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L'inventoriage du patrimoine : une nécessité sans les moyens
L'opération exige l'implication de spécialistes souvent non disponibles
Publié dans La Tribune le 18 - 12 - 2008

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
Le patrimoine culturel matériel et immatériel de l'Algérie est aussi immense que l'étendue de son territoire et la richesse de son histoire millénaire.
Ce pays a accueilli de nombreuses civilisations et a enfanté de grands hommes ayant marqué par leur pensée et leur savoir l'humanité entière qui leur reconnaît ce mérite et observe jusqu'à nos jours leurs préceptes. Parce que pays donnant sur la Méditerranée, situé aux portes de l'Afrique et dont les richesses sont incommensurables, l'Algérie a toujours été l'objet de convoitises des autres peuples qui, par le passé, l'avaient colonisée et tenté de la soumettre. Des Phéniciens avec l'ouverture de leurs comptoirs commerciaux sur le littoral du pays numide à l'occupation française en passant par la période romaine, les Vandales, les Byzantins, la conquête musulmane, le kharidjisme berbère, l'invasion espagnole et la période ottomane, l'histoire d'El Djazaïr s'est enrichie de vestiges qui ont traversé les âges, défiant le temps et les hommes, et qui se dressent encore dans cette contrée. Peintures rupestres du Tassili, premiers messages de nos ancêtres datant d'environ 10 000 ans, outils préhistoriques, artefacts de pierre taillée, sites archéologiques témoignant de civilisations disparues et œuvres orales transmises de génération en génération, des gestes tous algériens retraçant les épopées de héros, de rois et de chefs de guerre qui avaient marqué leur temps et des écrits éternels, ont chevauché les siècles pour se présenter à la postérité et s'imposer comme référence pour un peuple que «la modernité» insipide et stérile a ravalé au rang de consommateur invétéré de cultures importées qui lui ont fait perdre ses repères identitaires et culturels. Pis,pillages, vols et détournements ont mutilé notre patrimoine pour alimenter les musées des capitales européennes qui ne se sont pas gênés pour s'approprier la mémoire de tout un peuple, sans se soucier du coup qu'ils portaient à son histoire plus que millénaire. L'acculturation et le syncrétisme ont pris le dessus sur les origines et l'authenticité et l'Algérien d'aujourd'hui, envahi de toutes parts par des médias qui forcent jusqu'à l'intimité de son foyer, est harcelé et tiraillé ne sachant s'il faut s'accrocher à ses origines ou s'en affranchir pour adopter d'autres modèles et modes de vie. L'expression la plus flagrante de ces tiraillements s'étale au grand jour rien que par les accoutrements et les effets vestimentaires adoptés par les uns et les autres. Notre patrimoine dans toute sa grandeur s'en trouve délaissé et ignoré ou tenu pour anachronique parce que n'ayant pas été perpétué et valorisé. Aujourd'hui, avec la décision en haut lieu d'inventorier et de répertorier nos biens culturels, on essaye de recoller les morceaux et de reconstituer le puzzle de notre histoire. On essaye de reconstruire ce qui a été «brisé» et de réconcilier l'Algérien avec son passé pour bien asseoir son présent, sur lequel pourra s'ériger son futur. L'objectif est louable et noble, mais la tâche est énorme, difficile ; elle peut durer des années, et surtout nécessite des moyens colossaux ainsi que des spécialistes pluridisciplinaires, que toutes les directions des wilayas de la culture n'ont pas. Et c'est là que le bât blesse. Car, c'est à ces directions que revient la charge, en tant que représentantes locales du ministère, d'identifier et de répertorier le patrimoine culturel de leurs régions. Si, pour le patrimoine matériel, le problème est moindre, dans la mesure où les directeurs de la culture peuvent toujours appeler à la rescousse l'agence locale d'archéologie, il en est tout autrement pour le patrimoine immatériel dont l'inventoriage nécessiterait des musicologues, des historiens de l'art, des ethnologues, des socio-ethnologues, des anthropologues, des spécialistes en littératures anciennes…qui ne sont pas toujours faciles à trouver.
A Annaba, la direction de la culture avec les maigres moyens dont elle dispose s'est déjà attelée à l'ouvrage pour recenser, classer, réhabiliter et restaurer les sites archéologiques existant dans la wilaya et préserver le patrimoine matériel, très riche, de la région. Ainsi, 140 millions de dinars vont être déboursés par l'Etat pour restaurer et protéger la mosquée Abou Merouane, construite au XIe siècle par Abou Elleith El Bouni et transformée durant l'occupation française en hôpital militaire. «Le dossier de classification de cette mosquée comme monument historique est prêt», nous a déclaré le directeur de la culture de la wilaya. La zaouïa de Sidi Brahim Ettoumi, aux portes de la ville, édifiée sur ordre d'Ali Bey, gouverneur de Tunis, servait à l'époque d'abri pour les voyageurs arrivés tard la nuit quand les accès à la ville sont fermées ; ils y trouvaient le gîte et le couvert jusqu'au lendemain. Ce site religieux a déjà été classé comme patrimoine national, en 1978, depuis, il a été réhabilité et est toujours bien entretenu. La mosquée El Bey, copie conforme de la Grande mosquée d'Alger (El Djamaa el Kebir ) a été bâtie à l'époque de Salah Bey de Constantine au XVIIIe siècle pendant la présence ottomane en Algérie. Une opération visant à sa restauration et à sa réhabilitation a été inscrite par la direction de la culture qui compte la classer comme monument historique. La Citadelle hafside et le fort des Suppliciés, des vestiges dont les remparts encore dressés rappellent les temps glorieux de la ville des Jujubes vont eux aussi bénéficier d'importantes opérations de mise en valeur.
La vieille ville datant de 1500 sera prise en charge pour être préservée. Le classement se fera, selon la direction de la culture, par étapes parce que 90% des constructions sont des propriétés privées. Dans un premier temps, certains monuments et sites seront restaurés puis l'opération englobera toute la ville avec, cependant, des conditions et un cahier des charges qui sera soumis aux propriétaires. Le site d'Hippone qui s'étend sur 26 ha, déjà classé comme patrimoine national, en 1968, a vu son musée réhabilité et équipé. Des opérations de nettoyage et de désherbage ont été réalisées et sa mise en valeur est en cours.
Quant à l'inventoriage du patrimoine immatériel de la région, principalement celui relatif à la musique, il a été entamé depuis une dizaine d'années. La musique andalouse et les noubas de Annaba ont été enregistrées avec la voix du chanteur Hamdi Bennani et un coffret conservant toutes les chansons a été édité en 2007. Le patrimoine musical de M'hamed Ould El Kourd a été également immortalisé par Hamdi Bennani. Malouf, aïssaoua, et musique citadine enrichissent chaque année le répertoire et sont ajoutés à ce qui est déjà conservé de façon à ne rien omettre. Mais rien n'est fait pour les autres expressions du patrimoine immatériel.
Les travaux exécutés et ayant pour principal objectif la préservation du patrimoine local tant matériel qu'immatériel seraient bien meilleurs s'ils étaient encadrés par des spécialistes, ce qui, hélas, n'est pas le cas à Annaba qui manque cruellement d'archéologues, d'ethnologues, d'anthropologues ou de musicologues.


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