« Je n'ai pas peur de partir à l'étranger » «Le but inscrit face à l'OM était peut être mon dernier avec Sochaux.» Après avoir longtemps occupé la place de lanterne rouge du championnat, le FC Sochaux Montbéliard a assuré sa survie en Ligue 1. Grâce à une fin de saison étincelante de son international algérien, Ryad Boudebouz, Sochaux évoluera en Division une, la saison prochaine. Double passeur décisif lors du match capital contre Caen, il y a une semaine, Ryad, qui jouait son dernier match à Bonal sous les couleurs de son club formateur, a frappé en inscrivant un très joli but. Une réalisation décisive qui permet à ses coéquipiers de battre l'OM et de terminer sur une très bonne note. Un but magnifique et un maintien au bout. C'est un grand soulagement pour vous, Ryad ? Tout à fait. C'est une délivrance pour tout le monde. On a trop souffert de cette pression terrifiante que nous avons vécue durant pratiquement toute la phase retour. On est soulagés ; l'objectif est donc atteint. Et si on revenait à cette réalisation marquée contre Marseille ? Comme je vous l'ai dit, je voulais terminer cette saison avec une réalisation et, Dieu merci, mon vœu a été réalisé. Pour revenir à ce but, bah voilà. Je prends le ballon comme il vient et je mets toutes mes forces pour donner de la puissance et de la vitesse à cette frappe, et la suite vous la connaissez. C'était là votre dernier but sous les couleurs de votre club formateur à Bonal ? Exactement. Il fallait absolument terminer sur une belle note à Bonal parce que, comme je l'ai dit, c'était mon dernier match avec mon équipe. Vous avez honoré votre engagement, puisque vous avez avoué que vous voulez quitter le club en laissant Sochaux en Ligue1… C'était un objectif personnel que je me suis fixé. Je ne pouvais pas partir en laissant Sochaux en Ligue 2. Aujourd'hui que c'est chose faite, je ressens le sentiment du devoir accompli, surtout que tout le monde est content. Six buts, sept passes décisives. C'est un bilan satisfaisant pour vous ? Marquer autant de buts me satisfait, mais je dois dire que j'ambitionnais de délivrer plus de passes décisives. Je voulais faire mieux que la saison écoulée, mais comme tout le monde le sait, l'équipe est passée par une période très difficile qui m'a perturbé personnellement. On sait que vous allez partir. Maintenant, pouvez-vous nous dire quels sont les contacts concrets que vous avez reçus ? Pour l'heure, il n'y a rien de concret. Mon agent travaille sur certaines pistes très sérieuses, mais ça n'a pas encore pris le cachet officiel. Je vous tiendrai au courant au moment voulu. On a appris que des clubs espagnols, comme Valence, l'Athletico et même Séville se sont renseignés sur vous. Etes-vous au courant ? Oui, c'est l'information qui m'est parvenue, il n'y a pas longtemps, mais comme je viens de le dire, il n'y a rien de concret. Après, il y a un stage avec la sélection que je dois honorer, j'ai donc tout différé. Vous nous avez récemment avoué que le championnat espagnol vous va bien. Pourquoi ? Le championnat espagnol me va bien. Le jeu pratiqué par la majorité des formations de la Liga me correspond bien. Donc, si une bonne proposition se présente, je l'étudierai, c'est sûr. Avec la Premier League anglaise, c'est le championnat qui me fait rêver. Le président Lacombe a été très clair : Ryad Boudebouz et Marvin Martin ont joué plus de 100 matchs avec Sochaux. Donc, ils peuvent postuler à un éventuel départ. Vous a-t-il accordé le bon de sortie ? Oui, ça a été dit, et on a discuté de cela. Il m'a signifié que si j'aurai une bonne proposition, il me laisserait partir. On s'est mis d'accord avant la fin du championnat sur les modalités de mon transfert. C'est la raison pour laquelle vous avez aussi accepté de prolonger jusqu'en 2014 ? C'était ça, oui. J'ai accepté de renouveler, il n'y a pas longtemps, pour augmenter mes chances de partir. C'était là aussi un signe de reconnaissance envers votre club de formation ? C'est sûr, je n'oublierai pas que c'est grâce à Sochaux que j'ai pu m'affirmer en Ligue 1. On m'a formé, on m'a donné ma chance de jouer. C'était une manière pour moi de les remercier aujourd'hui. En plus des contacts que vous avez à l'étranger, on sait aussi que vous êtes une priorité pour Marseille et Lyon. Sincèrement, quelle est votre préférence ? Vous savez, je suis sous contrat jusqu'en 2014. Donc, mon transfert ne se fera pas sans l'accord de mes dirigeants à Sochaux. Après, sincèrement, j'ai du respect pour ces deux équipes. Lyon tout comme Marseille sont des habitués des compétitions européennes, donc à l'heure actuelle, je n'ai reçu aucune proposition officielle. Êtes-vous chaud à l'idée de partir cette année à l'étranger ? Comme vous le savez très bien, l'idéal, pour moi, c'est de continuer à jouer dans un grand club de France pour une année ou deux, avant de partir. Maintenant, si je n'ai pas le choix et que je dois partir à l'étranger tout de suite, je n'ai pas peur. Un duo avec Feghouli à Valence, vous imaginez un peu ce que ça peut donner ? (Il rit franchement) Oui, bien sûr. Franchement, jouer aux côtés de Sofiane à Valence serait génial. Soso est un joueur très technique, donc, je n'aurai aucun problème à m'entendre avec lui sur le terrain. Donc, voilà, c'est même envisageable. Vous avez été beaucoup critiqué, vous et votre ami Marvin Martin. Comment avez-vous géré cette période ? Je faisais tout pour ne pas trop écouter. J'ai ma famille autour de moi qui a encore une fois été là pour m'aider à surmonter les moments difficiles. On est restés soudés et solidaires. Après, les gens qui nous critiquaient, ce sont des mecs qui ne regardent même pas des matchs de football. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ? Franchement, ces gens-là ne m'intéressent pas. Qu'ils sachent seulement que l'année dernière, Marvin et moi, nous avons fait du bon boulot en fin de saison pour offrir du bonheur à nos supporteurs. C'est une réalité que certains rageux doivent admettre. Quel a été le tournant dans votre maintien ? Il faut reconnaître que l'arrivée du coach Eric Hély a été déterminante. C'est un coach qui nous aime beaucoup. Il y avait une grande confiance entre nous. D'ailleurs, cela n'a pas tardé à porter ses fruits avec une victoire à Evian que peu d'équipes ont réussi à ramener de là-bas. Vous n'étiez pas seul dans cette lutte pour le maintien puisque Medjani et Mostefa étaient aussi concernés par cette bagarre pour la survie, qu'ils ont d'ailleurs remportée. Un commentaire ? Tant mieux pour mes amis Carl et Mostefa. J'espère pour eux qu'ils vont rester en Ligue 1 pendant longtemps. Du coup, vous allez arriver tous fatigués mentalement et physiquement après cette harassante et stressante fin de saison. Je ne vous le fais pas dire. Personnellement, je suis très fatigué. Vous allez rejoindre le Groupe le 26 mai, vous allez donc bien vous reposer ? Oui, je vais bien profiter de ces 5 jours de vacances pour me ressourcer auprès de ma famille. Avec les rencontres du mois de juin, il faudra sacrifier ses vacances. C'est clair, la saison n'est pas finie et l'intérêt du pays passe avant tout. J'espère bien faire profiter l'Equipe nationale de ma réussite actuelle. Les choses ne vont pas bien au Mali. Des appréhensions par rapport à cela ? Aucune. Franchement, je ne suis pas trop les événements là-bas, mais là, où on nous demandera jouer, on va aller à fond pour ramener un bon résultat. Des joueurs importants de l'EN, comme le capitaine Yahia, Matmour et même Belhadj se sont retirés de la sélection. Cela ne risque-t-il pas de toucher à la sérénité de l'équipe ? Non, je ne pense pas que ça va nous perturber tout simplement parce qu'en sélection, on est un groupe qui vit bien. Maintenant, ils ont fait des choix ; il faut les respecter. Dans quel état d'esprit allez-vous aborder ces trois matchs qui vous attendent le mois de juin ? L'important, maintenant, est de bien préparer le Rwanda. Ça serait une erreur de trop focaliser sur le lieu du match qu'on jouera contre le Mali et oublier de faire le travail face au Rwanda. C'est le premier match ; il faut absolument commencer ces éliminatoires par une victoire rassurante pour faire plaisir à nos fans. Avant cela, il y aura le Niger en amical. Vous n'en serez pas concerné ? Non. Comme je vous l'ai dit ; j'arriverai le 26 mai, donc, je ne pourrai pas jouer. Je serai là pour encourager mes camarades, Inch'Allah. Vous avez été élu meilleur joueur de l'année à Sochaux. Qu'est-ce que cela vous a fait ? J'étais très content. Je vous ai bien dit, avant le match face à Marseille, que je voulais réaliser un truc pour fêter cette cérémonie de remise de trophée devant mes parents et mes amis, et, Dieu merci cela s'est bien passé. Ça fait plaisir, après une année difficile. Cette reconnaissance du grand public de Sochaux me fait chaud au cœur. Allez, répondez-nous sincèrement. Lyon cherche un leader : seriez-vous prêt à assumer ce rôle ? Bien sûr que oui. A Lyon ou ailleurs, je suis prêt à cent pour cent d'assumer ce rôle. D'ailleurs, vous me connaissez assez pour savoir que je suis que même dehors, je suis quelqu'un qui aime prendre les initiatives et conseiller ses potes et tout. Donc, ça ne sera pas nouveau pour moi. Là où j'irai, prendra mes responsabilités. Vous êtes le dernier buteur de l'EN à Blida. Un dernier mot pour les supporteurs algériens ? Sincèrement, pour moi, le public algérien est unique au monde. Wallah, lorsque je vois le drapeau national accroché dans toutes les tribunes des stades de France, j'ai des frissons. Je leur dis que vous n'avez encore rien vu. La sélection est sur la bonne voie ; il faut continuer à nous encourager, et on a besoin de vous. --------------------------------------------- Il arrivera le 26 mai à Alger Tout comme les autres joueurs internationaux algériens de la Ligue 1, Ryad Boudebouz ralliera le camp des Verts à Sidi Moussa, le 26 mai prochain. C'est l'information qui nous a été confirmée par l'intéressé, hier.
