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Hubert Velud (entraîneur du Togo) raconte en exclusivité pour Le Buteur les détails de la fusillade de Cabinda
Publié dans Le Buteur le 22 - 01 - 2010

«Nous avons vécu une véritable terreur à Cabinda que je n'oublierai jamais»
L'entraîneur français de l'équipe nationale du Togo, Hubert Velud, raconte en exclusivité pour Le Buteur les détails de la fusillade dont sa sélection a été victime dans l'enclave de Cabinda et qui a causé la mort de deux membres de la délégation togolaise. Toujours sous le choc, Velud, qui se trouve actuellement dans la capitale togolaise, Lomé, a évoqué d'autres points, notamment l'équipe nationale algérienne et son match de quarts de finale contre la Côte d'Ivoire.
*
Bonjour monsieur Velud, acceptez d'abord nos sincères condoléances après les événements tragiques de Cabinda…
Merci beaucoup, mais à qui ai-je l'honneur ?
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Je suis un journaliste algérien du quotidien Le Buteur. J'espère qu'on ne vous dérange pas…
Non pas du tout, je suis au contraire honoré de m'adresser à des journalistes algériens. Il est vrai que nous avons subi un coup dur, mais la vie continue malgré nous. Sachez que je suis un lecteur assidu de votre journal Le Buteur que je consulte régulièrement sur le net pour m'informer de l'actualité sportive de votre pays, que ce soit l'Equipe nationale ou les clubs.
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Si on comprend bien, vous suivez le football algérien…
Tout à fait, d'autant plus que je connais des entraîneurs comme Alain Michel, François Bracci et Jean-Christian Lang qui ont travaillé dans les clubs de votre championnat. J'ai beaucoup d'amis algériens en France, à l'image de l'ancien sélectionneur national Abdelghani Djadaoui, qui m'a présenté le président de la JSK (il ne se rappelle pas de son nom). Je connais aussi Djamel Tlemçani avec qui j'ai joué pendant trois saisons et qui est un bon ami à moi. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour le saluer à travers votre journal.
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Permettez-nous de revenir sur les événements malheureux que vous avez vécus à Cabinda…
(Il se tait un moment et soupire.) Il n'y a aucun problème puisque cela fait partie du passé et je ne vois aucune raison de ne pas parler des incidents qui se sont déroulés par le passé, même s'ils ont laissé des séquelles.
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C'était un coup trop dur pour vous, n'est-ce pas ?
Et comment ! Nous sommes allés pour participer à un tournoi de football pour se retrouver victimes d'acte terroriste par des gens qui voulaient mêler la politique au sport. On était tellement abattus moralement qu'on ne pouvait même pas se tenir debout. On a vécu l'enfer tout simplement à Cabinda, c'est vraiment malheureux.
*
Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé au juste ?
Comme vous le savez, on était au Congo-Brazzaville, un pays où les conditions climatiques sont similaires à celles qui nous attendaient à Cabinda. Nous avons alors décidé d'effectuer un regroupement de trois semaines dans ce pays en prévision de la CAN. Etant donné que le lieu de notre stage était à trois heures seulement par voie terrestre de Cabinda, nous avons effectué le déplacement par route. Et c'est là que nous sommes tombés dans cette embuscade à laquelle on ne s'y attendait pas.
*
Et que s'est-il passé après ?
Durant tout le voyage, j'étais assis juste derrière le chauffeur, qui est décédé par la suite, et sur ma droite mon adjoint avec qui je discutais. On a aperçu un mouvement étrange et je me suis rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond, surtout qu'on se trouvait dans une zone éloignée de la ville. Les rebelles angolais de Cabinda nous ont tiré par des rafales qui ont causé deux morts parmi notre délégation.
*
Et quelle a été votre réaction ?
Dès que j'ai entendu le premier coup, je me suis jeté à terre et j'ai commencé à crier aux joueurs : «A plat ventre, à plat ventre !» Les scènes de vitres qui se brisaient par les balles étaient terribles. Je me suis retourné vers le chauffeur pour lui dire d'accélérer mais j'ai vu qu'il a reçu un coup mortel. Mais je suis fier de ce qu'il a fait.
*
Comment ça ?
Même s'il se battait contre la mort, il a fait l'impossible pour éloigner le bus du lieu de l'embuscade, et c'est ce qu'il a réussi bien que les balles fusent de partout. Et c'est à ce moment-là que l'armée angolaise est intervenue et a obligé les rebelles de battre en retraite. Franchement, n'avait été l'intervention de l'armée, on aurait été tous tués. C'est une véritable guerre que nous avons vécue, une terreur au sens propre du mot. Et jusqu'à maintenant, je n'arrive pas à réaliser que la plupart d'entre nous sont toujours en vie. J'ai adressé mes sincères condoléances à la famille du chauffeur du bus qui est un héros au sens propre du mot.
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Croyez-vous que ce qui s'est passé avec vous pourrait arriver à n'importe quelle autre
équipe ?
Absolument, ceux qui nous ont attaqués avaient un seul objectif : adresser un message politique aux autorités de leur pays. Oui, c'est un message politique plus qu'autre chose. L'identité de leurs victimes les importait peu, le plus important pour eux, c'était d'attirer l'attention. Malheureusement pour nous, on était une cible inattendue pour eux. Et n'importe quelle équipe, autre que le Togo, aurait subi le même sort, ce qu'on ne souhaite pour personne.
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Croyez-vous que l'Algérie est exposée à la même menace ?
Non, je ne le crois pas. Selon les médias, les autorités angolaises ont déployé tous les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des sélections qui se trouvent à Cabinda. L'Algérie qui jouera son quart de finale contre la Côte d'Ivoire n'a rien à craindre.
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Et comment avez-vous pris la décision de vous retirer de la CAN ?
Les autorités togolaises ont décrété trois jours de deuil. Dans un premier temps, on a décidé de participer à la CAN pour que la compétition garde sa saveur, mais nous nous sommes aperçus par la suite que le moral des joueurs était à plat et qu'ils ont perdu cette envie de jouer avec laquelle ils sont venus à la CAN. Il ne restait aucun objectif pour lequel on va jouer, c'est ainsi qu'on a pris la décision de nous retirer et rentrer à Lomé.
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Avez-vous reçu les condoléances des équipes de votre groupe, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Ghana ?
Oui, nous avons reçu la visite de certains joueurs et responsables des équipes adverses, ce qui nous a remonté un peu le moral d'ailleurs. Cela prouve qu'il y a une certaine solidarité et un esprit de famille au sein de toutes les équipes, qui ont oublié complètement la compétition pour nous apporter leur soutien.
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Et qu'en est-il du côté algérien ?
Personnellement, j'ai reçu des dizaines de sms et appels téléphoniques de la part des Algériens qui ont condamné avec force le fait de mêler la politique au sport. Je remercie d'ailleurs tous ceux qui ont été à nos côtés dans ces moments difficiles et qui reste le point noir de cette édition.
*
Les gens sont unanimes à dire que la CAN a perdu de sa saveur après le retrait du Togo ; qu'en pensez-vous ?
C'est sûr, ce que nous avons vécu à Cabinda est, comme je l'ai dit, le point noir de ce tournoi. Tout le monde s'accorde à dire que ce qui nous est arrivé est inadmissible et qu'il faut mettre un terme à ce genre de chose qui est susceptibles de nuire à l'image du continent africain.
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Ne pensez-vous pas que l'équipe du Togo, qui possède des joueurs doués, a raté l'occasion de s'illustrer dans cette CAN ?
Croyez-moi, la seule chose que je regrette est que nos agresseurs ont transformé notre rêve de réaliser une bonne CAN en un cauchemar. Le Togo aurait pu dire son mot s'il avait participé normalement à la CAN. Cela dit, nous avons un effectif jeune et l'avenir est devant lui.
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Peut-on dire que la terreur vécue par votre équipe ressemble quelque peu à celle vécue par les Algériens au Caire ?
Non, je ne le pense pas. Il ne faut pas faire l'amalgame. Ce que nous avons vécu à Cabinda est une forme de rébellion politique et une lutte entre l'Etat et certaines personnes. Mais ce qu'ont vécu les Algériens est une forme de fanatisme sportif de la part des supporters qui cherchent la victoire pour leur équipe. Cela dit, je n'approuve pas aussi l'acte de ceux qui ont caillassé le bus de la délégation algérienne.
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Parlons maintenant de l'équipe nationale d'Algérie. Comment voyez-vous sa participation dans cette CAN ?
Positive, d'autant plus qu'elle renferme des joueurs doués dans ses rangs et qui ont la capacité de renverser la vapeur dans un match quel que ce soit le nom de l'adversaire. Des joueurs comme Ziani, Yebda, Bougherra, Belhadj et surtout Saïfi ne sont plus à présenter. Ses adversaires, à commencer par la Côte d'Ivoire, devront faire preuve de méfiance. Et je dirai à l'occasion que la rencontre entre l'Algérie et les camarades de Drogba sera très difficile et la chance sourira à celui qui gardera son sang-froid.
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Et quel est votre pronostic ?
Pronostiquer dans des matchs pareils est très difficile. Ce que je peux dire, par contre, c'est que l'Algérie aura affaire à des joueurs bien organisés dans les trois compartiments. Ils compteront sur leur jeu collectif et les individualités aussi. La Côte d'Ivoire est le grand favori de cette CAN. Elle partira de ce fait avec les faveurs des pronostics. Mais j'ai une chose à dire sur l'Algérie.
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Allez-y…
L'Algérie a tous les moyens pour réussir sa participation en Angola, mais les joueurs doivent avoir confiance en leurs capacités. Ils ont gagné en expérience et s'entendent mieux entre eux au fil des années, ce qui constitue un avantage devant la Côte d'Ivoire.
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Croyez-vous qu'elle a les moyens de décrocher le titre de champion d'Afrique ?
Si elle applique sa stratégie, elle peut aller loin et pourquoi pas revenir à la maison avec le trophée. Le niveau qu'a atteint votre équipe lui permettra de s'imposer dans chaque compétition à laquelle elle participe. Je veux ajouter autre chose.
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On vous écoute…
Je soutiendrai l'équipe algérienne dans les matchs qui restent parce que j'ai plusieurs amis en Algérie. Je serai de tout cœur avec l'Algérie que je respecte beaucoup et qui mérite son retour sur la scène footballistique.
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Nous vous adressons de nouveau nos condoléances les plus sincères et nous vous laissons le soin de conclure…
Je suis très heureux de votre appel et j'espère de tout cœur que l'incident dont on a été victime sera le dernier vécu en Afrique. Je souhaite bonne chance à votre équipe contre la Côte d'Ivoire et en Coupe du monde. J'espère qu'elle sera le meilleur ambassadeur du football africain et rééditera les belles prestations qu'a réalisées la génération de Madjer, Belloumi et les autres en Espagne et au Mexique. N'oubliez pas d'adresser mes salutations au peuple algérien.
Entretien réalisé par Lyes F.


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