Le Festival national de la production théâtrale féminine de Annaba, qui en est à sa deuxième édition, est l'occasion rêvée pour parler de la place de la femme dans l'art en général et au théâtre en particulier. Aussi, les participants à ce rendez-vous très particulier du 4e art qu'organise et accueille, jusqu'au 7 mars prochain, le Théâtre régional Azzedine-Medjoubi d'Annaba, ont-ils mis à profit cette opportunité pour appeler toutes les comédiennes à consigner leurs itinéraires artistiques dans des mémoires, qui, comme leur nom l'indique, permettront de préserver cette page de l'histoire du théâtre algérien. Avec sa conférence «La femme en 50 ans de pratique théâtrale en Algérie», l'universitaire Djamila Mostefa-Sekai, d'Oran, a ouvert des voies de réflexions qu'emprunteront certains présents pour conclure que «seule l'écriture est à même de mettre à l'abri des vicissitudes du temps le patrimoine culturel et artistique de la femme algérienne». A ce propos, ils estimeront que les autobiographies «peuvent constituer une précieuse banque de données pour contribuer à l'écriture de l'histoire du théâtre national féminin et son apport au recouvrement de l'indépendance du pays». Djamila Mostefa-Sekai avait, auparavant, évoqué quelques grands noms de femmes comédiennes qui ont fait la gloire du théâtre national, et souligné leur contribution à l'enrichissement de l'expérience théâtrale en Algérie. L'universitaire ne manquera pas d'aborder le rôle avant-gardiste des pionniers du théâtre national, à l'image de Mahieddine Bachtarzi et de Mostefa Kateb, qui avaient encouragé de nombreuses jeunes artistes à investir les planches -à l'époque, être artiste pouvait valoir à une femme l'exclusion sociale, voire son reniement par sa famille-, et, parce qu'ils connaissaient ces «interdits» sociaux, ont soutenu les jeunes comédiennes dans leur «aventure» -et s'en était une- théâtrale. La conférencière s'est également arrêtée sur les appels qu'avaient adressés le Parti du peuple algérien (PPA) et le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld) aux femmes artistes, les invitant à combattre le colonialisme avec «d'autres armes que le fusil». R. C.