«Halilhodzic a aussi déclaré qu'il comptait sur moi, donc il n'y a pas lieu de polémiquer.» Bazdarevic : «Il n'y a aucun problème avec Ryad.» Ryad Boudebouz revient, dans cet entretien accordé au Buteur, sur ce geste qu'il a commis dimanche face à Auxerre, à sa sortie du terrain. Remplacé par son entraîneur, le meilleur passeur et buteur du FC Sochaux, qui fulminait de colère, explique qu'il était très déçu du résultat du match, d'où son geste d'énervement. Ryad, qui a repris, hier, normalement les entraînements avec l'effectif professionnel sochalien, rappelle qu'il restera toujours au service de la sélection. Tout d'abord, beaucoup de choses ont été dites ces derniers temps à propos de votre non-sélection. Dites-nous comment vous avez vécu cet événement… D'abord, je dois dire que ma non-convocation a été surmédiatisée au point où chacun est allé de sa version des choses. Parfois, on m'a même attribué certains propos. Mais bon, pour revenir à votre question, effectivement j'étais très déçu de n'avoir pas été retenu pour ce match de la RCA, mais au risque de me répéter pour la énième fois, le coach Halilhodzic a fait son choix et il est le maître à bord. Je n'ai absolument rien à dire là-dessus. Vous avez promis de tout faire face à Auxerre pour prouver à Halilhodzic qu'il avait tort, d'où votre sortie ratée dimanche ? Non, je n'ai jamais dit cela. J'ai tout simplement déclaré que j'étais, certes, déçu de ne pouvoir faire profiter la sélection de mon pays de ma forme actuelle et qu'après, je devais préserver ma concentration pour le match d'Auxerre et confirmer avec mon équipe. Voilà un peu pourquoi je vous ai dit que, parfois, on me prête des propos que je n'ai jamais tenus. Je vous ai dit aussi samedi que j'étais déçu mais pas du tout abattu. Sincèrement, croyez-vous vraiment que techniquement j'avais besoin de prouver au coach Halilhodzic, alors que je réalise l'un de mes meilleurs débuts de saison de ma carrière avec des buts et des passes décisives à Sochaux ? Donc, ce geste que vous avez commis ce dimanche (entretien réalisé hier) à L'Abbé-Deschamps face à Auxerre n'avait rien à voir avec votre mise à l'écart du groupe de l'EN… Mais non ! Ecoutez, je suis un joueur professionnel qui respecte son club employeur. Donc, je sais faire la part des choses. Ce n'est pas parce que le sélectionneur national a décidé de se passer de mes services pour deux matchs que je vais perdre la raison et laisser exploser ma colère avec mon équipe. Non, je ne me permettrai jamais une chose pareille. Et si on revenait à ce geste que vous avez effectué à votre remplacement dimanche ? Sincèrement, c'est un geste que je regrette mais qu'on voit souvent sur les terrains de football. Donc, il n'y avait pas lieu d'en faire toute une histoire, surtout que je n'avais pas l'intention de manquer de respect à quiconque parmi mes camarades à Sochaux. Tout ce qu'il y a est que je suis un gagneur et face à l'AJ Auxerre, je me sentais capable d'aider encore mes camarades à revenir dans le match, après ce premier quart d'heure cauchemardesque de seconde période. Lorsque le coach m'avait demandé de céder ma place, j'avais du mal à comprendre mon remplacement et ce qui s'est produit après était vraiment involontaire de ma part. Mais vous êtes allé directement aux vestiaires, sans dire un mot au coach ni salué vos camarades, vous avez même lancé une bouteille en signe de mécontentement et cela a été différemment interprété… C'est vrai, mais je crois que, là aussi, on a voulu donner une proportion plus grave à mon geste. Je ne comprends pas cet acharnement, alors qu'il s'agit là d'une réaction due à une déception sportive, ni plus ni moins. Il n'y a pas une semaine, un camarade de l'EN a fait pratiquement la même chose, mais cela est passé presque inaperçu. Mais lorsqu'il s'agit de Boudebouz, on essaye d'amplifier les choses et d'en faire tout un plat. Je suis vraiment navré, mais j'ai l'impression que je suis à chaque fois attendu au tournant. D'autres soutiennent que vous avez manqué de respect au coach Bazdarevic parce que vous n'étiez pas en odeur de sainteté avec lui, qu'en est-il de tout cela ? Vous voyez, c'est du n'importe quoi. Ma relation avec le coach Bazdarevic est correcte. Il me parle beaucoup, c'est normal, je suis un joueur important de son équipe et auquel il fait confiance. Après, vous pouvez lui demander, il ne s'est absolument rien passé entre nous. Je le dis encore une fois, mon geste est dû beaucoup plus à cette très mauvaise entame de seconde période de mon équipe qui nous a coûté trois buts, voilà tout. Que vous a dit le coach en fin de rencontre ? Rien de spécial. Il ne m'a rien dit personnellement. Il s'est adressé au groupe comme il le fait à chaque fin de rencontre. Et ce matin à l'entraînement, ça s'est passé comment avec vos camarades et votre coach ? Tout s'est bien déroulé. Je suis arrivé normalement au camp d'entraînement, j'ai serré la main à mes camarades et au coach, comme j'ai l'habitude de le faire. On est revenus sur ce revers et on s'est donné le mot de vite retrouver notre véritable niveau. On croit savoir que Bazdarevic a déclaré que vous étiez encore gamin et qu'il vous faut encore du temps pour mûrir, vous a-t-il signifié cela ? Ce n'est pas vrai ! Je vous assure qu'il ne m'a jamais dit cela. Ryad, le sélectionneur a déclaré qu'il ne sentait pas en vous une réelle envie de jouer pour la sélection et que vous êtes un peu le genre de joueur à choisir ses matchs, une réaction ? (Il nous coupe) Ecoutez, je crois que le coach Halilhodzic a déclaré aussi qu'il comptait sur moi. C'est ce que j'ai pu lire dans la presse et, croyez-moi, c'est ce que je retiens le plus du coach. Je sais que c'est quelqu'un de strict et juste, donc comme je l'ai dit samedi sur vos colonnes, s'il a pris cette décision, c'est pour mon bien et celui de la sélection, j'en suis persuadé. Il a dit aussi que vous avez peut-être envie de jouer les matchs de la Coupe du Monde… Vous savez, j'ai lu tout ce qu'il a déclaré sur les colonnes du Buteur et je n'ai jamais senti une volonté de sa part de me chasser de l'Equipe nationale. Il a dit bien peut-être. Donc ce n'est pas affirmatif à cent pour cent. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le coach Vahid a déclaré dans la presse qu'il comptait sur moi. Maintenant, moi, je l'ai toujours dit, je suis toujours à la disposition de l'Equipe nationale. Et lorsqu'on fera appel à moi, on verra si je choisis mes matchs. Certains parlent d'acharnement et de sanction, ressentez-vous cela de la part d'Halilhodzic ? Non, alors là, pas du tout. Il a pris une décision, il faut la respecter. Moi, ce qui me fait mal, ce sont les spéculations des autres personnes qui veulent nuire à mon image, comme cette histoire d'embrouille avec Guedioura qu'on a voulu créer juste pour salir ma réputation. Justement, peut-être qu'Halilhodzic a eu un mauvais rapport à propos de votre comportement… Je ne sais pas et je ne veux pas croire cela. Halilhodzic est un coach qui a un mode de fonctionnement professionnel donc, si ça avait été le cas, il me l'aurait certainement signifié. Et vos camarades en sélection vous ont-ils appelé ? Oui, j'ai échangé comme d'habitude des SMS avec certains de mes coéquipiers en sélection. Et je tiens à les remercier à travers votre journal de leur soutien. Parlez-nous un peu maintenant de votre départ en trombe en championnat avec Sochaux… J'étais motivé à réussir mon départ, d'où cette bonne entame de championnat avec Sochaux. Malheureusement, comme c'est aussi le cas de mon équipe, on a raté nos deux derniers matchs face à Rennes et Auxerre. Bon, il reste un long parcours et on est déterminés à sortir la tête de l'eau. Après, c'est toute l'équipe qui n'a pas marché. Prendre dix buts en deux matchs, c'est un peu trop, non ? C'est vrai, c'est très sévère mais tout le monde est conscient à Sochaux que nous valons bien mieux que ça. On doit se serrer les coudes et se poser les bonnes questions pour refaire surface. Un dernier mot ? Je tiens à rassurer encore une fois les supporteurs algériens que ce geste que j'ai fait face à Auxerre n'est pas du tout une conséquence directe de ma non-sélection. C'est pour vous dire que le choix du coach Halilhodzic, que je respecte d'ailleurs, ne m'a pas déstabilisé. Je me suis entraîné hier normalement avec le groupe et tout est entré dans l'ordre. Ce n'est donc pas la peine de spéculer encore sur cette affaire. --------------------------------------------------------------- Bazdarevic : «Il n'y a aucun problème avec Ryad» Joint par nos soins hier en début de soirée, l'entraîneur du FC Sochaux, Mehmet Bazdarevic, estime que Ryad Boudebouz a commis une erreur de jeunesse et que ça ne servait à rien de l'enfoncer. Contrairement à ce qui a été rapporté, Ryad ne passera pas en conseil de discipline : «Ryad Boudebouz est un jeune garçon plein de qualités sportives et humaines. C'est vrai qu'il a fauté, mais c'est quelqu'un de très gentil qui a besoin qu'on l'aime. Donc, moi qui suis son coach, je sais comment le prendre et comme je l'aime bien, je lui pardonne. Je sais qu'il ne va plus refaire ça parce que c'est un garçon intelligent. Il n'y aucun problème» «Halilhodzic doit l'aider» Abordé au sujet de sa non-sélection pour le prochain match contre la RCA, le technicien bosniaque, Bazdarevic, estime que le sélectionneur national doit aussi aider Ryad Boudebouz à se surpasser : «Je pense que Vahid doit aussi l'aider à passer ce cap. Moi, à mon niveau, je fais tout pour qu'il progresse. C'est un joueur plein de qualités qui peut faire beaucoup de belles choses. Connaissant Vahid, il va tirer profit de ce joueur car c'est quelqu'un qui a toujours su comment aider un joueur comme Ryad. Mais il faudrait aussi qu'il se montre réceptif aux conseils de ses techniciens.» «C'est quelqu'un qui tient beaucoup à sa nation» Interrogé si son milieu de terrain, Ryad Boudebouz, était bien en mesure d'apporter un plus à la sélection en ce moment, Bazdarevic a été on ne peut plus clair : «Je ne sais pas avec qui il est en concurrence en Equipe nationale, mais un jeune comme lui représente l'avenir. Je peux vous dire que Ryad aime beaucoup la sélection de son pays. En tout cas, avec Martin, il est mon meilleur joueur.» «Boudebouz était bel et bien blessé avant le stage de Marcoussis» Accusé d'avoir simulé une blessure à la veille du regroupement des Verts effectué à Marcoussis, Bazdarevic blanchit son poulain et déclare : «Sans vouloir entrer dans les détails de cette histoire, je vous affirme que Ryad Boudebouz était bel et bien blessé et qu'il était au repos forcé jusqu'au match de Caen. Non, il n'a jamais simulé de blessure.» «Son geste n'a rien à voir avec sa non-convocation» Concernant les raisons de ce geste que certains ont voulu lier à sa non-convocation, notre interlocuteur est catégorique : «Je suis son entraîneur et je le connais assez bien. Donc, je peux vous dire que ce geste d'énervement n'a rien à voir avec sa non-sélection. Ryad est plus fort que ça, sinon, il ne mériterait pas d'être un joueur professionnel.»
