L'Algérie a lancé un programme de villes nouvelles pour soulager la capitale de la pression qui la caractérise ces dernières années. Parmi elles, Sidi Abdallah et Bouhezoul, conçues dans un style moderne où toutes les commodités sont mises en place pour attirer les populations. Tous les moyens sont mobilisés pour faire émerger ces nouveaux pôles, qui tardent quand même à voir le jour. Plus d'une dizaine d'années depuis que ces projets ont été annoncés, voilà qu'ils commencent à se concrétiser, mais timidement. Le projet des villes nouvelles s'inscrit dans le cadre d'une politique urbaine et d'aménagement du territoire qui a pour objectif de limiter l'hyper concentration humaine dans la capitale, génératrice de difficultés de gestion urbaine (réseaux, équipement, circulation), et de mettre un terme à l'extension permanente de la ville, souvent au détriment des meilleures terres agricoles de la région. Il s'agit d'un pôle urbain complet, capable de participer au fonctionnement économique du potentiel métropolitain et de prendre en charge toutes les dimensions (économiques, sociales et résidentielles) complémentaires à celles d'Alger. Pour mener à bien le développement de la ville nouvelle, les pouvoirs publics ont créé, en 1997, l'Etablissement public d'aménagement de l'agglomération nouvelle de Sidi Abdallah (EPA-Ansa), chargé, par délégation, d'aménager ce site et d'encadrer la réalisation des programmes publics et privés, à savoir 30 000 logements, 4 zones d'activité et équipement d'accompagnement, et un parc urbain de 150 ha. Cette démarche est également celle qui devrait s'appliquer au projet de villes nouvelles de Bouinan, de Boughzoul, et d'El Ménéa. Le projet de ville nouvelle de Sidi Abdellah, située à 25 km à l'ouest d'Alger, sera implanté sur 2 000 ha, formés d'un paysage «collinaire» très calme et agréable. Il dispose de vues imprenables (versant sud sur les montagnes, versant nord sur la mer) et est à proximité immédiate des villes de Mahelma et Rahmania. Ce projet répond au concept de développement durable, ce qui fait que la conception de la ville obéit à une haute qualité environnementale. Préservation des ressources, optimisation de la gestion de l'eau pluviale (retenues collinaires, bassins d'eau…), traitement et réutilisation des eaux usées, tri sélectif et stockage contrôlé des ordures ménagères et déchets solides (déchèteries, recyclage avec production énergétique), seront ainsi pris en considération. La conception de cette ville nouvelle, des plans de masse de quartiers aux voiries, est faite en favorisant les modes de déplacements doux, voies piétonnes, places publiques, tout en permettant des accès spécifiques, tant pour la sécurité que pour les services. Un réseau de transports en commun est à l'étude pour rallier Alger et ses environs, tant par la route que par le rail. Pour éviter toute pollution, comme c'est le cas à Alger, des zones vertes de transition entourent la périphérie des quartiers d'habitat et d'activité, de même qu'une sélection des activités non polluantes est prévue dans les règlements et cahiers des charges de toutes les zones. La ville nouvelle de Sidi Abdellah sera un modèle pour le développement durable, puisque, prise dans son ensemble, elle offrira à terme un tissu urbain aéré, modèle pour le cadre de vie. Sa conception réserve près de 25 % de sa superficie aux espaces verts, avec ses zones d'activité localisée en périphérie. Elle offre un environnement de qualité : un cadre de vie harmonieux, associant habitations, éducation, loisirs et emplois, qui aura des impacts positifs sur tous les aspects de la vie quotidienne. L'architecture sera méditerranéenne, avec une économie ouverte aux investisseurs algériens et étrangers. La nouvelle ville de Sidi Abdellah a déjà vu son cyber parc implanté où des start-up ont d'ores et déjà commencé à exercer leur activité. Bientôt seront lancés, sur ce site, les projets Aadl, avec 5 000 logements qui seront construits. Des ensembles d'habitation intégrés, où toutes les infrastructures nécessaires à la vie de tous les jours seront érigées.
Une centrale hybride à Boughezoul Par ailleurs, la ville nouvelle de Boughezoul, implantée dans la wilaya de Médéa, est déjà lancée en infrastructures de base, qui ont déjà atteint un taux de 70% en réalisation, selon les déclarations, à l'agence APS, de ses responsables. Il s'agit des réseaux routiers, d'assainissement des eaux pluviales et usées, et d'alimentation en eau potable : «Les galeries techniques en béton destinées à accueillir l'électricité, les câbles de télécommunication, et les tuyaux d'approvisionnement en eau potable sont réalisées dans leur totalité sur une distance de 19 km.» Par ailleurs, «la réalisation des conduites d'eau reliant le barrage de Koudiat Acerdoune (wilaya de Bouira) et cette ville nouvelle, sur une distance de 196 km, est achevée, et les travaux de réalisation des ouvrages de montage ont déjà commencé en collaboration avec le ministère des Ressources en Eaux», selon la même source. La ville nouvelle de Boughezoul, qui s'étend sur une surface globale de 6 000 ha, dont 4 000 ha urbanisables, sera dotée d'un périmètre de protection de 12 000 ha. Le nombre d'habitants prévu est de 350 000. Elle sera, tout comme Sidi Abdellah, «un pôle de développement équilibré des Hauts-Plateaux, de compétitivité et d'excellence, et une ville de haute qualité environnementale». De nombreux programmes d'habitat et d'équipement seront également implantés sur ce site. En tout et pour tout, cette ville assurera huit fonctions principales, à savoir l'habitat, l'enseignement et la recherche, le développement des énergies renouvelables, les activités industrielles, la logistique administrative, les services, le commerce, le tourisme et loisirs, l'agriculture et l'agro-industrie. Une ceinture verte urbaine de 300 à 500 m de largeur entoure le périmètre de la ville, et 12 000 ha en extramuros prévus en forestation pour la création d'un micro climat et la lutte contre la désertification. Il va sans dire que les énergies renouvelables auront largement leur place dans cette ville. Une centrale hybride, solaire et éolienne y sera implantée sur 45 ha à l'est de la ville, prévue dans le programme d'aménagement, qui envisage également l'installation des équipements de production des énergies renouvelables au niveau de l'ensemble des équipements publics, l'introduction de l'énergie solaire dans les espaces communautaires (parcs, parkings etc.) et l'éclairage public, ainsi que la généralisation de l'alimentation par l'énergie renouvelable aux bâtiments à usage d'habitation. Un projet de partenariat avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) et le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a été signé en 2011, dont l'objectif est de faire de Boughezoul la première ville à «faible émission de carbone». Si ces nouvelles villes sont réalisées dans le style annoncé, beaucoup de citoyens préfèreront s'y rendre pour habiter loin du brouhaha de la capitale, asphyxiée par le nombre impressionnant de ses habitants et par les embouteillages au quotidien. B. A.
