Le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a souligné mercredi à Istanbul l'urgence de mesures «concrètes» et «audacieuses» de la part de la communauté internationale à même d'assurer le développement des pays les moins avancés (PMA). En effet, s'exprimant à la 4ème conférence des Nations unies sur les PMA, Abdelaziz Belkhadem a affirmé «qu'il est aujourd'hui urgent que des mesures concrètes nouvelles et audacieuses soient prise par l'ensemble de la communauté internationale et, en particulier, les partenaires du développement, en vue de traduire dans les faits les engagements pris afin de promouvoir l'accélération de la réalisation des objectifs tracés en faveur de cette catégorie de pays». Le représentant personnel du chef de l'Etat a estimé qu'un engagement de tous est «indispensable» pour mener à bien le lutte contre la pauvreté et la faim, et pour promouvoir un partenariat mondial pour le développement conformément à la Déclaration du Millénaire». La Déclaration du Millénaire de l'organisation des Nations unies de l'an 2000, affirme entre autres : «Nous reconnaissons que, en plus des responsabilités propres que nous devons assumer à l'égard de nos sociétés respectives, nous sommes collectivement tenus de défendre, au niveau mondial, les principes de la dignité humaine, de l'égalité et de l'équité». M. Belkhadem a estimé, dans le même contexte, que «l'assurance d'un développement durable et d'une prospérité partagée constitue les conditions indispensables pour l'avènement de relations internationales qui prennent en charge équitablement les intérêts et les préoccupations de tous». Il a relevé que la situation actuelle «exige à ce que soit pris en charge de manière équitable les intérêts et les besoins des pays en développement, et plus particulièrement des PMA, dans le cadre d'un ordre mondial reposant sur un partenariat adapté aux mutations en cours et qui répondent à leurs préoccupations». Le ministre d'Etat a mis en exergue que la préoccupation quotidienne des PMA est «de tenter de satisfaire les besoins vitaux les plus élémentaires de leurs peuples, dont un grand nombre, qui se trouve en Afrique, est menacé dans sa survie». Responsabilité «La prospérité demeurera pour eux un vœu pieux, si elle n'est pas suivie de mesures concrètes à la hauteur des espérances des pays qui sont dans le besoin», a-t-il averti. Il a observé ensuite que la présente conférence se tient dans une conjoncture «particulièrement chargée de défis pour l'ensemble de la communauté internationale», avant d'affirmer que cette dernière «se voit interpellée par des problèmes multiples et complexes induits par la crise économique et financière, la récession mondiale, la crise alimentaire, les catastrophes naturelles et les obstacles au développement». M. Belkhadem a souligné, à cet égard, que la responsabilité de cette situation n'incombe pas au pays en développement, et encore moins aux PMA qui sont «les plus gravement atteints, car ne disposant pas de moyens pour y faire face et pour en atténuer les effets». Evaluant la mise en oeuvre des objectifs du millénaire, il a indiqué que «le constat n'est pas reluisant, puisque, les mesures prises depuis la conférence de Bruxelles sur les PMA en 2001 n'ont pas entraîné, comme nous l'espérions, des changements significatifs». Il a noté qu'»un grand nombre de PMA se trouve toujours confronté à de multiples difficultés qui, tout en affectant grandement leurs politique de développement, entravent leurs efforts pour atteindre, ou du moins, leur permettre de se rapprocher de ces objectifs à l'horizon 2015". Les causes de cette situation sont «multiples», a-t-il dit, citant notamment l'environnement économique international «défavorable», la «chute drastique» des flux d'aide publique au développement , la dette extérieure, la raréfaction des mouvements de capitaux d'investissement vers les pays du Sud et une baisse continue des niveaux de prix de matières premières «dont beaucoup de PMA tirent l'essentiel de leur ressources financières». Il a ajouté que les changements climatiques représentent aussi «un défi supplémentaire, qui aggrave la vulnérabilité des PMA», notamment en Afrique qui regroupe 33 des 49 pays faisant partie des PMA. Il a rappelé, à cette occasion, les «efforts colossaux» entrepris par les PMA africains pour «honorer leurs engagements, conformément au programme d'action de Bruxelles», notamment dans l'amélioration de leurs institutions de gouvernance, les réformes économiques engagées, la réforme du secteur public et la libéralisation commerciale et financière. M. Belkhadem a souligné la solidarité de l'Algérie avec cette catégorie de pays, qui s'exprime par l'appui au désenclavement des PMA africains, à travers le parachèvement des axes routiers et des raccordements en direction de tous les PMA voisins sahéliens enclavés, la réalisation, du Gazoduc «Trans Sahara Gas Pipeline» entre le Nigeria et l'Algérie et l'aide humanitaire qu'elle apporte à ces pays «en appui à leurs efforts de lutte contre la pauvreté, l'insécurité alimentaire et les maladies». Les travaux de la 4ème conférence des Nations unies sur les PMA se déroulent à Istanbul (Turquie) du 9 au 13 mai. La conférence se tient tous les dix ans. La dernière avait été tenue à Bruxelles en 2001. La conférence d'Istanbul aura à élaborer un programme d'action qui permettra d'aborder concrètement les problèmes complexes de développement auxquels se heurtent les PMA, tels que l'ampleur de la pauvreté massive et le manque de durabilité ou de viabilité de la croissance économique observée ces dernières années. Elle se penchera également sur le défi à relever, par les PMA et leurs partenaires de développement, face au problème de la faiblesse des capacités de production et d'offre dans ces pays.