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LE RAVIN DE RAS-EL -AIN
Publié dans Le Financier le 15 - 10 - 2010

Maintenant que le destin de l'oued Ras-el-Ain est définitivement scellé par une route pas vraiment nécessaire, pour ne pas dire inutile, que vont donc devenir les berges de cet oued de bêton? Deux immenses friches de plusieurs km de long et plus de 100 mètres de large par endroit, si l'on tient compte de l'escarpement qui grimpe abruptement sur la rive Sud. Pour ceux qui se souviennent, pour ceux qui ont la curiosité de voir des photos anciennes du site voir même la cartographie espagnole.
Le coté Sud de l'oued n'était pas cette pente crayeuse et pelée que l'on voit aujourd'hui.
Aussi loin que remonte l'histoire d'Oran, elle reste liée à cet oued légendaire. Il y a 100.000 ans, «l'oranais préhistorique » comme l'a si bien écrit un guide local, ne s'installe pas trop loin de cet oued, dans les grottes de kouchet el-djir et de l'abri Alain à Eckmühl. Leurs outils en pierres taillées et polies, leurs instruments en os, sont exposés à ce jour dans la Salle de Préhistoire du Musée Ahmed Zabana. La mythique Yfri, l'ancêtre berbère d'Oran ne devait probablement pas être trop éloignée des berges de cet oued que l'on disait fabuleux, C'est encore sur ces bords qu'il y a 1.100 ans des marins andalous ont choisi de jeter l'ancre pour fondre Wahrân.
Toute la prospérité d'Oran vient de l'opulence de son oued.
«… Les bords du vallon ou coule ce ruisseau sont couronnés de jardins produisant toute sortes de fruits... » diront et écriront tout les visiteurs arabes et andalous Jusqu'au célèbre le docteur Shaw dernier grand visiteur de la région au 18ème siècle qui note en parlant du ravin de Ras el Ain «Toute cette vallée offre une multitude d'objets pittoresques, tels que des-plantations d'orangers, des chutes, des cascades dont les eaux coulent à travers des bosquets d'une délicieuse fraîcheur». Cette description reste à peu prêt invariable au fil du temps du 10è jusqu'au début de la colonisation Les jardins de Ras el Ain auront vécu et prospérer durant 8 siècles C'est le général Boyer dit le cruel, (surnom qu'il lui restera après ces exploits en Espagne), rasera les jardins de Ras el Ain de la rive Sud. En partant du camp Saint Philippe jusqu'au Château Neuf Après le passage de Boyer on ne trouvera plus d'arbres pour réparer les toitures des maisons Le reste c'est-à-dire toute la partie Nord de l'oued disparaitra avec la fameuse route
De l'eau et des jardins à perte de vue, Wahrân ceinturée par une coulée verte est écologique bien avant l'heure. Ils étaient entourés de plantations qui, outre le ravitaillement, assuraient le lien et la transition avec l'environnement non urbain, ainsi qu'une partie spirituelle de ses qualités esthétiques. Oran est une citée musulmane projetée conformément aux enseignements du saint Coran qui recommande de maintenir des liens forts et tenus avec la nature»
Les jardins - vergers d'Oran sont célèbres autour de la méditerranée, tous les géographes qui visitent la région les décrivent comme étant «un petit bout de paradis». Je me plais à imaginer deux jardiniers assis sous un oranger ou au bord d'un canal discourant à petite voix sur le traité d'agriculture d'Ibn Al-Awwâm, écrit au début de l'ère almohade, dynastie aux deux capitales Séville et Marrakech. Ce sont justement eux qui construisirent les jardins type du pays de l'oranger et permirent à Grenade d'être à l'apogée de l'art des jardins.
Le petit coin de paradis est justement un micro climat idéal et un coin propice à la créativité et à l'art paysagé pour ces passionnées d'hydraulique et de jardin. Il ne subsiste plus rien de petit coin de paradis sans lequel Wahrân n'est plus Wahrân. Le jardin est un objet prodigieux qui peut nous en dire beaucoup sur les sociétés, leurs représentations et leurs réalisations. Dans le monde arabe, il renvoie de façon inéluctable à la mythique Babylone, à l'Alhambra ou encore aux lieux secrets du Baghdad des Mille et Une Nuits. Il évoque invariablement le rêve d'un espace paisible et secret. Ces jardins-là, ont structuré les villes arabes et leur ont donné une forte identité paysagère et culturelle. Mais ils appartiennent désormais à l'histoire et au patrimoine. S'ils é étaient des, ils ne le sont pas demeurés dans des villes, qui ont profondément changé depuis l'époque mythique des Abbassides ou des Omeyyades, et ont adopté de nouveaux modèles urbains, de gré ou de force
Le ravin de Ras el Ain est peut être celui qui a le plus gardé d'empreinte de ce lointain passé, il subsiste bien entendu la promenade Ibn Badis, le talus Nord Ouest de la place de la République ; Ces deux sites ont étés profondément modifiés mais ils gardent les traces de ce passé andalous dans la confection des parcelles en talus et les tracés de leurs canaux La rive Nord du ravin garde encore des traces bien plus fraiche de ce passé Les traces des carrés et ados sont encore visibles. Les plus vieux d'entre nous se souviennent peut être encore de la fraicheur des « paquets légumes » pour faire la soupe, de la menthe et des condimentaires que les légumiers de ras el Ain offraient chaque matin aux oranais Oran, qui propose de valoriser la fertilisation culturelle croisée de son histoire millénaire, en inscrivant un pan de sa mémoire au patrimoine mondiale de l'humanité. Peut-elle se permettre de passer sous silence ses racines identitaires ? Certes l'oued de Ras-el Ain ne connaitra pas le fabuleux destin de la rivière Chang Kei Chun, qui fut déterrée de dessous les remblais et l'asphalte d'une route pour revenir aux Séouliens sous la forme d'une rivière promenade. Il semble que les promoteurs de cette route n'ont pas trop pensé à ces abords, des terrains inconstructibles certes mais pas inutiles. Il n'est pas encore trop tard pour sauver les berges de l'oued de ras el Ain du destin tragique qui les attendent un perpétuel ballottage entre le bétonnage outrancier et la clochardisation. En faire des jardins étagés pour la promenade et l'art paysagé n'est pas impossible. Des jardins promenades, ou les oranais viendront s'approvisionner en plantes pour fleurir leurs balcons, leurs jardins ou leurs intérieurs, sentir le jasmin qui embaume l'air et découvrir des nouveautés végétales et des agencements floraux hardis et originaux. Je me prends à rêver d'une ville verte et des oranais réconciliés avec la nature et leur culture arabo-andalouse. Les jardins de Ras el Ain, ne seront pas là seulement pour faire beaux, ils seront des jardins structurants pour la ville puisqu'ils viendront continuer la trame verte qui part de Sidi M'hamed, et de bien plus loin aujourd'hui avec l'étalement urbain qui traverse la ville pour aboutir sur les bords du ravin. Au dessus de la source de Ras el Ain Ils seront le premier point du corridor biologique qui part du Murdjadjo traverse la vielle ville, la nouvelle ville et la future ville pour rejoindre la Montagne des Lions .


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