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Exclusif : Abou Trika comme vous ne l'avez jamais connu
Publié dans Le Buteur le 19 - 02 - 2009

«J'aime les Algériens parce qu'ils n'ont peur de rien»
Lorsqu'on entre dans un pays séculaire comme l'Egypte, on trouve un peuple fier de toutes les gloires qui ont jalonné son histoire dans tous les domaines : politique, arts, histoire, sports… Si les discussions sur le football ne s'arrêtent jamais au pays du Nil, surtout concernant la sélection nationale et, évidemment, Al Ahly et Zamalek, le dénominateur commun à l'heure actuelle de l'ensemble du peuple égyptien est un homme qui a non seulement percé rapidement par son talent, mais a surtout gagné les cœurs par ses actions humanitaires. Nous n'avons croisé aucune personne, au Caire ou même dans toute l'Egypte, qui dit du mal de Mohamed Abou Trika dont la position courageuse en faveur de la population encerclée de Ghaza, durant la CAN-2008 au Ghana, a marqué les esprits de tous les musulmans, sans oublier, bien avant ça, le slogan de dénonciation des caricatures blasphématoires à l'encontre du Prophète Mohamed (QSSSL). En un mot, Abou Trika est un héros sur et en dehors des terrains.
Petit, il vendait du pain et portait des briques tout en étudiant
Ceux qui ne connaissent pas bien le parcours de Abou Trika, ignorent à juste titre le secret de sa piété et de l'humilité qui se dessine perpétuellement sur son visage. Après avoir rencontré ses amis dans la bourgade de Nehia, où il est né, et parlé longuement avec son père, nous avons appris tous les détails de la vie de ce jeune homme de 30 ans, marié et père de deux jumeaux (Seif et Ahmed, 5 ans) et d'une fille (Roqia, 4 mois). Ayant grandi à Nehia dépendant de l'arrondissement de Kerdassa, relevant du gouvernorat de Gizeh (le gouvernorat de Gizeh, où se trouvent notamment les pyramides, est situé sur la rive gauche du Nil, alors que le gouvernorat du Caire lui fait face sur la rive droite), il est issu d'un quartier populaire et d'une famille très modeste, au point d'être obligé de travailler durant sa scolarité. Il a donc vendu du pain égyptien afin d'aider son père à subvenir aux besoins de la famille (les deux parents, lui, 3 sœurs et 4 frères : Ahmed - décédé -, Hussein, Mahmoud et Oussama). Après avoir déroché son baccalauréat, il est entré à l'Institut d'Histoire de l'université du Caire. Parallèlement à ses études, il a travaillé comme manutentionnaire dans une briqueterie.
Les débuts avec des ballons en chaussettes, puis à Tersana
Son père, gardien et jardinier dans une grande villa, était un grand amoureux de football et plus particulièrement du Ahly et il a encouragé ses fils à pratiquer le football bien qu'ils aient été tous brillants dans leurs études. Mohamed fabriquait des ballons avec de vieilles chaussettes usagées et s'adonnait à d'interminables parties avec ses amis. Comme il montrait un grand talent, il a intégré le club de Tersana, alors que son père souhaitait qu'il joue à Al Ahly. C'est Mostefa Riad, responsable de la section jeunes du club, qui l'a remarqué et retenu. Pour l'anecdote, Mostefa Riad est le troisième meilleur buteur de l'histoire du football égyptien après Hassan Chadly et Hossam Hassan. Ayant percé dès sa première saison à Tersana, Abou Trika reçoit une offre d'Al Ahly, à la grande joie de son père, qui attendait ce moment depuis longtemps, et à la grande surprise de toute la famille, qui voyait plutôt Oussama réussir au plus haut niveau car supposé plus talentueux que Mohamed. La suite (sportive) est connue : Abou Trika explose à Al Ahly et en sélection égyptienne, devenant l'une des stars du pays.
Son plus grand drame : la mort de son frère Ahmed
Lorsque Mohamed bou Trika est interrogé sur la raison qui fait que ses joies sont toujours contenues, il répond que le fait de rendre les autres heureux constitue sa plus grande joie. Cependant, ceux qui le connaissent bien nous ont révélé qu'en sus de la pauvreté qui a accompagné son enfance et son adolescence, il a vécu une dure épreuve qui a failli emporter sa mère. «Lorsque j'étais jeune, j'étais marqué par l'état de ma mère suite au décès de mon grand frère Ahmed à la fleur de l'âge (26 ans).» Sa mère ne s'est jamais remise de la disparition de son fils qu'elle aimait par-dessus tout et elle a frisé la dépression et la démence à plusieurs reprises. «Je considère ce qui m'arrive aujourd'hui comme réussite et prospérité comme une compensation e Dieu pour tout ce qu'ont enduré mes parents, spécialement ma mère, après le décès de mon frère Ahmed, que Dieu ait son âme», a-t-il déclaré. D'ailleurs, s'il a donné le prénom de Ahmed à l'un de ses jumeaux, c'est en hommage à son défunt frère. Il garde toujours une affection particulière pour sa mère. «Elle me manque à chaque que je suis loin d'elle.»
«Mon père est toujours jardinier car je ne veux pas bousculer ses habitudes»
Beaucoup d'Egyptiens ne comprennent pas que le père de Mohamed Abou Trika continue à travailler alors que son fils gagne très bien sa vie. En effet, il est employé comme jardinier dans une villa. Son fils footballeur a son opinion sur la question : «C'est vrai que mon père peut se passer de son emploi car je suis là et il ne manquera de rien avec moi, mais je ne veux rien lui imposer. Je veux le laisser vivre sa vie comme il l'entend, avec ses amis, car c'est difficile de bousculer ses habitudes et de lui faire changer d'environnement à son âge. Donc, je le laisse faire les choses comme il l'entend tout en restant à sa disposition s'il a besoin de quoi que ce soit.»
Le jour où son entraîneur José Manuel a pleuré dans ses bras
En plus des aides qu'il apporte aux pauvres et aux déshérités, Mohamed Abou Trika est connu pour ses visites permanentes aux malades dans les hôpitaux, plus particulièrement les enfants cancéreux. Il considère ce geste comme élémentaire envers des enfants qui souffrent et avec qui il reste de longues heures. L'entraîneur d'Al Ahly, le Portugais José Manuel, est lui aussi un visiteur assidu du service des enfants cancéreux et il a fait plusieurs dons dans le secret et sans publicité, ce qui fait que Abou Trika le tient en très haute estime. D'ailleurs, les deux hommes s'entendent très bien et se respectent mutuellement, en témoigne une scène touchante qui a eu lieu dans le vestiaire : deux jours avant un match très important, José Manuel a appris le décès de sa mère, mais il a contenu sa peine en montrant un visage fermé jusqu'après le match et là, dans le vestiaire, il a éclaté en sanglots et Abou Trika, qui sait ce que c'est que de perdre un être cher et qui, de surcroît, adore sa mère, est venu le prendre dans ses bras pour le consoler.
«J'aime rester seul pour me remettre en cause»
Si le joueur attire les foules, l'homme aime la solitude après le travail. Il est rare de trouver Mohamed Abou Trika traînant dehors. Il dit aimer rester seul afin d'être en communion avec Dieu et pouvoir méditer. «Personne ne connaît une personne mieux que ladite personne. Je sais que j'ai commis beaucoup de fautes dans ma vie et je me remets en cause à chaque fois afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Je ne crois pas que ce soit mal…», explique-t-il.
«Mon épouse souhaitait que je ne gagne pas le titre de meilleur joueur africain»
Dans le même ordre d'idées, il cite en exemple son actualité des dernières semaines. «Ces derniers temps, j'ai vécu beaucoup de choses négatives (souvent blessé, reprise tardive et autres) ce qui m'a poussé à piocher en moi pour voir pourquoi ça n'a pas marché. Peut-être ai-je commis de mauvaises actions qui m'ont valu tout cela. Et puis, je dois me montrer à la hauteur de la renommée et de l'amour des gens.» Interrogé sur la raison qui fait que son épouse a souhaité qu'il ne remporte pas le titre de meilleur joueur africain, il a répondu en riant : «Elle estime que chaque événement positif qui m'arrive est tout de suite suivi par un événement triste. Ainsi, après notre sacre durant la CAN-2006, j'ai été gravement blessé au genou, et après notre sacre au Ghana lors de la CAN-2008, j'ai été blessé à l'autre genou. Elle a donc souhaité que je ne sois pas élu meilleur joueur lors de la cérémonie de Lagos afin qu'il ne m'arrive pas malheur par la suite. Cela dit, je ne crois pas à cette logique.» Pour la précision, Abou Trika a rencontré son épouse à l'Institut d'Histoire, lorsqu'il était étudiant, et ils se sont mariés après la fin de leurs études.
Il a les clefs du siège d'Al Ahly
Fait insolite : Mohamed Abou Trika possède les clefs du siège d'Al Ahly. En effet, comme il n'aime pas se rendormir après la prière du Fedjr, il va directement au centre d'entraînement où ses coéquipiers et les employés le trouvent toujours le matin, comme s'il y avait passé la nuit. Avant le début des entraînements, et en attendant l'arrivée du groupe, il passe souvent le temps en récitant le Coran. Ainsi est la star du football égyptien, à qui tout le peuple reconnaît la modestie et l'humilité, ainsi que la fidélité à ses amis d'enfance. Il n'a pas changé.
Khaled M.
«J'aime les Algériens parce qu'ils n'ont peur de rien»
* Bienvenue dans les colonnes du Buteur, un journal qui vous a déjà interviewé par le passé…
Bienvenue à vous et votre journal que je respecte beaucoup pour son professionnalisme. Effectivement, j'ai déjà rencontré des journalistes de votre publication et je leur ai accordé des entretiens au Ghana et ici au Caire. C'est d'ailleurs le seul journal qui m'a interviewé. Je tiens à souligner, par ailleurs, votre professionnalisme. Vous m'avez rencontré il y a quelques jours et avez pris des photos avec moi et même des photos de moi avec votre journal et je m'étais excusé, ce jour-là, de ne pas pouvoir m'entretenir avec vous. Vous auriez pu rentrer en Algérie et écrire un entretien imaginaire puisque vous aviez l'alibi des photos, mais vous êtes resté au Caire et avez attendu que je sois disponible. C'est une grande preuve d'honnêteté et de professionnalisme et je salue chaleureusement votre journal pour cette marque de probité.
* Tout d'abord, des nouvelles de votre état de santé après vos deux voyages en Allemagne et au Portugal pour des soins ?
El hamdoulillah, je me sens mieux. Je suis complètement guéri de ma blessure au genou et je me prépare à revenir progressivement.
* Vous auriez certainement aimé assister au sacre de votre club, Al Ahly, en Supercoupe d'Afrique contre le CS Sfaxien, n'est-ce pas ?
Je félicite mes coéquipiers pour ce sacre. L'essentiel est que le vainqueur, dans tous les cas, serait arabe. Pour en revenir à votre question, il est clair que j'aurais aimé jouer ce match, mais tout joueur est sujet à des blessures. Le plus important est que l'équipe a été à la hauteur et a remporté la coupe.
* Comment expliquez-vous la renommée extraordinaire que vous avez acquise dans tout le monde arabe, particulièrement en Algérie?
C'est grâce à Dieu. Il faut dire aussi que, autant cette popularité est une gratification dont je remercie Dieu, autant c'est une lourde responsabilité parce qu'on est tenu d'être toujours à la hauteur des espérances de ceux qui vous aiment et de ne jamais les décevoir. C'est également une épreuve de Dieu pour tester notre réaction car certains seraient tentés d'exploiter l'amour des gens à mauvais escient. C'est pour cela que je m'efforce de me montrer toujours digne de cet amour en essayant d'être toujours encore meilleur. Dieu merci, je suis dans un grand club, très populaire, et cela me vaut une popularité et l'amour des gens.
* Que ressentez-vous ces derniers temps en suivant les matches des gradins et non pas sur le terrain, comme c'était le cas lors du match Al Ahly-CS Sfaxien ?
Je dirai toujours que c'est Dieu qui a voulu que je ne joue pas ce match. Et puis, le football est basé sur le collectif et non sur une star. Certes, j'aurais aimé jouer, mais l'essentiel est que je tiens cette fois le rôle du supporter pour soutenir mes coéquipiers. L'équipe s'est montrée à la hauteur et a remporté la Supercoupe, ce qui prouve qu'elle ne repose pas sur un seul élément. Al Ahly a toujours été animé d'un sens collectif qui s'est raffermi au fil des rencontres car l'équipe a acquis une grande expérience en disputant de nombreuses finales et en remportant beaucoup de titres.
* Déçu d'avoir raté le titre de meilleur joueur africain de l'année au profit du Togolais Emmanuel Adebayor ?
J'avais déclaré que ce joueur méritait ce titre. Il joue dans un grand club en Europe (Arsenal, ndlr). Du fond du cœur, j'estime qu'il le mérite. Ce qui m'a touché lors de la cérémonie qui a eu lieu à Lagos, c'est qu'il a fait monter sa mère avec lui sur scène lorsqu'il s'est fait remettre le trophée. Vraiment, j'en ai été très ému.
* Votre popularité en Algérie est telle que personne n'a accepté que ce ne soit pas vous qui remportiez le trophée. Etes-vous au courant de la sympathie dont vous jouissez auprès du peuple algérien ?
Je vous jure que j'aime beaucoup l'Algérie et son peuple et cela n'a rien à voir avec ma popularité là-bas. Je vais vous révéler une chose que je n'avais jamais dite auparavant : bien que j'aime tous les peuples arabes, j'ai un faible pour les Algériens parce qu'ils sont jaloux de leur pays et de leur religion. Ils ont l'audace et le courage d'exprimer leurs opinions à leur manière, sans peur. Franchement, j'aime ce caractère. Le peuple algérien n'a peur que de Dieu et cette particularité fait qu'il tient une place à part dans mon cœur. C'est pour cela que je ressens une immense fierté lorsque je vois les marques d'amour et de sympathie à mon égard. Je souhaite du plus profond de mon cœur que les deux rencontres entre l'Egypte et l'Algérie soient exemplaires en matière de fair-play et que le meilleur gagne ! Avant tout et après tout, nous sommes des frères, arabes et musulmans.
* Ici, en Egypte, nous avons remarqué que le match Algérie-Egypte suscite un intérêt exagéré, alors qu'il y a aussi le Rwanda et la Zambie dans la même poule. Pourquoi, à votre avis ?
Les derbies ont toujours un cachet spécial et sont d'une grande importance. Cependant, je suis convaincu que ce ne sont pas les deux matches entre l'Egypte et l'Algérie à eux seuls qui décideront du premier de la poule car le Rwanda et la Zambie vont eux aussi jouer des matches et ce ne sont pas des équipes faciles.
* Ne faut-il pas se méfier d'une sélection comme celle de la Zambie qui pourrait créer la surprise comme l'avait fait le Sénégal en 2001 en prenant le dessus sur l'Egypte et l'Algérie ?
J'estime que les chances des quatre équipes de la poule sont égales, mais l'Egypte et l'Algérie ont théoriquement plus de chances pour l'acquisition du ticket pour le Mondial-2010. En football, tout est possible. C'est un sport qui ne reconnaît pas les théories. Il ne reconnait que l'effort sur le terrain.
* Pourquoi dites-vous que l'Egypte et l'Algérie ont plus de chances d'aller en Coupe du monde ?
C'est un avis personnel qui repose sur le fait que ces deux sélections ont une longue expérience dans les phases finales et possèdent des joueurs de haut niveau.
* La pression sera sur l'Egypte, n'est-ce pas ?
C'est vrai et c'est normal puisque l'Egypte a remporté les deux dernières Coupes d'Afrique des nations. Cela va engendrer une grande pression populaire et médiatique sur la sélection. J'espère que cette pression aura des effets positifs et non pas négatifs sur le rendement de l'équipe. J'espère aussi qu'il n'arrivera rien de mal durant les confrontations entre l'Algérie et l'Egypte et que ce soit un sommet de fraternité et de respect car il ne s'agit rien d'autre que de football.
* Ne pensez-vous pas que le comportement des jumeaux Hossam et Ibrahim Hassan pourrait influer négativement sur l'atmosphère des deux matches ?
Je regrette fortement que les choses en arrivent jusqu'à l'extrême. Aimer son équipe ne veut pas dire perdre ses nerfs. Il y a des limites à tout. L'amour d'un club ne saurait dépasser les imites de la correction et du respect. Ce qui s'est passé est inqualifiable car des peuples étaient en train de regarder en direct à la télévision. Je condamne tous les dépassements qui ont eu lieu car nous sommes des frères avant tout. Je me rappelle bien du match Al Ismaïly-Al Ahly qui avait connu de graves incidents. Les médias sionistes ont profité de ces incidents pour écrire des choses qui ne nous honorent pas. Je me rappelle surtout d'un titre en manchette : «Voilà ce qu'est les frères musulmans arabes !» C'est humiliant que l'ennemi nous accuse d'extrémisme.
* En évoquant cette anecdote avec l'ennemi sioniste, il nous vient à l'esprit votre soutien à Ghaza. Si l'Egypte se qualifiait pour la Coupe du monde, allez-vous rééditer votre action pour exprimer votre soutien à la population de Ghaza à Johannesburg ?
Il n'est pas besoin de se qualifier à la Coupe du monde ou de réaliser un grand résultat pour soutenir les faibles dans Ghaza la martyre. En faisant mon geste, je voulais exprimer que je ressentais l'injustice dont étaient victimes nos frères palestiniens et que je compatissais à leur douleur. Cela dit, je n'aime pas trop parler de ce geste pour qu'il reste pur et dédié à Dieu. J'espère seulement que le message est passé car il s'agit d'une injustice au vu et au su du monde entier.
* Avant notre déplacement en Egypte, les Algériens n'ont pas cessé de nous demander de transmettre leurs salutations à leur cher Abou Trika. Que leur diriez-vous ?
Je remercie le public algérien pour l'amour qu'il me voue et je leur dis que c'est réciproque. Je formule le vœu que les matches entre nos deux pays soient un sommet arabe en tous points de vue. Inch'Allah, l'hospitalité sera au rendez-vous, que ce soit en Algérie ou en Egypte et ce serait la meilleure réponse à ceux qui attendent d'autres choses. Il faut décevoir ceux qui s'attendent à une bataille arabo-arabe, que ce soit parmi nous ou au sein d'autres pays. J'espère que le mieux préparé passera.
* Souhaiteriez-vous une fin heureuse à l'affaire Lakhdar Belloumi qui traîne depuis de longues années ?
A vrai dire, je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de cette affaire, mais sur un plan personnel et humain, j'espère qu'elle se règle définitivement et que Belloumi soit libre de ses déplacements.
* Loin des terrains, comment se comporte hadj Abou Trika avec ses admirateurs dans les Lieux-Saints lorsqu'il effectue le hadj ?
(Il rit) Le plus normalement du monde. J'ai de très bonnes relations avec les gens, que ce soit durant le hadj ou en dehors. Et puis, lors du hadj, tout le monde est concentré sur l'accomplissement des rites car c'est l'un des fondements de l'islam et les hadjis n'ont pas le temps de faire connaissance avec autrui. Il y a des limites à respecter. Même si l'admiration est visible, le hadj doit consacrer sa présence sur les Lieux-Saints exclusivement à l'accomplissement des rites et à l'adoration de Dieu. Je veille toujours à cela.
* Savez-vous que vous avez été élu pour la deuxième fois consécutive, dans un sondage d'El Heddaf, meilleur joueur arabe de l'année?
Oui, je suis au courant et je remercie El Heddaf pour cette considération. Je remercie également tous ceux qui ont voté pour moi tout en espérant être toujours à la hauteur.
* Les joueurs algériens vous respectent et vous considèrent comme le meilleur footballeur arabe et africain. Qui est, à vos yeux, le meilleur joueur algérien actuellement ?
(Il sourit) J'aime le football algérien et ses joueurs, locaux ou professionnels, que je trouve excellents et ambitieux. Ils jouent de manière très collective et cela n'arrangera pas nos affaires quand nous les affronterons (rire). Ceci dit, je ne peux pas citer un nom en particulier car, pour moi, ce sont tous de grands joueurs et je suis certain qu'ils nous poseront des problèmes.
* Vous lisez El Heddaf. En toute objectivité, qu'en pensez-vous ?
Franchement, c'est un journal créatif, singulier, qui apporte toujours un plus. Lorsqu'on voit un journaliste venir d'Algérie jusqu'en Egypte pour réaliser un entretien, cela démontre la crédibilité du journal. Ce qui me plaît le plus, comme je l'ai dit au début, est que vous n'êtes pas du camp de ceux qui traficotent de faux entretiens. Je vous remercie beaucoup pour votre professionnalisme qui manque beaucoup aux médias de nos jours puisque des entretiens imaginaires sont rédigés sans aucune éthique.
Entretien réalisé par
Khaled M.


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