L'information n'a pas eu beaucoup d'écho en Algérie. Pourtant, elle mérite qu'on s'y arrête : au Danemark, depuis 2010, les proviseurs peuvent autoriser les candidats au bac d'avoir, s'ils le désirent, accès à Internet pour certaines épreuves dont les mathématiques, l'anglais et les sciences économiques. Le lycéen n'a évidemment pas le droit de faire du copier-coller et d'utiliser sa boîte mail ou la messagerie instantanée. Cette nouvelle méthode d'évaluation n'est pas encore généralisée mais elle est en bonne voie, et, dans quelques années, deviendra obligatoire. L'avancée est toutefois indéniable. L'école danoise est tout simplement mise en résonnance avec son temps, son siècle. Depuis plusieurs années déjà, ses élèves utilisent Internet pendant les cours et passent leurs examens sur des CD-Rom. De là est partie la réflexion pour renforcer et généraliser l'usage des TIC à l'école. «C'est plus cohérent : apprentissages et évaluations sont désormais réalisés dans les mêmes conditions. Bien entendu, il faut concevoir des exercices qui ont du sens. Un questionnaire à choix multiples avec Internet, c'est complètement hors sujet dans ce contexte ! Il faut donc des questions plus ouvertes, où vous pouvez mettre les compétences des élèves à l'épreuve», expliquera un conseiller du ministère danois de l'Education qui a supervisé cette réforme. L'analyse et la réflexion ont sous-tendus la réforme qui, elle, a produit l'évolution. En tirant le parallèle avec l'Algérie, on ne sera pas étonné par l'asymétrie entre les deux approches. On n'en est encore à polémiquer sur une réforme scolaire et une politique de l'éducation qui n'ont rien produit, ou, plutôt ont, au contraire, grandement contribué à la dégradation de l'école algérienne. Preuve en est, le débat actuel sur le bac, la triche, la difficulté des épreuves, le niveau des élèves, mais pas celui des professeurs ni de la compétence des concepteurs des programmes scolaires et de la politique de l'éducation, en général. Car, ce qu'on feint d'oublier dans ce débat où on charge les élèves de toutes les tares de l'école, c'est qu'ils en sont en fait les premières victimes. Alors qu'un seul conseiller du ministère supervise au Danemark une réforme qu'on pourrait qualifier de «révolutionnaire» -bien que lui préfère parler d'évolution-, en Algérie, tout un ministère, avec ses conseillers, ses directeurs et tutti-quanti, n'arrive pas encore à corriger toutes les erreurs criminelles commises à l'encontre de l'école algérienne avec une pseudo réforme qui, d'année en année, change, sans pour autant apporter l'évolution attendue. Ce n'est, certes, pas demain, ni même après-demain, que nos lycéens passeront leur bac avec autorisation d'avoir accès à Internet, mais on peut toujours, on doit, les y préparer. Et cette mise en perspective ne peut être établie que si les responsables censés réfléchir à l'évolution de l'école, le fasse, avec l'objectif d'élever l'école au niveau des défis du siècle et non de la rabaisser à celui de ces calculs politiciens étroits qui veulent faire de l'école non pas un instrument de développement de la société mais un miroir des courants idéologiques dominants. H. G.