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LE BUTEUR chez BENZEMA : «Sa devise, joue et tais-toi »
Publié dans Le Buteur le 04 - 03 - 2009

Le père de Karim est venu jeune d'Algérie. La réussite de son fils lui chamboule la vie, mais il tente de rester le même malgré tout
Le quartier de Bron-Terraillon est plutôt désert en cette matinée du 24 novembre 2008. A part le marché dont les vendeurs bradaient les derniers produits qui restent sur leurs étalages, il n'y avait pas grand monde aux alentours. «Prenez le tout à un euro, ya madame. Arwahi ! 50 centimes…», tente une dernière fois le marchand à l'accent bien de chez nous à l'endroit d'une femme voilée, plutôt pressée de vite rentrer chez elle en ce temps glacial.
Mais les marchands résistent au froid en hélant les clients d'une façon qui rappelle celle du bled. L'ambiance ressemble à s'y méprendre à celle d'Alger, Oran ou Béjaïa.
On se dit que c'est dans ce milieu qu'a grandi la famille de Karim Benzema, dont nous recherchons les traces dans son propre fief.
En déambulant dans les rues de Bron-Terraillon, on espérait bien tomber sur quelqu'un pour nous indiquer la maison des Benzema. On se dit que le mieux serait de trouver un ami d'enfance qui pourrait nous parler de l'international français en nous donnant des détails croustillants.
«Le premier jeune que vous aborderez vous conduira au domicile de Karim Benzema. Vous n'aurez aucun problème à trouver», nous avait pourtant dit la conductrice du bus numéro 24, une belle Algérienne qui fait la navette entre Lyon et Bron-Terraillon. On se met donc à la recherche des jeunes de ce coin de banlieue qui semble plutôt calme et inanimé. Après une dizaine
de minutes passées à roder dans le centre-ville, on est tombé enfin sur le véhicule d'un jeune Maghrébin qu'on n'hésite pas à solliciter.
«Les Benzema ? C'est juste derrière le stade. Ce n'est pas loin d'ici. Montez, je vous y conduis», nous propose-t-il aussitôt après lui avoir décliné notre identité. «Vous venez spécialement du bled pour faire un reportage sur Karim ? Vous risquez d'être déçu, parce qu'il est parti au Brésil avec Fred .Mais vous pouvez quand même rencontrer sa famille. Leur maison est celle-ci, au 33 F. L'Audi garée devant la porte est une de ses voitures», nous indique ce jeune d'origine algérienne, avant de démarrer aussitôt après nous avoir déposés.
Son petit frère sort avec un ballon dans les mains
On est maintenant devant un pavillon sis au coin de la rue Youri Gagarine. Sur la porte peinte en gris, il est écrit BENZEMA. On est enfin arrivé ! On hésite à sonner. Quelque chose nous dit de patienter un moment avant de le faire. On scrute l'ensemble de la maison.
Des trainings sur la fenêtre du premier étage, nous indique bien que les Benzema y vivent encore. Rien de clinquant par contre comme on se l'imaginait, si ce n'est la belle allemande au toit givré, garée devant la porte. C'est clair qu'elle a passée la nuit dehors en ce froid glacial de fin d'année. On fait le tour de la maison, tout en prenant quelques photos. Dans ces quartiers isolés, il est souvent mal vu de sortir un appareil
photo. A fortiori lorsqu'il s'agit de prendre en photo la maison d'une célébrité qui y a passé toute sa vie. On préfère donc y aller franco en tapant à la porte des Benzema, histoire de ne pas rater l'entame. Quelques bruits émanent de l'intérieur nous rassurent. Un gamin d'une dizaine d'années, un peu joufflu, nous ouvre en arborant un petit sourire. Il a les mêmes traits que Karim. Pas de doute, c'est son petit frère. «Bonjour, ton papa est là ? », fit-on.
Les Benzema n'ont pas encore quitté Bron Terraillon, même si Karim a acheté une grande maison à ses parents à Chassieux
L'enfant n'a pas le temps de nous répondre qu'un monsieur au teint blanc prend déjà la parole en nous serrant la main. «Bonjour, on vient d'Alger. Nous voulons faire un reportage sur la famille Benzema et l'entourage de Karim : ses amis, ses anciens coéquipiers et tout », lui dit-ton pour expliquer les raisons de notre présence.
«Désolé, mais je ne suis pas en mesure de vous dire quoi que ce soit. Attendez plutôt le retour de ses parents. Ils habitent bien dans cette maison», s'excuse-t-il gentiment, en nous demandant de ne rien écrire sur notre discussion.
Prudence, prudence… A peine allait-il rentrer que le petit frère de Karim est ressorti
avec un ballon dans les mains. On se met à imaginer la star à son âge, prenant le même chemin pour aller améliorer sa frappe et sa vitesse sur le terrain, situé juste en face de la maison. On savait que Karim avait acheté une maison à ses parents du côté de
Chassieux, mais apparemment la famille ne s'est pas encore arrachée de Bron Terraillon.
«Franchement, il se la pète un peu dans le quartier avec toutes ses bagnoles. Il fait la star, mais b'sahtou. Il ne les a pas volées»
Devant cette première tentative infructueuse, on décide d'aller au stade du Terraillon, le premier club de Karim Benzema, histoire d'humer un peu l'ambiance qui y règne tout en espérant tomber sur quelques amis proches. Sur le terrain, on y rencontre une douzaine de jeunes qui se préparaient à jouer un match. Ils ont à peine 16 ou 17 ans. On se présente en leur laissant notre carte de presse pour les rassurer. Ici, les
journalistes français sont rarement bien accueillis. «C'est ça la carte des journalistes du bled ? Elle est pas mal ! Vous travaillez pour Le Buteur ? » demande l'un. «On vous paie le billet d'avion pour venir jusqu'ici ? C'est sympa, ça », ajoute l'autre. Le fait de les voir parler de la ville d'origine de leurs parents nous fait comprendre que les jeunots se sentent à l'aise en notre présence. On en profite pour leur demander ce qu'ils pensent de Karim Benzema. Ils hésitent un instant, comme s'ils allaient commettre un impair.
«On n'ira jamais lui demander un autographe. Ici, ça ne se fait pas ! »
Ils se regardent entre eux et font mine de ne pas vouloir égratigner la star locale. «Vas y, dis lui toi ! T'as peur ? » Le mot était trop fort pour
laisser Lyes sans réaction. Du coup, il enclenche : «Franchement, il se la pète un peu dans le quartier avec toutes ses bagnoles. Il fait la star, mais b'sahtou. Il ne les a pas volées», se reprend il aussitôt pour ne pas trop en dévoiler. Son ami lui emboite le pas : «Ce n'est pas mon joueur préféré.
D'ailleurs, moi je suis pour Marseille. C'est un gars du quartier et c'est tout. Il est plus âgé que nous. On n'ira jamais lui demander un maillot ou un autographe. Ici, ça ne se fait pas entre nous. On connaît par contre un peu son jeune frère. Il s'appelle Sabri. Lui c'est un tueur.
Il est trop bon pour un gamin de neuf ans», confie Sami, qui voulait tellement passer un coucou à sa famille qui habite Sétif.
Ceux qui l'ont critiqué n'ont pas voulu se laisser prendre en photo
On les laisse commencer leur match après les avoir pris en photo. Précision de taille : ceux qui ont critiqué Karim n'ont pas voulu paraître sur la photo. Allez savoir pourquoi ! On quitte le terrain après avoir été orienté par un des jeunes vers un certain Henri Bayada, le président du CPBT (club de pétanque de Bron Terraillon). «C'est lui qui connaît le mieux les Benzema», nous avait on dit. On le trouve derrière le comptoir du bar, en train d'essuyer quelques verres. Il nous invite à prendre un café qu'il nous sert dans son bureau, puis juste avant de s'asseoir,
Henri prend la peine de nous montrer la photo que lui avait offerte Karim Benzema, après le titre de champion d'Europe décroché avec les moins de 17 ans aux côtés de Hatem Benarfa. On les voit enlacés tous les deux, médaille autour du cou, heureux de leur premier titre international. Il nous apprend aussi que Karim lui a offert un de ses maillots de l'équipe de France qu'il garde précieusement chez lui.
«Je suis aussi algérien que vous et Karim. Je suis de Skikda. J'y ai passé toute mon enfance jusqu'en 1963 », introduit-il fièrement pour nous expliquer ses origines de «pied noir». Un mot qu'il ne sortira cependant pas de sa bouche, durant toute la discussion.
«Dommage que ce se soit terminé de la sorte », regrette-t-il de dire seulement avant de commencer à nous parler des
Benzema, ses amis algériens : «Je les ai connus quand ils étaient à Villeurbanne. Ça n'a pas été facile pour eux. Ils ont vraiment
galéré. Je leur tire chapeau. Ils sont restés les mêmes, malgré la réussite de leur fils. Ça ne leur a pas pris la tête. Le papa,
Afif, est d'une modestie extrême. Il ne veut pas s'afficher comme le père d'une star du football. Il continue à travailler comme plâtrier
pour la ville de Villeurbanne. A son âge qui avoisine la cinquantaine, d'autres auraient arrêté de bosser pour sortir avec une
belle bagnole, un gros cigare entre les lèvres. Pas lui, puisqu'il roule, tenez-vous bien, dans le même véhicule professionnel, une…Super 5
! Avouez que c'est incroyable non ? Et pourtant, il n'y a pas plus vrai. Oui, oui, le père de Karim Benzema roule toujours dans une Super 5. Et c'est tout à son honneur », renchérit Henri Bayada qui a bien remarqué notre grand étonnement.
Le père de Karim est venu jeune d'Algérie. La réussite de son fils lui chamboule la vie, mais il tente de rester le même malgré tout
«Le fait que la vie du fiston change de la sorte, forcément ça pèse sur celle du père. Il n'était pas habitué au faste. Afif est quelqu'un qui est venu jeune d'Algérie. Il a connu des jours très pénibles dans son enfance et voilà que la réussite de son fils Karim lui chamboule toutes ses habitudes. Franchement, ce n'est pas évident de s'y habituer. Mais malgré cela, Afif tente comme il peut de rester le même. Je le comprends un peu, parce que le regard des gens a bien changé depuis que son fils a pris le statut de star. Moi-même je me surveille un peu avec lui. Je ne veux pas assister aux fêtes de sa famille pour lesquelles j'étais pourtant invité. Comment voulez-vous que j'y aille avec toutes ces têtes qu'on y rencontre. On se croirait à la télé tellement les stars y défilent», rigole-t-il.
«Karim Benzema et Marcel Cerdan viennent tous deux d'Algérie, comme moi ! »
Dans un français mélangé avec l'arabe de son enfance passée à Skikda, Henri Bayada nous relate des minutes durant ses petites histoires du bled, tout en les liant avec ce qu'il rencontre à Bron-Terraillon.
Les temps ont bien changé depuis, mais «le pied noir», se console de son manque du pays avec les souvenirs du passé et le comportement des Algériens qu'il côtoie. Il nous montre fièrement les photos des deux stars de son cœur, Marcel cerdan et Karim Benzema. «Les deux viennent d'Algérie le boxeur et le footballeur, comme moi », dit-il non sans fierté, avant de décrocher pour nous la photo de Marcel Cerdan lorsqu'il était footballeur.
On se rappelle qu'il avait joué même avec un certain Larbi Benbarek, qu'on pense être celui qui est debout, en haut à gauche. On prend le soin d'en faire une copie, histoire de le confirmer plus tard…
La Caravelle, le quartier de sa maman Malika, l'Oranaise !
En fait, la population de Bron-Terraillon est dans sa majorité écrasante composée de familles algériennes. Malika, la maman de Karim Benzema, vient du quartier mitoyen. Celui de La Caravelle. «Une cité malfamée qui tient sa mauvaise réputation de la revente de hachich et de
quelques troubles notées çà et là.»C'est en tout cas ce qu'on nous a appris avant de nous y rendre. La Caravelle est à dix minutes à pied de la rue Youri Gagarine. Quelques ruelles paisibles plus loin et on y était. Des commerces animent le quartier. Des rires de jeunes s'échappent par-ci par-là. Le soir commence à tomber. On est tenté par le snack le plus fréquenté. On y entre. Les yeux sont tous braqués sur le match
que retransmettait Canal+. On commente les actions tantôt en français tantôt en arabe. On se présente à voix haute pour attirer l'attention
des jeunes. Ceux-ci sont tout de suite accueillants. «On aime bien rencontrer les gens du bled », nous dit l'un d'eux qui nous invite à partager son sandwich. «Ici, on partage comme au bled. On a pris le bon et le mauvais du pays », rigole son pote qui visait notre interlocuteur, dont on
comprend qu'il revend du hasch. Il avale son dernier morceau rapidement avant de sortir en nous saluant.
«Karim a emmené avec lui au Brésil Samy Zenati, un gars du quartier. C'est son meilleur ami»
Qui connaît le mieux Karim Benzema à la Caravelle? «C'est la famille Zenati », nous apprend l'un. «Il faut lui appeler Samy. C'est son meilleur ami», assure t- il. «Mais il est parti avec lui au Brésil ! Vous n'allez pas le trouver aujourd'hui, monsieur. Karim l'a emmené avec lui. Ils sont partis avec Fred, le joueur de Lyon», renseigne son voisin qui sort aussitôt nous appeler un des nombreux potes de Karim.
On comprend tout de suite que c'est ce quartier que l'international français fréquente le plus. Non seulement il y a son meilleur ami, mais c'est aussi l'endroit qui a vu grandir sa chère maman. L'ambiance y est aussi accueillante qu'àOran. Les gens de l'Ouest algérien s'y sont installés en nombre. Ils sont de Saïda, Belabbès, Mascara, Maghnia, Tiaret et surtout Wahran, comme ils disent. Mais il y a aussi ceux des autres régions. Notamment les gens de l'Est algérien. On reconnaît les coutumes du bled dans les gestes des jeunes qui, en vous serrant la main, par exemple, n'oublient jamais de la ramener vers le cœur. Ou alors le fait de partager ce qu'on mange avec son voisin. «Ici, personne ne finit
seul son casse-dalle », rigolent-ils. Ils évoquent de suite les gestes de Karim Benzema à leur égard. «Il a donné pratiquement à tous ses potes des chaussures de foot ou un maillot de l'OL et de l'équipe de France. Franchement, Karim n'est pas un radin.
Vous n'avez qu'àvenir voir demain sur le terrain les tenues des jeunes. On se croirait à Gerland !» plaisante-
t-il. «Avec un peu de chance, vous allez peut être le rencontrer sur place. Il rentre demain matin de Rio de Janeiro. C'est le frère à Samy qui me l'a appris», nous révèle le dernier arrivé.
«Le petit Chaïbi Mohamed est plus fort que Karim Benzema. Il joue à l'AS Saint-Priest. Il est numéro 10. C'est le petit-fils de Chaïbi Larbi qui a joué à l'Entente de Sétif. Retenez bien son nom et on en reparlera un jour»
La discussion se poursuivra alors sur leur quotidien à la Caravelle, un peu sur l'Algérie qu'ils ont tous manifestement dans le sang.
Avant de prendre congé d'eux, on nous ramène un jeune footballeur dont on dit le plus grand bien. «Je m'appelle Chaïbi Mohamed. Je suis né en 1996. Je joue en numéro 10 à l'AS Saint-Priest. Mon grand-père a joué à l'Entente de Sétif. Il s'appelle Chaïbi Larbi. J'espère un jour jouer pour l'Equipe nationale d'Algérie. C'est mon rêve», nous dit cet ange qui nous nettoie le cœur avec de tels propos. Les grands du quartier qui l'ont vu jouer affirment qu'il est «plus fort que Karim Benzema à son âge. Vous allez voir dans quelques années. On vous demande juste de noter son nom et on en reparlera un de ces jours», visiblement convaincus de la réussite du petit Chaïbi qui donnait l'impression de garder les pieds sur terre, malgré les louanges qui lui étaient destinées. «Il était juste fier de donner la première interview de sa vie à un journaliste. Karim Benzema rentrera demain matin. Vous le verrez sans doute autour du terrain Terraillon», nous-a-t-on assuré
«Il sait que les Français ne nous aiment pas ! »
L'espoir de rencontrer Karim Benzema est, cette fois, réel. Les Zenati sont affirmatifs.«Samy et Karim rentreront dans la nuit et seront là demain matin.»Les jeunes qu'on a rencontrés nous ont parlé aussi de la famille Benzema .«Afif et Malika ont eu neuf enfants», apprend-on. Sabri, le benjamin, Gressy (qu'on appelle Grignette), Karim, Nafsa, Sofia, Célia, Laeticia, Farid et Lydia. Les deux derniers étant issus d'un premier mariage de la maman. On a appris aussi que le footballeur de l'Olympique lyonnais a offert à l'une de ses sœurs la voiture que le club a donnée aux joueurs après la victoire en Coupe de France, l'année dernière. Mais surtout que Karim est à Bron-Terraillon, un Algérien comme tout le monde. «Il sait que les Français ne nous aiment que si nous sommes rentables. Il sait que s'il venait à baisser la garde, les journalistes ne le rateront pas. Il doit constamment surveiller ses propos pour ne pas heurter les sensibilités.
D'ailleurs, quand un journaliste lui a demandé s'il était un exemple aux jeunes Maghrébins, Karim atout de suite rectifié pour dire qu'il ne restreignait pas le champ aux simples Maghrébins, mais à tous les jeunes Français.
Des pièges comme ça, il va en rencontrer encore. Il est très jeune, mais il sait se taire même à 20 ans», ajoute Djamel qui dit aussi que Karim a une devise pour guider ses pas dans le football, sans faire de mauvais bruit autour de sa personne. « Il dit toujours : joue et tais-toi !C'est la meilleure démarche à suivre en France. Karim ne doit parler que sur le terrain, avec un ballon entre les pieds», ajoute-t-il.
Nacym Djender


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