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Dossier : ­Echec et mat
Publié dans Le Buteur le 31 - 05 - 2010

Ouardi : «On ne travaille pas assez dans les clubs.»
Saâdane : «Depuis 1990, l'Algérie est entrée en récession.»
La qualification de l'Equipe nationale à la Coupe du monde ne devrait pas occulter les carences criantes de notre football à tous les niveaux. Elle ne devrait pas constituer l'arbre qui cache la forêt. Paradoxalement, la présence des Verts en Afrique du Sud a sonné le glas pour notre sport roi, moribond depuis deux décennies.
Le constat
Le 4 mai, Rabah Saâdane dévoilait lors d'une conférence de presse la liste des 25 sélectionnés pour le stage de Crans-Montana, le premier regroupement des Verts en prévision de la phase finale de la Coupe du monde. Il a fallu trois mois au sélectionneur national pour établir cette liste, trois mois de prospection, de suivi et de concertation, en Algérie comme en Europe, avant qu'il puisse enfin dégager le groupe sur lequel il va compter en juin prochain en Afrique du Sud. La liste n'a pas fait de vagues. Hormis quelques réserves, l'opinion publique et sportive semblait satisfaite des choix du coach national, et c'est cela justement qui nous interpelle aujourd'hui pour soulever un sérieux problème, devenu malheureusement banal au point où personne n'y prête attention. Si l'on pose la question suivante aux supporters de l'Equipe nationale, à tous les Algériens et aux observateurs : avez-vous le sentiment que l'Equipe nationale va représenter le football algérien en Coupe du monde ? L'on est bien curieux de connaître la réponse. Si l'on répond par non, il sera difficile de prétendre le contraire. Quelque chose vous échappe ? Nous allons brièvement, en deux lignes, vous expliquer pourquoi. Parmi les 25 joueurs choisis par Saâdane, si l'on excepte les gardiens de but, un seul seulement évolue dans le championnat local. Abdelkader Laïfaoui, qui n'est qu'une doublure de surcroît. Persister à dire après que l'Equipe nationale va représenter le football algérien en Afrique du Sud, c'est se mettre le doigt dans l'œil et vouloir à tort donner du crédit à un championnat plus que médiocre.
Une EN made in Europe
Ouvrons bien les yeux et n'ayons surtout pas peur des mots. L'équipe qui va prendre le vol pour l'Afrique du sud est une équipe «made in Europe». Elle est certes composée de joueurs algériens, mais ils ont tous été formés en France avant d'être exportés dans les différents championnats européens où ils ont pu s'épanouir. Sachez en plus, que certains d'entre eux vont prendre part à la Coupe du monde sans avoir jamais foulé le sol algérien auparavant. C'est donc un produit importé, emballé en Algérie, que nous allons envoyer en Afrique du Sud. La société de consommation que nous sommes devenus aujourd'hui n'a malheureusement pas épargné le football. La Fédération algérienne, en panne de provision, consomme aujourd'hui ce que les autres produisent. Telle est la vérité, et telle est la triste réalité d'un championnat national incapable d'alimenter sa sélection en joueurs valables. Alors, de grâce, qu'on cesse de louer les mérites d'Untel parce qu'il a passé un coup de fil à un joueur, qui n'attendait que ça d'ailleurs, lui proposant de venir jouer la Coupe du monde.
Un championnat de toutes les crises
L'image des Verts à Oum Dormane, qui frisa parfois l'insolence, a réchauffé notre cœur. Mais, par ailleurs, que des raisons de s'alarmer ! Au moment où les Fennecs mataient les Pharaons, notre championnat se déroulait dans l'indifférence totale, sous des gradins cruellement vides. Dès qu'il a eu une solution de rechange, le public n'a pas hésité un seul instant à lui tourner le dos, mettant ainsi à nu toutes les crises qui secouent notre football depuis deux décennies, crise morale, crise de conscience, crise de structures et d'infrastructures, crise de l'environnement, crise des rapports sociaux. La liste est longue à laquelle nous ajouteront l'absence de l'Etat sur le terrain au moment où l'argent du contribuable circulait dans des sacs à poubelle «chkara» sous les tables des luxueux hôtels d'Alger et de Annaba. Ce que nous avons observé en Algérie, et ce que nous avons vu à l'étranger, nous fait percevoir le fossé qui nous sépare aujourd'hui du reste du monde. Notre football a du chemin à faire, des idées à mettre en œuvre, des moyens à se donner et surtout, des hommes pour le remettre sur les rails afin qu'il puisse fréquenter de nouveau l'ombre portée des meilleurs.
Et 486 licenciés devant leur petit écran
C'est un constat alarmant et un état de fait qu'on tâchera de comprendre en essayant d'apporter quelques éléments de réponses à la descente aux enfers de notre football qui dure depuis une vingtaine d'années. On veut comprendre pourquoi et comment sommes-nous passés d'un état de grâce, le jour où l'Algérie a mis une claque à un géant du football mondial, la RFA, avec une équipe constituée majoritairement de joueurs locaux, forçant ainsi le respect et l'admiration du monde entier, à un état de délabrement total. On veut comprendre pourquoi sommes-nous tombés si bas. Et ce n'est pas le projet de professionnalisme entrepris par la FAF ou la langue de bois diffusée par les hauts parleurs brevetés qui va apaiser notre colère. Nous avons soulevé la question à des techniciens et autres acteurs de notre football pour tenter d'expliquer le pourquoi du comment. Le premier responsable du championnat Mohamed Mecherara n'a pas daigné répondre à notre appel. Et en attendant des jours meilleurs, les 486 licenciés de sa ligue, de notre championnat de première division, regarderont le Mondial sur leur petit écran. Au moment où le rideau tombe sur la saison 2009/2010, personne n'a le droit d'occulter cette triste réalité.
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Ouardi : «On ne travaille pas assez dans les clubs»
«J'estime que la situation exige une réflexion de fond. Dire qu'on n'a pas de joueurs sélectionnables en championnat, c'est aller vite en besogne. Quand on scrute de près le potentiel de nos joueurs par rapport à leurs valeurs intrinsèques, l'on se rend compte que nombre d'entre eux disposent de qualités extraordinaires qui leur permettent de postuler à une place en sélection. Maintenant, pour la Coupe du monde, qui est une compétition de haut niveau, il est vrai que beaucoup de travail reste à faire. Ces joueurs, qui possèdent un potentiel important, ne sont pas bien pris en charge sur le double plan physique et tactique. Le volume horaire de travail au niveau des clubs est très insuffisant. Avec une séance d'une heure et demi par jour, on reste très loin de ce qui se fait ailleurs. Pour pouvoir se hisser à un plus haut niveau, il faut plus de travail, plus de sacrifices et plus d'efforts. On ne devient pas champion avec 1h30 d'entraînement par jour, on ne devient pas champion si on n'a pas de moyens de récupération et on ne devient pas champion si on n'est pas ambitieux. Durant toutes les dernières années, sur la scène internationale, on s'est contenté uniquement de participer, parce qu'on ne pouvait pas suivre le rythme du haut niveau comme l'exigent les grandes compétitions. Il n'y a pas de stratégie réelle à suivre sur le terrain. Cela dit, il ne faut pas accuser tel joueur, tel entraîneur ou tel responsable. Le football c'est toute une chaîne, chacun a fauté à son niveau. Aujourd'hui, on pointe beaucoup du doigt les entraîneurs qui vont négocier leurs contrats sur le plan financier avant toute chose, négligeant les autres aspects, autrement plus importants. Sachez qu'ils n'ont pas trop le choix, car s'ils s'intéressent à autre chose, on les bousille parce qu'ils dérangent l'ordre établi. Et pour revenir au sujet essentiel, je dirais que je ne suis pas d'accord, il y a bien des joueurs sélectionnables dans notre championnat. Seulement, il faut définir les critères de choix, et il est important à ce sujet de connaître le point de vue du sélectionneur national. Peut-être que lui, il voit les choses d'un autre angle, et je trouve que le débat serait intéressant.»
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Saâdane : «Depuis 1990, l'Algérie est entrée en récession»
«Depuis 1990 (début de la décennie noire, ndlr), l'Algérie est entrée en récession, et jusqu'à aujourd'hui, notre football est en crise. Je le dis depuis mon retour à la tête de l'Equipe nationale : il nous faut une grande réforme pour mieux repartir. Le plan est là, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a initié une série de mesures pour réformer le football local. Maintenant, à nous de les concrétiser, car nous avons plus que jamais besoin d'une refonte complète de nos infrastructures pour être en adéquation avec ce qui se passe à l'étranger.»
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Crise d'hommes
Comment s'en sortir, comment relever la tête et comment redorer le blason de notre football ? Comment produire un autre Madjer, un autre Belloumi et un autre Assad ? Faut-il les cloner ? Sommes-nous à ce point en manque de talents pour envisager une solution aussi invraisemblable ? «Non. Le talent, ce n'est pas ça qui manque», affirment tous ceux que nous avons interrogés à ce sujet. En fait, les talents, y en a toujours eu. Ce qui manque en revanche, ce sont des hommes intègres (crise morale), des hommes responsables (crise de conscience), des hommes du métier (crise professionnelle et d'environnement). Voyez-vous, ce n'est pas l'argent qui manque, encore moins les terrains et les infrastructures. Y en avait pas dans les années 60 et 70, et pourtant, les gens qui travaillaient à cette époque nous ont formé une génération en or qui a éclos au début des années 80. Des attaquants de valeur à la pelle, des numéros dix en veux-tu en voilà, et autant de défenseurs, de quoi en faire trois équipes nationales, l'une aussi valable que l'autre. Dans notre société où chacun se prend à déplorer la perte de la notion du devoir, il faut être toujours vigilant pour confier la mission d'éduquer nos jeunes au premier venu. Il est indispensable d'en être toujours conscients.
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Hachemi Djiar (Ministre de la Jeunesse et des Sports) : «Derrière l'arbre d'une victoire, il y a l'immense forêt des problèmes à résoudre»
Au lendemain de la qualification de l'EN au Mondial sud-africain, le Ministre de la Jeunesse et des Sports a commenté l'évènement. Son analyse de la situation, de l'exploit des Verts par rapport à notre championnat est très intéressante. Ecoutons-le :
«La question de la transformation des clubs de l'élite par exemple, en clubs professionnels, sera examinée incessamment, à la lumière des conditions posées par la FIFA pour toute participation future aux compétitions internationales, ainsi que du fait que la haute performance demande un investissement considérable, programmé et constant, qui ne peut en aucune manière relever de l'amateurisme. Elle se mesure par des critères objectifs et rationalisés. Elle nécessite une détection précoce, un entraînement régulier et intensif impliquant une formation permanente et une planification à court, moyen et long termes, sans oublier la reconversion sociale post-compétitive des sportifs et même de leurs entraîneurs. On voit bien qu'il y a encore un chemin laborieux à parcourir pour entrer dans cette logique et hisser ainsi notre pays dans le peloton de tête des grandes nations de football. Les joueurs de l'Equipe nationale et, à un degré moindre, ceux de l'Entente de Sétif, viennent de nous démontrer que rien n'est impossible. Mais nous ne pouvons développer et pérenniser notre présence au plus haut niveau de la compétition que si ce grand sport populaire est conçu, à ce niveau, comme un vrai métier, et si les performances deviennent des fruits naturels du championnat local. Mais cela ne signifie nullement que les joueurs qui évoluent à l'étranger n'ont pas un ancrage en Algérie. En fait, leur ancrage est bien réel. Il a été traduit à travers l'amour viscéral exprimé, à maintes occasions, par ces joueurs pour leur pays d'origine. C'est, en tout cas, en raison des éléments qui viennent d'être succinctement exposés que se précisent les contextes dans lesquels doit s'opérer l'analyse des retombées de l'exploit du 18 novembre 2009 à Khartoum, et que nos perspectives d'action et nos espérances doivent s'établir. Et, derrière l'arbre d'une victoire, il y a, pour ainsi dire, l'immense forêt des problèmes à résoudre et des efforts immenses qui restent à accomplir. Il y a la réalité crue d'un système footballistique opaque et obsolète qui exclut tout progrès si les différents acteurs concernés, notamment au niveau des clubs, ne font rien, conjointement, solidairement et sérieusement pour l'améliorer. Nous devons prendre garde à ce que l'euphorie de la victoire remportée au Soudan ne nous fasse pas oublier que dans la cour des grands où notre équipe a été propulsée grâce au talent de ses membres et de son encadrement, mais aussi grâce au soutien inconditionnel de leurs supporters et à l'accompagnement décisif du chef de l'Etat, le plus dur reste à accomplir. Nous devons rester d'autant plus modestes et déterminés, que les dures lois du sport font que chaque étape de l'escalade vers le sommet est fatalement plus exigeante que la précédente, en termes d'effort, de travail et de sacrifices. En bref, nous devons continuer à travailler dur, en bannissant tout scepticisme, en maintenant notre mobilisation et notre confiance à l'endroit des Verts et en continuant à les accompagner par tous les moyens, dans la sérénité qui sied à ces moments graves du parcours, pour d'autres victoires qui, à ces conditions, sont tout à fait possibles dans le futur, en Afrique du Sud ou ailleurs. Nous devons également nous atteler à la mise en œuvre de la matrice des actions figurant dans le «Dossier football» décliné de la «Politique nationale du sport», dès consolidation de ce dossier, afin de préparer, dans le calme et la concentration, l'avenir qui va bien au-delà de juin 2010. Car, et comme le recommandent tous les footballeurs avertis, c'est dès aujourd'hui qu'il faut travailler aux CAN 2012 et 2014 ainsi qu'aux Coupe du monde 2014 et 2018 notamment.»
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Guendouz : «Quand l'Etat a démissionné, notre football a sombré»
Le fait que le championnat local ne soit représenté que par un seul élément en Coupe du monde vous choque-t-il ?
Cela me révolte et me fait mal au cœur à la fois. C'est catastrophique et malheureux d'en être arrivé là.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Le sujet, par son importance, mérite des heures et des heures de débat. C'est d'ailleurs mon combat de tous les jours. Mais je vais essayer d'être bref pour expliquer les choses, en commençant par ma petite expérience dans les pays du Golfe où j'ai pu mesurer le respect et l'admiration qu'avaient ces peuples dans le passé pour l'Algérie. Ils nous considéraient comme «le Japon de l'Afrique», parce que l'Algérie, dans tous les sports, pas uniquement en foot, brillait à l'échelle internationale à travers des athlètes formés dans le pays. On remportait des médailles dans les différentes manifestations sportives, on avait des champions d'Afrique, des champions du monde, des champions olympiques, on était présents partout et on hissait haut l'emblème national grâce à un produit local, 100% algérien. Malheureusement, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Pourquoi justement ?
En 1977, c'est l'Etat qui gérait le sport et tout était pris en charge par les pouvoirs publics avec rigueur. La réforme portait bien son nom. Des entraîneurs ont été formés, les équipes du championnat étaient bien encadrées et les différentes équipes nationales bénéficiaient d'une bonne préparation. Les résultats n'ont pas tardé à venir. Mais en 88, la rue a commencé à s'immiscer des affaires du football. Deux ans après, au début des années 90, l'Etat s'est retiré sans préavis. Commença alors la descente aux enfers. Durant la décennie noire, l'Etat avait d'autres chats à fouetter, et des gens malintentionnés, qui n'ont rien à voir avec le sport, ont profité de la situation pour prendre le football en otage. Un esprit malsain s'est installé, les entraîneurs ne formaient plus et ce qui est plus malheureux encore, c'est que des gens intègres ont accepté cette situation.
Pendant ce temps, des jeunes à l'avenir prometteur en ont payé les frais, non ?
Exact, j'allais vous en parler justement. Une génération en or, au talent incroyable, a été sacrifiée. Les Dziri, Lounici, Tasfaout, Saïb, Meftah, Rahem, étaient beaucoup plus forts et plus doués que ceux qui partent cet été en Afrique du Sud, mais on les a bousillés. Dziri par exemple, était en lui-même une stratégie sur le terrain. Il me faisait rappeler souvent Cruijff. Je ne compare pas son talent et son niveau à ceux de Cruijff, mais cette capacité de jouer et diriger ses coéquipiers en même temps, en plus d'une clairvoyance hors du commun. C'est aussi le cas de Saïb et de Lounici. C'est dommage que le football algérien n'en a pas profité. Les responsables doivent aujourd'hui s'excuser auprès d'eux et leur demander pardon.
On vous reproche d'avoir contribué à ce pourrissement en abandonnant le navire …
Moi, je suis parti parce que je ne voulais pas cautionner tout cela. Il fallait rentrer dans le moule et tout accepter ou dégager. J'ai préféré la deuxième option. Je suis revenu il y a quelques années et j'ai pu me rendre compte que les choses n'ont pas changé et qu'il fallait dégager une nouvelle fois. Je l'ai fait sans hésiter. Mais je ne baisserai pas les bras pour autant, et je vais revenir pour combattre cette gangrène en restant fidèle à mes principes.
En résumant, qui sont selon vous les responsables de ce grand échec ?
Ils sont nombreux, chacun à son niveau, la liste est longue. Mais pour moi, quand l'Etat a démissionné, des intrus sont apparus et le football a sombré. Et quand l'Etat est revenu, nous nous sommes qualifiés de nouveau en Coupe du monde. Car, il ne faut pas oublier que c'est l'Etat qui a mobilisé toute la nation derrière l'Equipe nationale pour qu'elle franchisse le cap de Khartoum. Et si jamais l'EN fait une bonne Coupe du monde, ça va être un coup encore plus dur pour notre championnat.


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