Pour la plupart des jeunes Alg�riens, le nom de Mohamed Khemisti �voque surtout des rues ou de grandes art�res de nos villes. Pour nos compatriotes plus �g�s, beaucoup se souviennent et disent encore l�admiration qu�ils ont port�e pour le premier ministre des Affaires �trang�res de l�Alg�rie lib�r�e du colonialisme et leur enthousiasme. Fiert� de tout un peuple, Mohamed Khemisti personnalisait magnifiquement, du haut de ses 33 ans, le tr�s grand prestige et les espoirs que faisait na�tre partout, dans le pays et dans le monde, l�Alg�rie triomphante. H�las, dix mois apr�s l�accession du pays � l�ind�pendance, et six mois apr�s sa nomination aux Affaires �trang�res, notre oncle �tait assassin�. La mort du jeune ministre de l�Alg�rie nouvelle a profond�ment �mu notre peuple. Le myst�re de son assassinat, commis le 11 avril 1963, � la sortie de l�Assembl�e nationale, reste entier. Le choc que l�annonce de sa mort a provoqu�, le 4 mai apr�s trois semaines de coma, et l�indignation qu�elle a soulev�e ont �t� immenses. C�est avec beaucoup de scepticisme que la th�se officielle sur son meurtre a �t� accueillie. Personne n�imaginait qu�apr�s les affrontements fratricides et sanglants du premier �t� de l�ind�pendance, la liquidation physique serait � nouveau le moyen de r�glement des conflits et des d�saccords. Nombreux sont ceux qui s�interrogent encore sur les v�ritables mobiles de cet acte et sur l�identit� de ses commanditaires. Cinquante ans apr�s, pour sa famille, ses proches, ses ni�ces et ses neveux, l��motion est intacte. Les doutes sur la version retenue et livr�e � l�opinion par les autorit�s de l��poque sont absolus. La th�se de l�acte individuel puis celle du �suicide� de l�assassin dans sa ge�le de la prison d�El Harrach, le 20 juin 1965, le lendemain du coup d�Etat qui a renvers� Ben Bella, ne sont pas cr�dibles. Cinquante ans apr�s, pour beaucoup de gens, l�opacit� qui a entour� cette affaire demeure totale. La v�rit� sur le meurtre de notre oncle reste cach�e, elle �clatera un jour, lorsque l�acc�s aux archives de la police et de la justice sera possible. Pour sa famille, une chose est s�re : le secret sera un jour r�v�l�. Pour sa famille, ses ni�ces et ses neveux, le devoir de m�moire s�impose.