«Si la grève que nous observons depuis une semaine (elle arrive à son terme aujourd'hui jeudi, Ndlr) ne convainc pas nos dirigeants à ouvrir les portes des négociations et du dialogue, nous irons à Alger et organiserons un sit-in devant le siège de l'Ugta ou le SGP.» C'est la menace que les travailleurs grévistes de l'Entreprise nationale de distribution des médicaments (Endimed) ont proféré, mardi dernier, veille de la fête des travailleurs, par la voix de leurs représentants syndicaux de l'unité d'Oran. «La situation n'a que trop duré et nous ne pouvons plus accepter ce refus d'étudier nos doléances», a certifié Mourad Bendeha, SG de la section syndicale en soulignant «la légitimité des revendications», une dizaine au total, dont les plus importantes sont la revalorisation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la réactivation de la convention collective et de la couverture sociale : «Nous travaillons dans des conditions déplorables et il est urgent que les autorités concernées se penchent sur le dossier Endimed», conclue-t-on chez des grévistes manifestement très touchés par ce «silence méprisant». Du reste, les travailleurs d'Endimed (le mouvement de grève serait suivi partiellement dans d'autres wilayas comme Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès et Béchar) réclament le règlement définitif de la situation incertaine que vit l'entreprise depuis sa dissolution programmée en 2010, dans le sillage de Digromed : «D'un côté Endimed n'a pas été dissoute et, de l'autre, le quotidien des travailleurs n'a pas évolué. C'est le statu quo», rappelle-ton encore en appelant, encore une fois, à l'ouverture d'une «enquête indépendante sur la mauvaise gestion» de cette entreprise qui, il n'y a pas si longtemps, comptait parmi les meilleures en termes de chiffres d'affaires. Pour la section syndicale, il ne fait aucun doute que la décision de dissoudre l'entreprise cinquantenaire répond au souci «d'échapper à d'éventuels bilans et évaluations qui lèveraient le voile sur des détournements de deniers publics (…)», comme cela a été écrit dans la lettre datée du 14 mars dernier, adressée à l'instance suprême du pays. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République au lendemain de l'annonce de la dissolution, les travailleurs d'Endimed avaient, pour rappel, affirmé que la gestion de l'entreprise était positive, que les obligations de résultats étaient régulièrement atteintes par les agents, et appelé le premier magistrat à surseoir à une dissolution qui ne servirait personne - surtout pas les 2 000 travailleurs - convaincus que l'entreprise publique pouvait encore, sous certaines conditions, jouer un rôle dans le marché du médicament. S. O. A.