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La famille de Mohamed Khemisti réclame l'accès aux archives de la police Cinquante ans après l'assassinat du premier ministre algérien des Affaires étrangères
La famille de Mohamed Khemisti qui commémore, ce début mai, le cinquantième anniversaire de l'assassinat du premier ministre des Affaires étrangères de l'Algérie indépendante, continue de réfuter la thèse de l'acte isolé et de s'interroger sur les circonstances réelles qui ont conduit à ce lâche assassinat. Pour la veuve du défunt, Mme Mechiche, ses neveux et nièces, le mystère demeure entier : «Les doutes sur la version retenue et livrée à l'opinion par les autorités de l'époque sont absolus. La thèse de l'acte individuel puis celle du ‘'suicide'' de l'assassin, dans sa geôle de la prison d'El Harrach, le 20 Juin 1965, le lendemain du coup d'Etat qui a renversé Ben Bella, ne sont pas crédibles», peut-on lire dans le communiqué que la famille du défunt a transmis à la presse à la veille de cette commémoration. Confiants que la «vérité sur ce meurtre éclatera un jour», les rédacteurs du document appellent à l'ouverture des archives de la police et de la justice pour lever le voile sur ce drame qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Pour rappel, le jeudi 11 avril 1963, le fringant ministre, âgé de seulement 33 ans, venait de quitter l'Assemblée nationale où il avait participé à une réunion sur le budget, quand il reçut plusieurs balles tirées par un certain Mohamed Zenadi qui -l'enquête devait le déterminer plus tard- était journaliste au quotidien le Peuple. Grièvement touché, il a été immédiatement transporté à l'hôpital où il a lutté contre la mort pendant trois semaines. Son décès, officiellement constaté le 4 mai, a provoqué l'indignation et l'émoi des Algériens (ils seront des dizaines de milliers à l'accompagner à sa dernière demeure) pour la perte brutale d'un brillant ministre, dix mois après l'accession du pays à l'indépendance et six mois après sa nomination aux Affaires Etrangères : «C'est avec beaucoup de scepticisme que la thèse officielle sur son meurtre a été accueillie […]. Nombreux sont ceux qui s'interrogent encore sur les véritables mobiles de cet acte et sur l'identité de ses commanditaires», poursuit encore le communiqué dont les rédacteurs sont catégoriques : il s'agissait bien là d'une «liquidation physique» obéissant à des considérations de «règlement des conflits et de désaccords», dans la même veine des «affrontements fratricides et sanglants du premier été de l'indépendance». En attente de jugement pour cet acte ignoble, Mohamed Zenadi qui était gardé en détention à la prison d'El Harrach sera retrouvé mort dans sa geôle, le 20 juin 1965, au lendemain du renversement d'Ahmed Ben Bella par Houari Boumediène. Les autorités retiendront la thèse «du suicide par pendaison» mais, là aussi, les proches de Khemisti mettent en doute la crédibilité de cette version. Aujourd'hui, après un demi-siècle de doute, les proches de Mohamed Khemisti estiment que l'accès aux archives de la police et de la justice permettra de mettre la lumière sur les zones d'ombre qui continuent de planer sur ce meurtre et (pourquoi pas ?) déterminer «les véritables mobiles de cet acte et l'identité de ses commanditaires.» A défaut, cela aidera probablement à apaiser les douleurs… S. O. A.