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“ Les relations franco-algériennes devraient être basées sur les entreprises ”
M. Jean Pierre Gonon, président du Conseil français des investisseurs en Afrique au Maghreb
Publié dans Le Maghreb le 18 - 06 - 2008

Dans l'entretien qu'il nous a accordé M. Jean Pierre Gonon, président du conseil français des investisseurs en Afrique a estimé que les relations algéro-françaises devraient privilégier et se baser sur l'investissement des entreprises. Il pense néanmoins qu'il faudrait initier des mécanismes de garantie des investissements et favoriser un co-développement.
Entretien réalisé par Melissa R.
Le Maghreb : Vous avez participé à plusieurs reprises à la Foire internationale d'Alger au nom de l'association France-Algérie. Néanmoins, vous avez choisi cette année d'y prendre part au nom du Conseil français des investisseurs en Afrique. Qu'est ce qui a motivé ce changement ?
Je voudrais d'abord dire que j'ai toujours la même conviction que la relation franco-algérienne doit être privilégiée. Je dirais presque que c'est maintenant inscrit dans les gènes des deux pays. C'est pour cela que j'ai participé à la FIA au nom de l'association France-Algérie dont je suis toujours le vice-président. Mais je pense qu'il est plus efficace et plus opérationnel de réaffirmer cette même conviction au nom du Conseil français des investisseurs en Afrique qui la partagent pour l'essentiel. Le Conseil français des investisseurs en Afrique est une association patronale, ou une sorte de forum des chefs d'entreprise semblable au FCE algérien. Ce qui est intéressant dans cette association est qu'elle rassemble des chefs d'entreprise qui ont tous investi. C'est un conseil français d'investisseurs qui font des affaires, mais pour lesquels ces affaires s'inscrivent dans une stratégie d'investissement. Cela est très important pour l'Algérie car les relations franco-algériennes se sont traduites sur le plan économique par un accroissement considérable des exportations françaises vers l'Algérie. Mais, une faiblesse toujours évidente des investissements français. La relation franco-algérienne ne deviendra durable que si les investissements progressent. J'ai toujours en mémoire une déclaration du président Bouteflika à la Foire internationale d'Alger, il y a de cela 3 ou 4 ans, dans laquelle il disait que les entreprises sont au cœur de la relation franco-algérienne.
A votre avis qu'est ce qui explique la faiblesse des investissements français en Algérie ?
Il y a, selon moi, deux facteurs : il y a d'abord une mauvaise imag qui est diffusée par les médias français sur l'Algérie. On parle à chaque fois de l'Algérie quand il y a un événement négatif et on n'en parle jamais lorsqu'il y a un événement positif. Vous trouverez une large place dans les médias français pour l'Algérie lorsqu'il y a un attentat ou un problème mais on en trouve jamais pour dire que tout va bien. Je prends l'exemple des chemins de fer, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure, mais on parle toujours des trains en retard.Cela d'un côté. Le deuxième facteur est plus fondamental que cela. Tout cela s'inscrit dans le cadre de la stratégie dite du processus de Barcelone. En 1995, on a lancé un processus pour le développement de la rive sud de la Méditerranée. Malheureusement, au lieu d'aller vers un développement effectif, on a adopté une stratégie de libre-échange. On a créé une zone de libre-échange entre le Nord et le Sud et on s'imagine que les industriels vont spontanément aller investir dans les pays de la rive sud. Ce n'est pas le cas. La première réaction spontanée des industriels est d'aller vendre et ils ne prennent pas conscience que s'ils ne vont pas investir dans ces pays d'autres y investiront à leur place. Cette vision commence à se corriger, car les industriels français commencent à se rendre compte qu'il y a d'autres industriels qui s'installent en Algérie et que la part des exportations françaises vers l'Algérie commence à baisser.
Lorsque vous avez évoqué le rôle des médias français qui dépeignent une mauvaise image de l'Algérie, vous ne pensez pas que cela est motivé par des soubassements politiques ?
Je dirais que c'est le souci d'être dans la pensée unique des médias. C'est d'être dans la pensée unique que de dire que tout va mal en Algérie. Pour les médias, c'est choquer que de dire que tout va bien. Je pense que ce qu'il faudrait faire c'est d'initier des actions envers les médias français. Je trouve que même l'Algérie n'en fait pas assez. Il faudrait organiser des voyages de journalistes et les inviter à venir voir l'Algérie et ce qui s'y passe.
Ne pensez-vous pas que les entreprises françaises se sont faites vraiment distancer sur le marché algérien par celles d'autres pays ?
Distancées non, mais les parts de marché commencent effectivement à baisser. Et si la France ne réagit pas, elle sera distancée. Je crois qu'en ce moment les industriels français commencent à s'en rendre compte. Il n'y a qu'à voir les appels répétés de
M. De Caffarelli, président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie, qui dit à chaque fois qu'il faut faire attention et qu'il faut venir investir en Algérie.
C'est aussi mon objectif à travers le Conseil français des investisseurs en Afrique. Vous disiez pourquoi y a-t-il tant de frilosité ? Je dirais parce que les mécanismes qui sont en place que ce soit de financement ou autres, sont totalement insuffisants. D'autre part, il faut le dire, il existe encore en Algérie beaucoup d'inertie administrative et beaucoup de lenteurs. Il y avait un problème du foncier, qui fort heureusement est en train de se régler par la création de l'Agence foncière (Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière, NDLR), et qui en plus est présidée par une femme –En Algérie tant que c'est présidée par une femme ça marche (rires)-.
Les Français avancent toujours les mêmes arguments pour justifier leur frilosité à investir en Algérie. Ils évoquent toujours les problèmes de foncier et de financement. Néanmoins, d'autres investiseurs semblent parfaitement s'en accommoder et avancent sur le marché algérien. Comment expliquez-vous cela ?
Vous avez tout à fait raison et c'est ce que nous disons à nos investisseurs. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je suis très impliqué avec le Conseil français des investisseurs en Afrique. J'estime que dans tous les pays il existe des difficultés, et les difficultés se résolvent quand on vient sur place. Il faut venir et dire on vient pour investir aidez- nous à résoudre les difficultés. Le grand avantage du Conseil français des investisseurs en Afrique c'est qu'il réunit beaucoup d'industriels français qui ont consenti énormément d'investissements en Afrique noire, donc dans des pays très difficiles et qui souffrent de difficultés plus importantes que l'Algérie au point de vu infrastructures et au point de vue environnement des affaires et ils les ont résolus. On se dit que ces difficultés se résolveront aussi en Algérie. On ne peut pas passer son temps à rester en stand by de l'autre côté de la Méditerranée et dire faites que tout aille bien pour qu'on vienne investir. A ce moment là on viendra trop tard. Il faut aller investir et en étant sur place contribuer, à ce que tout aille bien.
Du côté des Algériens on se demande si les industriels européens, notamment français, se décideront à délocaliser leur production en Algérie, puisqu'ils le font déjà en Tunisie et au Maroc. Pensez-vous qu'ils le feront un jour ?
Bien sûr que oui, et cela commence déjà. Il y a des entreprises qui le font déjà à l'image de Danone et Castel qui sont membre du CIAN, ou encore de Saint-Gobain et Michelin. La principale caractéristique du CIAN est que, compte tenu des expériences cumulées de ses entreprises, les industriels pensent qu'on ne peut développer l'investissement sans un secteur privé local fort et performant. Ce que j'apprécie beaucoup au CIAN, c'est que les industriels ne pensent pas à constituer une enclave qui fonctionne bien dans le pays où ils s'installent, mais qu'ils préfèrent s'intégrer au secteur privé local. En Algérie, le CIAN développe des relations avec le Forum des chefs d'entreprise. Dans tous les pays où il s'installe, le CIAN a des relations très étroites avec les organisations patronales locales. Et ils essayent de parler d'une seule voix auprès des autorités locales et auprès des autorités françaises.
Pensez-vous qu'il y a un avenir pour la coopération entre les PME de la rive Nord et de la rive Sud de la Méditerranée ?
Il y a un avenir considérable. Pour l'instant cela ne marche pas suffisamment. Les relations sont pour le moment basées sur l'exportation. La majorité des exportations françaises vers l'Algérie viennent des PME. Mais plus que pour d'autres, les PME françaises ont certaines difficultés à s'installer en Algérie et éprouvent certaines craintes du risque. Je suppose que l'Etat doit prendre des mesures adaptées pour couvrir ce risque. Il faut que les gouvernements des deux pays mettent en place ensemble un mécanisme de garantie contre le risque économique. Je suis un ancien de l'Agence française de développement où j'ai fait toute ma carrière. On a monté de tels mécanismes en Afrique noire. On a monté dans la zone de la CDAO une agence de garantie des investissements contre le risque économique –les risques politiques sont nombreux-. Cette agence fonctionne très bien et s'autofinance. Il faudrait aussi qu'il y ait une institution de financement des PME. Actuellement, aucun établissement bancaire en Algérie ne finance les PME.
Justement à propos des PME méditerranéennes, à l'occasion d'un événement organisé à Marseille et intitulé “ Planète PME ”, un sondage a été réalisé par KPMG et Ipsos. Celui-ci fait ressortir que les patrons de PME françaises et maghrébines sont très favorables à l'Union pour la Méditerranée. Quelle est votre position par rapport à cette question ?
Le projet de l'UPM peut être le meilleur comme il peut être le pire. L'initiative du président Sarkozy a eu l'immense avantage de rappeler à l'Europe et à la France que c'est son flanc Sud qui était le plus important pour elles, que l'Europe et la France ne continueraient pas à se développer si de l'autre côté, des pays du sud de la Méditerranée ne se développeraient pas. Ensuite, la communauté européenne et notamment la chancelière allemande, Mme Angela Merkel, qui ont craint que ce dispositif ne soit scissionniste par rapport à l'Union européenne, ont décidé de réintégrer tout cela dans l'Union européenne et dans le processus de Barcelone. Donc, ce projet s'appelle maintenant “ Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée ”. Ce serait bien, si le processus de Barcelone marchait bien. Le projet d'Union pour la Méditerranée pourrait être meilleur s'il contribue à relancer le processus de Barcelone. Comme il peut être pire si on choisit la voie de la facilité et on se contente de lancer de grands projets d'intérêt commun sans que cela ne conduise à développer les pays de la rive sud. L'objectif fondamental du processus de Barcelone était de rapprocher le niveau de vie des populations des pays du Sud de celui des pays du Nord. Depuis Barcelone, c'est-à-dire depuis 8 ans, l'écart n'a fait que s'aggraver. Je suis convaincu que l'écart n'a fait que s'aggraver parce qu'on a adopté une stratégie de libre-échange, alors qu'il fallait adopter une stratégie de co-développement. Le pari est là. Le 13 juillet à Paris, sera décidé que l'Union pour la Méditerranée sera le grand projet pour la Méditerranée. Serait une contribution effective des pays du Nord au développement des pays du Sud dans une stratégie de co-développement.
Pensez-vous que cette vision de co-développement a été prise en compte par le processus Euromed ?
Non, pas une seule seconde. La BEI finance des projets régionaux, mais ce n'est pas cela le co-développement. Le co-développement nécessite une structure de concertation entre le Nord et le Sud pour débattre dans le fond comment faire pour que notre région dans son ensemble se développe. C'est-à-dire comment définir les investissements du Nord dans le Sud et dans quels secteurs et quels investissements du Sud dans le Nord. Quand on parle d'investissements privés, cela veut dire aussi des investissements de la rive Sud en France ou en Europe. Cette structure n'existe nulle part pour l'instant.
Comme pour le processus de Barcelone, le projet d'UPM semble mal parti à cause de facteurs politiques qui le minent. Qu'en pensez-vous ?
Non. A Barcelone, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères, il y a eu une réunion de la société civile. A l'époque, je faisais partie d'une association qui s'appelait le club financier européen. Celui-ci avait proposé de créer cette agence euro-méditerranéenne de développement. Cela a été retenu, acté, mais jamais mis en œuvre. Au niveau politique, je crois que le processus de Barcelone a aidé à ce que les gens se rapprochent et dialoguent. Néanmoins, sur le plan économique, on s'est contenté d'instituer une zone de libre-échange et cette incantation vis-à-vis des entreprises à aller investir. Mais cette incantation ne suffit pas aux entreprises, il faut mettre en place des mécanismes qui les aident à aller investir. Elles n'iront pas investir d'autant plus qu'avec une zone de libre-échange elles ont la perspective de vendre de plus en plus avec de moins en moins de droits de douanes. Elles n'investiront que si elles sont incitées à le faire et aidées à le faire. Ceux qui viennent investir sont ceux qui n'étaient pas présents sur le marché et qui ont compris que pour être présent sur le marché il fallait investir.


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