus connue, longtemps la seule connue, est la seconde, celle commise par Pélissier, parce qu'elle donna lieu à une interpellation du prince de la Moskowa, le fils de Ney, à la Chambre des Pairs. Le 19 juin 1845, la tribu des Ouled Riah, chassée de ses villages par l'une de ces colonnes incendiaires dont nous avons vu la description chez Saint-Arnaud, se réfugie dans les grottes, toute la tribu, troupeaux compris. La colonne commandée par Pélissier l'y poursuit et la somme de sortir. Celle-ci accepte : elle est même prête à verser comme rançon une importante somme d'argent et pose donc une seule condition : que les troupes françaises se retirent. Pélissier refuse. Puis, à trois heures de l'après-midi, il fait allumer, à chaque entrée des grottes, de vastes feux, qu'on alimentera et attisera sans répit tout le restant de la journée et toute la nuit, jusqu'à une heure avant le lever du jour. On achevait ainsi des tribus entières Les autres enfumades n'en furent pas moins atroces.
«Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards», ordonnait Bugeaud, Duc d'Isly, Gouverneur général d'Algérie, à ses généraux. En effet, l'année précédente, Cavaignac, futur gouverneur général de la République en Algérie, avait, lui aussi, le premier, enfumé «comme des renards» des Sbéhas réfugiés dans des grottes, «tribu vaincu», «tribu sans défense».
Et deux mois après Pélissier, le 12 août 1845, Saint-Arnaud à son tour, près de Ténès, transformait d'autres grottes en «un vaste cimetière».
En 1848, l'Algérie est proclamée territoire français et divisée en trois départements. Les colons constituent une élite privilégiée, qui développe de grands domaines produisant du vin et des agrumes commercialisés en France. Si certains Européens bâtissent de véritables fortunes, la majorité des colons est constituée de fonctionnaires, de petits exploitants agricoles et de commerçants. Après la révolution de 1848 puis au lendemain de la Commune de Paris, des opposants politiques sont déportés en Algérie, venant grossir les rangs des colons.
Sur le plan administratif, les colonisateurs de l'Algérie, les Français, hésitent entre une politique d'assimilation et des mesures visant à préserver l'autonomie de la colonie, sans vraiment réussir à trouver de solution viable. Instrument de l'assimilation, le décret Crémieux de 1870 accorde la citoyenneté française aux 32 000 Juifs d'Algérie, puis en 1889 la loi de naturalisation des enfants nés en territoire français permet l'accroissement rapide de la population non musulmane.
À partir de 1881, on tente une gestion directe de l'Algérie depuis les ministères parisiens. Des politiques qui aggravent le sort des populations arabes, ignorées par les législateurs.
Le pays demeure fort peu industrialisé. La population algérienne, évaluée à 5 millions d'habitants à peine en 1830, est estimée à près de 10 millions en 1954, dont 1 million d'Européens.
Les colonialistes français considéraient les Algériens comme des êtres humains de seconde catégorie.
Des “indigènes”. Et du coup, ils ont mis en place un système basé sur la répression et la violence.
La campagne d'assimilation culturelle avait pour but de détruire l'identité nationale et le patrimoine culturel des habitants.
Les célébrations de la fin de la seconde Guerre mondiale révélèrent une fois de plus le vrai visage de la Marianne.
La grande foule qui défilait dans les rues de Sétif brandissait un drapeau algérien en ce triste 8 mai 1945. La France a décidé de recourir à la force contre ceux qui ont contribué à sa libération du nazisme. Les soldats français ont tiré au hasard sur des civils. Selon le consul américain, il y aurait eu 45 000 musulmans morts durant le massacre qui a suivi. Ces massacres de Sétif Guelma et Kherata, avaient été suivis par d'autres actes répressifs perpétrés par les Français.
Toute activité politique était interdite. Des milliers d'Algériens ont été arrêtés sans raison. Les Algériens venaient de prendre conscience d'une autre facette de la cruauté exercée par la puissance coloniale.
On ne pouvait plus rester sous son joug. La guerre de libération creusait son chemin dans les esprits des nationalises algériens.
Et c'était loin d'être la fin des malheurs des Algériens.
Ces derniers, connaitront davantage le visage hideux du colonialisme français. La France n'avait nullement l'intention d'abandonner l'Algérie et ses richesses, notamment les réserves de pétrole et de gaz naturel.
Les colons n'entendaient pas restituer aux autochtones les terres qu'ils avaient arrachées à leurs ancêtres. «Les Français d'Algérie n'attendent guère autre chose de la métropole que le maintien pur et simple de leurs privilèges établis par la force et maintenus par des techniques policières, y compris éventuellement par la torture. “Pour l'Afrique du Nord, c'est l'heure du gendarme”, écrivait l'Echo d'Alger, principal organe des colons, après le début d'insurrection du 8 mai 1945, qui fut d'ailleurs réprimée selon leurs désirs. Au besoin, dans la mesure où ils se sentent aptes à faire leur police eux-mêmes, ils se passeraient volontiers de la métropole. Certains d'entre eux, et non des moindres, ont à plusieurs reprises menacé de former un Etat indépendant. Cette tentation se retrouvera à la fin de la guerre d'Algérie pendant la période O. A. S.», souligne l'historien Pierre Vidal-Naquet dans son livre La torture dans la République.
Loin d'être la mission civilisatrice à laquelle on veut nous faire croire aujourd'hui, les bourreaux d'hier, impunis à ce jour, ne parviendront pas à faire oublier les atrocités de leur présence en Algérie. Ils ne parviendront pas à faire effacer leurs crimes en faisant croire qu'ils firent œuvre utile en Algérie. «Ce qui reste de la France en Algérie ? D'abord quelques faits historiques qui ont durablement marqué la conscience collective. Il y eut d'abord le choc du débarquement, en 1830, lorsque les tribus algériennes, qui sommeillaient derrière le bras fallacieusement protecteur de la Sublime Porte, durent se réveiller pour affronter l'une des plus formidables armées du monde, encadrée par un corps d'officiers parfaitement aguerris par les campagnes napoléoniennes. On n'allait pas non plus oublier la férocité de la conquête, avec les exécutions collectives, les enfumades de réfugiés dans les grottes, les incendies des champs de blé et l'abattage systématique des troupeaux de bétail», répondait en 1991 l'écrivain Rachid Mimouni aux adeptes de la mission civilisatrice française.
Les Algériens en gardent les séquelles dans leurs chaires et la transmettent de génération en génération.
G. H.


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