Poursuivant ses actions d'information et de sensibilisation, l'association Nour Doha d'aide aux personnes atteintes de cancer, a organisé, jeudi dernier, à l'hôtel Dar Diaf, une rencontre scientifique, sur le mélanome, l'un des cancers de la peau les plus redoutables. Destinée à une cinquantaine de médecins généralistes, cette rencontre a été animée par un panel de médecins spécialistes et les membres du comité scientifique de l'association. Pour les intervenants, «bien comprendre le mélanome, c'est mieux le prendre en charge». Il faut dire que le cancer de la peau a connu une augmentation importante depuis 20 ans. Cette augmentation est directement en relation avec l'exposition excessive au soleil, estiment les spécialistes. L'incidence du mélanome et des autres cancers cutanés a augmenté au cours des dernières décennies. A l'heure actuelle, entre 2 et 3 millions de cancers cutanés non mélanocytaires et 132 000 mélanomes malins sont enregistrés chaque année dans le monde. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer de la peau est responsable de 66 000 décès par an dans le monde, dont environ 80% sont dus à des mélanomes. Plus de la moitié des patients ont moins de 59 ans. Le mélanome est le plus agressif des cancers de la peau car il a tendance à métastaser tôt dans son évolution, c'est-à-dire à envoyer des cellules cancéreuses vers d'autres organes (poumon, os, rein, cerveau…). Ce cancer se développe à partir de cellules qui s'appellent les mélanocytes, celles qui contiennent des pigments (mélanine) donnant la coloration plus ou moins foncée et orangée à la peau, et qui sont responsables du bronzage. La pigmentation de la peau et la réaction à l'ensoleillement constituent deux facteurs de risque importants et clairement établis par les études épidémiologiques dans la survenue de ce cancer. Cette maladie se présente habituellement sous la forme d'une tache pigmentée, brune ou noire plate. Il faut savoir que dans 15 à 20 % des cas, il apparaît au niveau d'un grain de beauté dont l'aspect se modifie. S'exprimant à ce sujet, le docteur Salah Dilem, du Cpmc et président du conseil scientifique de l'Association Doha a mis l'accent sur la prévention de cette maladie. Selon lui, le dépistage précoce est l'un des atouts majeurs dans le traitement du mélanome. Ainsi, explique t-il, «le traitement est très satisfaisant lorsque le diagnostic de la maladie est précoce». D'où l'importance de sensibiliser et d'informer sur les signes suspects qui doivent inciter à consulter un médecin. Ainsi, un grain de beauté ou une lésion pigmentée qui se modifie, une lésion cutanée qui apparaît brutalement, qui ne cicatrise pas rapidement, sont autant de signes d'alerte qui doivent inquiéter. Les spécialistes préviennent : l'exposition des enfants au soleil, de façon intermittente et intensive, pendant les mois d'été, entraîne des lésions cellulaires irréversibles qui peuvent évoluer vers un mélanome à l'âge adulte. Ainsi, après une année d'intenses activités et de rencontres au cours desquelles elle s'est penchée sur différents types de cancers, l'association Nour Doha clôture l'année 2012 par une journée sur le mélanome, sa prévention et sa prise en charge. «Nous avons organisé, tout au long de l'année, différentes manifestations axées notamment le cancer du sein, des ovaires, du col de l'utérus, le lymphome, le cancer des poumons», a indiqué Mme Samia Gasmi, présidente de l'association. «Nous avons également sillonné, en collaboration avec des médecins spécialistes multidisciplinaires, les régions les plus éloignées, notamment les localités de l'extrême sud du pays», ajoute-t-elle. Des centaines de consultations ont été initiées, à Souk Ahras, Batna, Timimoun, Djanet, Illizi, In Amenas et les autres régions enclavées, en sus d'actions caritatives. De même, l'association dispose d'une maison d'accueil à Belouizdad pour héberger les malades et les gardes-malades qui viennent de loin. Depuis sa création Nour Doha milite pour une meilleure prise en charge et un meilleur accès aux soins. A. B.
Les centres de radiothérapie, toujours pas opérationnels Malgré les promesses des pouvoirs publics, les personnes atteintes de cancer sont toujours confrontées à un manque de médicaments et d'équipements de radiothérapie, déplore la présidente de Nour Doha. «La situation ne cesse de s'aggraver. Des milliers de malades n'ont pas accès à la radiothérapie, ce qui compromet sérieusement leurs chances de survie. Les rendez-vous sont de plus en plus éloignés, face au manque terrible de centres de radiothérapie fonctionnels», regrette t-elle. «La majorité de ces centres n'est pas opérationnelle. Des perturbations sont également constatées dans les traitements en chimiothérapie, c'est le cas notamment à Mascara», dénonce Mme Gasmi. Elle décrit une situation des plus catastrophiques. Le service de radiothérapie du Cpmc est saturé et le Centre de Blida, qui accueille des malades des quatre coins du pays est complètement surchargé. Les malades sont abandonnés à leur triste sort. «J'interpelle le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, pour la prise en charge urgente des malades qui souffrent de cancer. Leur état ne leur permet pas d'attendre des mois avant de recevoir un traitement». La présidente de Nour Doha a, par ailleurs, mis l'accent sur l'absence d'unités d'hématologie à Mostaganem, ce qui oblige les malades à se déplacer jusqu'à Oran pour des soins. A. B.
