«Le match aller est à mettre aux oubliettes et le 4 juin prochain, ce sera une autre paire de manches» Lors de notre virée au stade Harti de Marrakech, mardi dernier, pour suivre la rencontre de championnat entre le KACM et le MAS, on a croisé à la fin du match, l'ancienne star marocaine du FC Porto, en l'occurrence Tarik Sektioui, qui évolue désormais au Moghreb de Fès. On en a profité pour lui poser quelques questions sur ce match derby qui mettra aux prises le Maroc avec l'Algérie le 4 juin prochain, lui qui accumule 25 sélections avec les Lions de l'Atlas. Bonsoir Tarik, je suis journaliste algérien et je voudrais vous poser quelques questions si c'est possible ? Bien évidemment. Vous êtes le bienvenu au Maroc et je suis à votre disposition. Je vous remercie. Tout d'abord, revenons sur ce match qui vient de se terminer entre votre équipe du MAS et le KACM. Ça a été dur, mais la victoire est là, et elle vous permet de terminer à la deuxième place du classement. Un commentaire ? Oui, en effet. Comme vous venez si bien de le signifier, la rencontre fut très difficile pour nous. On a eu en face un adversaire qui jouait ses dernières chances pour le maintien et on s'attendait à ce que notre tâche soit compliquée. Avant le match, beaucoup de gens croyaient qu'on allait lever le pied pour permettre au KACM de se maintenir, mais El Hamdoulilah, on a prouvé qu'on est une équipe qui a des valeurs et qui respecte l'éthique sportive jusqu'au bout. Je suis triste pour le Kawkeb, mais c'est ça la loi du football. Un jour tu ris, un jour tu pleurs. On connaît Sektioui en tant que joueur qui a longtemps brillé sur les pelouses européennes. Pourquoi ce retour dans le championnat local ? Je ne sais pas si vous le savez, mais j'ai débuté ma carrière de joueur avec le MAS de Fès et c'est pour cette raison que je serai à jamais reconnaissant envers ce club, qui m'a tout donné. Certes, j'ai joué plusieurs saisons de haut niveau à l'étranger, mais il n'était pas question que je termine ma carrière là-bas. Je suis revenu à mon club de toujours pour finir en beauté mes dernières années qu'il me reste à jouer. Certains disent que votre retour au Maroc est dû au fait que vous avez perdu beaucoup de vos qualités. Vous répondez quoi ? Non, je ne pense pas. J'ai certes 33 ans, mais je me sens toujours capable d'aider mon club et de le guider vers des titres. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'avais prévu, il y a plusieurs années maintenant, de revenir terminer ma carrière dans mon pays, au MAS plus précisément, car à part ce dernier, je ne jouerai pour aucun club du Maroc. Dieu merci, cette saison fut riche pour moi ainsi pour le club. On vient de terminer deuxième du championnat, on a aussi disputé la finale de la Coupe du Maroc et on s'apprête dans les tout prochains jours à jouer les huitièmes de finale de la Coupe de la CAF. Malgré cela, vous ne figurez plus dans la liste de la sélection nationale et cela depuis plus de trois ans. Comment l'expliquez-vous ? Je ne saurai vous répondre avec exactitude. Ce sont des choix d'entraîneurs, c'est tout. Moi, je reste au service de mon pays et lorsqu'on fera appel à moi, je serai toujours là. Défendre les couleurs de son pays, c'est toujours un honneur. Vous avez eu une carrière exemplaire avec presque tous les clubs avec qui vous avez joué. Cela dit, votre parcours en sélection demeure assez maigre. Quelle est la raison ? Dans certains cas, il arrive qu'un joueur trouve du mal à briller en sélection, comme il le fait en club. C'est peut-être ce qui s'est passé avec moi. Toutefois, je dirai qu'à chaque fois que j'ai porté le maillot national, j'ai donné le meilleur de moi-même et fait en sorte de procurer de la joie au peuple marocain. Peut-on dire qu'actuellement, vous nourrissez quelques regrets par rapport à cela ? Non, je n'ai aucun regret à avoir. Je suis plus que satisfait de ma carrière jusque-là. J'ai la conscience tranquille, car je sais que je me suis donné corps et âme pour servir les couleurs de mon pays et j'en suis fier. Pensez-vous que vous avez votre place dans cette sélection actuelle ? A vrai dire, je ne peux aspirer à plus que ça avec la sélection. Désormais, c'est une nouvelle génération qui forme l'équipe nationale, et ça serait un manque de respect que de dire que je mérite d'être parmi le groupe ou quelque chose dans le genre. On possède de très bons joueurs et pour ma part, je n'ai qu'à les encourager. Je n'ai pas le droit de critiquer les choix du sélectionneur, car c'est de l'intérêt de tout un pays dont il s'agit. Etes-vous en contact avec certains joueurs de la sélection marocaine actuelle, tels Kharja ou Chamakh ? A vrai dire, pas vraiment. Cependant, ça m'arrive d'appeler quelques-uns des joueurs actuels de l'EN pour prendre de leurs nouvelles et voir le degré de leur préparation. Pour les autres, je suis leur parcours de loin. La sélection marocaine rencontrera son homologue algérienne le 4 juin prochain pour un match qui s'annonce palpitant. Comment Siktioui appréhende cette rencontre ? La rencontre va être difficile pour les deux équipes, ça c'est certain. Les quatre sélections de ce groupe D sont à égalité de points et cela démontre que la qualification pour la prochaine CAN ne sera pas aussi facile que cela. Je pense que la moindre erreur sera fatale. Ne pensez-vous pas que l'Algérie part avec un certain avantage pour ce match, quand on sait qu'au match aller disputé à Annaba, le 27 mars dernier, c'est elle qui l'a emporté ? Le match aller est désormais à mettre aux oubliettes. Cette fois-ci, beaucoup de données vont changer. Nous allons jouer à domicile et devant nos milliers de supporters et je pense que cela fera la différence. Ce que je souhaite, c'est que le match se joue dans le fair-play le plus total. La sélection marocaine abordera ce match avec plusieurs absences à son actif en raison de blessures. Ne craignez-vous pas que cela pourrait la pénaliser ? Il est évident que lorsqu'une équipe enregistre beaucoup d'absences, cela risque d'influer négativement sur son rendement. Cependant, pour un match de cette importance, et face à un adversaire qui nous ressemble, la volonté et la combativité sur le terrain feront la différence. Une sélection, c'est avant tout un groupe et un état d'esprit très différent de celui qu'on peut trouver en club. Le forfait à la dernière minute d'El Hamdaoui pèsera lourd lui aussi, quand on sait que le Maroc sera amené à jouer plus l'offensive lors de ce match ; non ? Mounir est un excellent joueur et ses performances avec le grand Ajax Amsterdam le prouvent. On regrettera certainement son absence pour ce match, mais je pense que le Maroc, ce n'est pas qu'El Hamdaoui. Il y a d'autres joueurs du même calibre qui sauront le remplacer sans problème. Quelles sont, selon vous, les clés du match ? Il y en a deux à mon sens. L'équipe qui saura maîtriser ses nerfs, jouer calmement, et ne pas refaire les mêmes erreurs du match aller, l'emportera à coup sûr. Les individualités de certains joueurs pèseront aussi. Est-ce que vous connaissez quelques joueurs de la sélection marocaine ? Non, je n'en connais pas, même si j'ai eu l'occasion de les rencontrer à plusieurs reprises durant ma carrière. On se souvient que vous avez rencontré Karim Ziani lorsque vous étiez joueur à Porto et lui à Marseille, à l'occasion d'un match de Ligue des champions d'Europe… Ah oui, en effet ! Je me rappelle bien de ce match. Ce soir-là, vous avez réussi à inscrire un but venu d'ailleurs… Tout à fait. C'est vrai que lors de ce match, j'avais réussi à inscrire l'un de mes plus jolis buts de ma carrière. Cela dit, ce n'est pas le plus beau. Vous avez joué durant trois années avec le FC Porto. Durant toute cette période, est-ce qu'on vous a comparé un jour à notre ancien international, Rabah Madjer, qui a porté les couleurs de cette équipe dans les années 1980 ? Non, jamais. Je ne pourrai jamais être comparé à une icône comme Madjer. Ce dernier a marqué l'histoire du football algérien et celui du FC Porto. Quand j'étais là-bas, j'entendais souvent les gens parler de lui, et ce que je peux vous confirmer, c'est que même des années après, ils l'apprécient toujours autant. Il a laissé une belle image du joueur arabe et reste à ce jour une star à Porto. On vous laisse conclure… Je souhaite, bien entendu, que la rencontre du 4 juin se joue dans une bonne ambiance et que le fair-play règne et ce, quel que soit le résultat final. Les supporters des deux sélections doivent montrer l'exemple et donner une belle image de fraternité. Sa fiche technique Nom complet : Tarik Sektioui Date de naissance : 13 mai 1977, à Fès Poste : milieu offensif Parcours professionnel : 1997-1999 : Auxerre 1999-2000 : Maritimo (prêt) puis de juillet à décembre : Neuchâtel Xamax 2000-2004 : Willem II Tilburg 2004-2006 : AZ Alkmaar 2006-2009 : FC Porto 2009-2010 : Ajman 2010- Moghreb Fès Sélections en équipe nationale : 25 de 2001 à 2008 pour 6 buts inscrits
