Que savent les Algériens de l'hémophilie ? Très certainement très peu de choses, exception faite de ceux qui en sont touchés. Jusqu'aux réseaux sociaux, et notamment facebook qui s'enflamme habituellement pour n'importe quel évènement, voire avatar politique, restent pratiquement aphones devant ce qui, tôt ou tard, deviendra un sujet de l'heure. C'est-à-dire quand l'avancée du mal donnera des signes d'irréversibilité non pas par l'inefficacité de son traitement, ce qui est déjà le cas, mais par son ampleur au sein de la société. Il semblerait selon un confrère, citant un aréopage de médecins spécialistes, qu'il n'existerait qu'un peu plus de 1 840 personnes atteintes, et 1 200 dans la nature et donc non dépistées (sic), et tout cela n'empêche pas malheureusement que ladite pathologie, qualifiée de rare, a triplé depuis 1963. Et c'est sans doute pour cette non-maîtrise de la réalité que les statistiques restent ce qu'elles sont. Autrement dit qu'elles ne convainquent que ceux qui y recourent pour justifier ce qu'ils sont habitués à justifier. D'ailleurs, au cours de l'évènement qui a réuni ces spécialistes, il y a eu une sorte d'unanimité qui consiste à reconnaître que le traitement est disponible au niveau des 13 centres hospitalo-universitaires du pays. Ce qui est logique compte tenu des moyens et équipements qui ne peuvent en réalité que se trouver dans de telles structures, sauf qu'il n'est pas souligné que le facteur éloignement, voire isolement des populations, le facteur ignorance, la compétence ou encore un intérêt relatif du médecin pour les patients occultent superbement la question et les gardent (patients) de fait éloignés des opportunités de dépistage et traitement évoqués. Ceci d'autant plus que la pathologie, à en croire toujours le même aréopage, est passée de très rare à plus réelle en raison de sa prévalence. Il est consigné pour preuve de son (aréopage) argumentaire que l'absence de travail et de moyens pour le dépistage font défaut dans des wilayas comme Tamnarasset, Illizi et Tindouf. Quoiqu'il en soit, l'objectif serait de rendre autonomes les malades atteints afin de leur permettre de se traiter directement en cas d'urgence. Mais faudrait-il encore qu'il y ait l'affirmation d'une telle volonté des pouvoirs publics et plus particulièrement du département ministériel de la santé. Un ministère plutôt occupé à gérer des grèves à répétition que de veiller au cadre de vie et la santé des Algériens. A. L.