Hammar : «L'ESS se porte bien» Les dizaines de milliers de supporters sétifiens ont investi mardi, très tôt, les rues de la ville et cela depuis les premières heures de la journée. Des drapeaux ont été accrochés aux façades des immeubles, aux poteaux, aux balcons et fenêtres des maisons et même aux arbres. Les Sétifiens ne voyaient que du noir et du blanc. Les permanences des partis politiques ont saisi cette occasion pour accrocher les posters de l'équipe et ceux des stars du club. Radio Hidhab, la radio régionale, n'émettait que les chansons confectionnées pour l'occasion. Le calme avant l'explosion de joie Dès quatorze heures, les rues étaient presque désertes. Des commerçants ont installé des écrans pour permettre aux fans de l'équipe phare des Hauts-Plateaux de suivre la finale ailleurs qu'à la maison. Ceux qui étaient dans l'obligation de tenir leur poste en ce jour de fête des travailleurs ont pris leurs précautions. «Malheureusement, je ne peux suivre le match à la télé mais j'ai ramené un poste radio pour ne pas le rater», nous dira cet infirmier de garde au service aux urgences. Des youyous pour célébrer le but de Hachoud Les supporters, qui avaient les yeux braqués sur le stade du 5-Juillet où les partenaires du revenant Aoudia disputaient une ô combien importante partie de football, avaient la peur au ventre, et ce n'est qu'à la 21' du match, au moment où Hachoud expédiera un missile que Ousserir ne verra que passer, que la ville sortira de sa torpeur. Les artères de capitale des Hauts-plateaux sont dès lors envahies par des centaines de Sétifiens durant la mi-temps. La cité a été investie et un brouhaha l'a réveillée. Des femmes poussaient des youyous, des klaxons et des cris fusaient de partout. Après, c'est le silence qui régnait et la peur qui s'installait, un but est insuffisant et devant une équipe du CRB qui, dès la reprise, prendra le jeu à son compte. La victoire est loin d'être assurée. A la 81', le rusé Ammour remettra les pendules à l'heure. Lors des prolongations, la suite est connue et après le coup de sifflet final de l'arbitre, des centaines de milliers de Sétifiens ont investi de nouveau la rue. Les habitants d'El Eulma, Aïn Oulmène, Bougaâ et même des wilayas limitrophes ont été de la fête qui a duré jusqu'au matin. Les centaines de véhicules transportant les socios de l'ESS, aux couleurs noire et blanche avec l'emblème national, trouvaient des difficultés à se frayer un chemin dans cette ambiance de fête. Les Sétifiens ont, des heures durant, chanté, dansé et même pleuré de joie. Même la gent féminine était dans la rue jusqu'à une heure tardive pour exprimer sa joie après la victoire de l'ESS. «Inch'Allah ya Rabi, Fouara championni !» Les jeunes et les moins jeunes scandaient : «Inch'Allah ya Rabi, Fouara championni !» Les supporters, qui sont contents que leur club ait remporté cette coupe, ne jurent maintenant que de championnat. Ils ont décidé de faire la fête jusqu'à l'arrivée de leurs héros étreignant le huitième trophée du genre dans l'histoire du club. Un couscous géant ! Un fan des Noir et Blanc a convié, sur les ondes de la radio locale, tous les Sétifiens à un couscous à la cité Tandj, un des plus anciens quartiers populaires de Sétif. Dans la matinée d'hier, des milliers de Sétifiens se sont réunis devant les cafés pour commenter et analyser le match. Même les chômeurs ont trouvé leur panacée, réalisant de juteuses affaires. Ils ont écoulé des chapeaux, des casquettes, des écharpes et des tenues jusqu'à être en rupture de stock. Une marée humaine… Sitôt le coup de sifflet final de la partie donné par Amalou, l'arbitre de la finale, une marée humaine a, comme il fallait s'y attendre, déferlé sur la ville de Sétif, pour fêter la victoire de l'ESS en finale de la Coupe d'Algérie, jouée au stade du 5-Juillet contre l'équipe du CRB. Le superbe but marqué au cours des prolongations, par l'opportuniste Benmoussa, a transformé le rêve en réalité pour les dizaines de milliers de fans de l'Aigle noir. L'exploit réalisé du côté du stade du 5-Juillet a été salué avec enthousiasme par des cortèges de véhicules qui se sont formés spontanément pour faire des tours d'honneur et sillonner les rues de la ville, à coups de klaxons et de chants entonnés par une foule en délire à la gloire des héros du jour. Dame coupe s'est laissée séduire pour la huitième fois Courtisée systématiquement par l'Aigle noir depuis l'indépendance, Dame coupe s'est laissée séduire pour la huitième fois et accorder ses faveurs à une équipe de l'ESS qui a pourtant longtemps douté après le but de Ammour. Les Sétifiens montreront le plus de volonté pour dominer cette prestigieuse compétition populaire. Nous voulons le doublé maintenant ! «Gagner la Coupe d'Algérie est fait pour ouvrir la voie royale à d'autres succès et à d'autres bonheurs», s'est exclamé ce supporter. Pour ce fan du club, comme pour tant d'autres inconditionnels des Noir et Blanc, cette victoire «n'est qu'un prélude à une nouvelle ère qui permettra à l'ESS de redorer son blason, tant à l'échelle nationale que continentale, à commencer les derniers matchs de championnat où les camarades de Benchadi auront à se surpasser pour terminer en beauté et offrir le doublé à leurs inconditionnels». Chants, musiqueet vuvuzellas au rendez-vous Au centre-ville, dans les quartiers périphériques, dans les villages et les moindres coins et recoins de la wilaya, un décor de fête est planté. Fait témoignant de la confiance qu'ont les supporters de leurs favoris. Hamid, un invétéré du club, dira : «Nous avions la prémonition que le sacre prendra, cette fois, la direction des chemins qui mènent à Sétif. Les joueurs ne nous ont pas déçus et ont confirmé tout le bien qu'on pensait d'eux.» Par cette victoire tant attendue, les protégés de Serrar ont signé un nouveau pacte avec leurs supporters qui, gageons-le, ne manqueront pas de venir en force dans les stades pour encourager leur équipe après un relâchement observé suite aux résultats mitigés de l'équipe. Rien n'a été laissé au hasard Tous les ingrédients de la fête ont été mis en place. Les supporters n'ont rien laissé au hasard pour planter un décor propice à la liesse populaire, en mobilisant tout un attirail et où flottaient dans une parfaite osmose l'emblème national et de larges banderoles aux couleurs noire et blanche sur les édifices et places publiques. Des DJ à coups de décibels diffusaient des tubes composés en hommage à l'ESS. Explosion de joie à l'arrivée des supporters d'Alger Des processions humaines grossissaient de minute en minute, notamment au niveau du centre-ville, lieu de convergence par excellence des retardataires, qui sont accueillis, à leur passage, par des youyous stridents fusant des balcons des quartiers de la ville. L'euphorie dans une ambiance festive s'en ira en s'amplifiant et atteindra son paroxysme au retour d'Alger des contingents de supporters. Il est certain que cet événement sera célébré pendant plusieurs jours comme l'ont promis les habitants de la ville des Hauts- Plateaux. Ce qu'ils pensent de la victoire…Hammar : «L'ESS se porte bien» «C'est un titre de plus pour le club qu'on dédie à tous nos supporters. Je suis fier de mon équipe et satisfait pour ce qu'elle a fait. On a su gérer le match après l'ouverture du score. Ensuite, après l'égalisation du CRB, nous ne nous sommes pas désunis. Cette victoire montre que malgré la crise financière, l'ESS se porte bien. Il faut savoir que nous n'avons pas les moyens financiers de la JSK, du MCA ou de l'USMA. Ce succès va nous permettre d'aborder l'avenir avec plus de sérénité.» Madoui : «Ce fut un match tactique» «Je suis aux anges, c'est un grand bonheur pour l'ESS. Je suis très content pour le club et les joueurs qui se sont bien battus. On a voulu cette coupe et on l'a eue, c'est tant mieux pour nous. Nous avons bien géré notre avantage après l'ouverture du score. Ce fut un match tactique face à une très bonne équipe du CRB. Je souhaite que cette détermination demeure, et que, samedi, en championnat, je retrouve au minimum cette détermination. Par rapport au match de coupe, j'ai trouvé dans l'équipe une motivation que je n'avais pas vue contre le WAT. Personnellement, je suis très heureux. Je remercie les supporters de l'ESS à qui je dédie cette coupe du fond du cœur.» Benhamou : «Heureux et honoré» «Je suis heureux et honoré d'avoir réussi avec mes coéquipiers à offrir cette 8e coupe à Sétif. On a marqué au bon moment, puis on a su gérer notre avantage face à une bonne équipe du CRB. Honnêtement, sur le but du Chabab, l'arbitre aurait dû siffler suite à une charge sur moi. Je dédie ce trophée à ma famille et aux supporters de l'ESS.» Djahnit : «Mon premier titre !» «Je suis très content de cette victoire qui me permet de décrocher le premier titre dans ma carrière et j'espère que ce ne sera pas le dernier. Je dédie ce trophée à ma famille qui m'a beaucoup soutenu et à tous les amoureux de l'Entente.» Meguenni : «Place au championnat maintenant !» «Dieu merci, nos efforts ont été récompensés par cette victoire. On a bien préparé ce match, notamment sur le plan psychologique. Cette coupe est dédiée aux supporters et à ma famille. J'espère que cette consécration ouvrira les portes à d'autres trophées, à commencer par celui de champion d'Algérie.» L'Entente sans Hachoud et Diss contre la JSK Diss est blessé et il ne participera pas au match de ce samedi contre la JSK. Un autre joueur important de l'ESS ratera cette rencontre. Il s'agit du buteur en Coupe d'Algérie, Hachoud, qui sera suspendu et cela après avoir écopé d'un avertissement au cours de la finale et qui est le troisième pour son décompte personnel. Geiger, le cachotier Le coach de l'ESS a longuement conversé avec le président de la République au moment de la remise des médailles. Abdelaziz Bouteflika, ainsi interpellé, a fait signe à Djiar de se rapprocher. Bien sûr, nous n'avons pas raté l'occasion de demander au technicien suisse de nous révéler l'objet de sa discussion avec le président de la République. Sa réponse fut la suivante : «J'ai dit au Président qu'il était à la tête d'un pays magnifique… » Une réponse qui ne nous a pas du tout satisfaits et en guise d'explications supplémentaires, le Suisse nous dira : «Vous pensez bien que je ne vais pas vous en dire plus. Il a été question de jeunesse et de sport. Essayez d'en savoir plus auprès du Président.» La liste des personnes choisies pour accéder à la tribune présidentielle Bizarre autant qu'étrange ! Plusieurs joueurs qui ont activement participé aux différentes phases de qualification n'ont pas eu le privilège d'accéder à la tribune présidentielle pour recevoir leurs médailles. Nous citerons en vrac Benkhodja, Bengoreine, Bentaleb, Kouamé et Cyril. Il serait honnête de reconnaître que pour ce qui est de Cyril, c'est une immense injustice. Ce dernier avait marqué contre la Saoura et surtout inscrit le but victorieux face à l'USMH. Des personnes étrangères à l'ESS, mais… Les observateurs ont remarqué la présence d'une personne totalement étrange au club et qui a reçu sa médaille des mains du président de la République. Renseignements pris, cette personne avait décidé, il y a quelques jours de cela, d'éponger une dette de 500 millions de centimes. Cela fait cher la seconde sur la tribune présidentielle ! Hammar ne décolère pas Hassan Hammar n'a pas eu sa médaille et cela après un petit tour de passe passe au cours duquel il n'y a vu que du feu. «C'est comme si je n'avais fait aucun sacrifice pour ce club», nous dira le président du club dépité.
