«Madjer est le meilleur joueur qui soit passé au FC Porto et au Portugal» «Je sais que Zidane, Benzema et Nasri sont tous des Algériens d'origine» Gil Rui Barros, l'ancien international portugais, a répondu favorablement à l'invitation de Rabah Madjer pour participer à ce match gala Le Buteur-Madjer-Unesco. Nous l'avons ainsi rencontré hier à l'hôtel où il nous a accordé une longue interview où l'on vous invite à découvrir l'ex-joueur du FC Porto, de la Juventus de Turin et de l'OM, qui a eu l'honneur de remporter la Coupe intercontinentale et la Supercoupe d'Europe avec le FC Porto, la Coupe de l'UEFA avec la Juventus. Pour son premier séjour chez nous, il a beaucoup apprécié ses premières heures en Algérie. M. Rui Barros, c'est la première fois que vous mettez les pieds en Algérie, comment avez-vous trouvé le pays ? Oui, c'est vrai. Je viens en Algérie pour la première fois. Je n'ai pas eu la chance de visiter ce pays par le passé. Dès que j'ai mis les pieds à Alger, j'ai été séduit par cette ville. Vraiment, vous avez de la chance, vous avez un très beau pays. Qu'est-ce qui a motivé votre acceptation de l'invitation de Rabah Madjer ? Dès que Madjer m'a appelé au téléphone pour me demander de venir ici à Alger pour ce match de gala, j'ai tout de suite accepté. J'ai répondu par l'affirmative. Pour ce qui est de la raison qui m'a poussé à accepter une telle proposition, c'est mon interlocuteur. J'ai beaucoup de respect à Rabah Madjer. C'est un joueur que j'estime beaucoup d'autant plus qu'on a joué ensemble au FC Porto. Sans doute que la cause vous a aussi enthousiasmé à accepter cette invitation ? Bien sûr que la cause a pesé sur ma décision. Il fallait que je sois présent pour aider les gens, pour mon ami Madjer et enfin pour découvrir ce pays. Pensez-vous que cette initiative est capable d'aider les gens qui meurent de la famine en Afrique ? Je pense que oui. Cela va beaucoup aider pour combattre la famine en Afrique. Vous savez, le football est un sport populaire, il permet de rassembler les gens, surtout lorsqu'il s'agit de grands noms du football mondial, ça attire toujours. Aujourd'hui encouragez-vous les gens à se déplacer en masse pour assister à ce match de gala ? J'espère que le stade sera plein. Les familles algériennes doivent se rendre toutes au stade pour soutenir les peuples d'Afrique ainsi que l'Unesco, pour rendre le sourire à ces personnes défavorisées. Pensez-vous que ce geste caritatif sera suffisant pour redonner le sourire à ses gens en détresse en Afrique ? Oui, mais il faut multiplier ces gestes caritatifs pour essayer d'apporter un plus. Avez-vous déjà participé à ce genre de match ? Oui, j'ai participé à plusieurs matches de gala à but caritatif. Je l'ai toujours fait avec un immense plaisir dans le but d'apporter mon aide aux personnes en détresse. Le dernier en question ? C'était à Paris en France. J'avais participé à un match de gala avec plusieurs anciens internationaux français ainsi que l'équipe de France 98, qui a été sacrée champion du monde. Connaissez-vous le stade du 5-Juillet qui va abriter ce match de gala ? Non, je ne le connais pas. C'est vraiment dommage que je n'ai pas eu l'occasion d'y jouer ou de le voir, mais j'en ai beaucoup entendu parler. Par qui ? C'est Rabah Madjer qui m'a parlé du grand stade d'Alger (NDLR : le 5-Juillet). Il m'a dit que, souvent, lors des grands matches, il est plein. On m'a dit aussi que c'est un beau stade. J'espère qu'il sera plein demain (entretien réalisé dimanche, ndlr). Quels sont les joueurs algériens que vous aimeriez affronter ? Je ne connais pas beaucoup de joueurs algériens, mis à part Rabah Madjer et bien sûr ceux qui sont nés ici (rires), à savoir Zidane, Nasri et Benzema. Enfin, je connais aussi deux autres joueurs : Djamel Menad, l'ex-attaquant de l'équipe d'Algérie lors des années 90. C'était un grand joueur… Et l'autre ? C'est Meddane (Hakim Meddane, ndlr). Il a déjà joué au Portugal et a fait un bon passage ici. Sincèrement, c'est un grand joueur. Ce sera un plaisir de le rencontrer avec Menad. Aujourd'hui, les jeunes qui ne vous ont pas connu comme joueur ont hâte de vous découvrir. Leur promettez-vous le spectacle ? Je l'espère bien sûr. Vous savez, j'ai 45 ans, ça fait déjà belle lurette que je n'ai pas joué, mais je m'entraîne toujours. C'est-à-dire que j'ai gardé la forme. Je travaille actuellement au FC Porto pour trouver de jeunes talents et permettez-moi de vous dire qu'en Algérie, ça ne manque pas. C'est-à-dire ? Chez vous, vous avez beaucoup de jeunes talents, seulement ils n'ont pas de chance pour décrocher un contrat en Europe. J'espère en tout cas que vous allez découvrir un autre Madjer dans l'avenir. Parlons maintenant de votre parcours professionnel, vous n'avez pas eu la chance d'être au côté de Madjer pour remporter la Ligue des champions européenne en 1987. Peut-être est-ce le plus grand gâchis de votre carrière ? A l'époque, j'étais jeune, mais j'étais tout de même un joueur du FC Porto. Donc, cette saison 86/87, les responsables du club m'ont prêté vers une autre destination. La saison d'après, je suis revenu au club pour gagner la Coupe intercontinentale ainsi que la Supercoupe d'Europe. Comment avez-vous suivi la finale Bayern Munich-FC Porto ? Je l'ai suivie en compagnie d'amis à la maison. Je ne vous le cache pas, j'étais vraiment content et très heureux après cette consécration. C'était un moment magique pour nous. Votre réaction au moment où Madjer avait égalisé avec une jolie talonnade dans les filets de Pfaff ? J'ai sauté de joie. J'étais très content après ce but somptueux. Par la suite, comment étaient vos rapports avec Madjer ? C'était bien. J'avais d'excellents rapports avec lui et j'avais beaucoup de respect pour lui. Je peux vous dire que Madjer est le meilleur joueur étranger qui est passé par le FC Porto en particulier, et au championnat portugais en général. Par la suite, vous avez rejoint la Juventus de Turin. La presse étrangère parle d'une expérience ratée pour vous. On aimerait avoir votre avis personnel… Non pas du tout. Pour moi, c'était une expérience riche et réussie. Le fait de porter les couleurs d'un prestigieux club comme la Vieille Dame est un honneur et un prestige aussi. Vous avez joué à l'OM, un club estimé par de nombreux Algériens. Qu'est-ce qui vous a marqué ? A l'OM, c'était complètement différent. Croyez-moi, c'était magique avec les Phocéens ! J'ai passé des moments inoubliables avec ce club, pourtant je n'y suis resté qu'une seule saison, contrairement à l'AS Monaco, par exemple, où je suis resté plus longtemps. J'ai été vraiment marqué par ce passage à l'OM. On jouait souvent nos matches devant une affluence très forte comme 30 000 ou 40 000 spectateurs. A Monaco, on évoluait devant une affluence faible. Il n'y a pas photo là-dessus. Entre l'OM et la Juventus, où avez-vous gardé les meilleurs souvenirs ? Incontestablement, c'est à la Juventus de Turin. A cette époque, j'étais très jeune. Je jouais avec de grands joueurs comme Squillaci, Casiraghi et Altobelli. Aussi, j'ai vécu à Turin des moments vraiment inoubliables. Le public italien était aussi fantastique. Vous avez pris part à l'Euro 96, mais vous êtes éliminés en quarts de finale face à la République tchèque. Qu'avez-vous retenu de ce tournoi ? Oui, on avait fait un très bon tournoi en 96, malheureusement, on a quitté la compétition en quarts de finale face à la République tchèque, qui a réussi à atteindre la finale. La chance nous a tourné le dos. Parlons de la sélection du Portugal, qu'est-ce qu'il manque à la Seleçao pour décrocher l'Euro ou la Coupe du monde ? Je pense que c'est ce qui manque à l'équipe du Portugal. On a organisé l'Euro 2004 chez nous, mais nous avions terminé deuxième derrière la Grèce. Je pense que si nous avions gagné la Coupe d'Europe, on aurait pu espérer remporter la Coupe du monde. Le Portugal possède de très grands footballeurs, mais la chance lui a toujours tourné le dos. C'est vraiment dommage. J'espère que pour l'Euro 2012, la Seleçao réalisera son objectif, qui est de remporter le trophée. Un mot concernant le Clasico Barcelone-Real Madrid que vous avez suivi à Alger… Pour ne rien vous cacher, j'étais avec le Real Madrid parce qu'il y a des compatriotes là-bas mais aussi j'ai beaucoup apprécié cette rencontre entre les deux plus grands de la planète. Pour conclure, on aimerait avoir votre avis sur Hillal Soudani, un Algérien qui évolue au Portugal… Je connais Soudani, c'est un très bon joueur. Je pense qu'il peut encore progresser. Il va falloir qu'il se donne à fond à Guimaraes pour pouvoir décrocher un contrat professionnel ailleurs, un contrat meilleur que celui-là.
