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Le dilemme récurrent des "Oumanas Esseil"
Vallée du M'Zab
Publié dans Le Maghreb le 18 - 10 - 2008

Les "Oumanas Esseil", une association créée il y a déjà plus de 7 siècles pour gérer le système traditionnel de partage des eaux dans la vallée du M'Zab, demeurent convaincus que leur savoir-faire ancestral pourrait encore aujourd'hui contribuer à la gestion des violentes crues de l'oued. Moins de deux semaines après les crues qui d'une rare violence ont endeuillé tant de familles dans la vallée du M'Zab et lézardé par endroits ce joyau du patrimoine universel, Ghardaïa a largement entamé la phase de reconstruction des zones sinistrées. D'El-Ghaba, désignant la palmeraie du ksar de Ghardaïa, à El-Ateuf, quelques kilomètres plus au sud, pour ne citer qu'un fragment de la vallée, les engins lourds du génie civil fourmillent. D'amont en aval de la vallée, ils s'affairent tant et si bien qu'ils sont devenus la principale attraction des centaines de passants accoudés sur la balustrade du pont qui relie le centre-ville au quartier Hadj Messaoud, ou longeant la rive droite de l'oued à hauteur de Teniet El Mekhzen où des pans entiers de murs se sont écroulés. Les images de la catastrophe naturelle restent encore vives, les témoignages se faisant chose courante dans les différentes places publiques, notamment dans les cafés où d'aucuns racontent avoir vu déferler les eaux jusqu'à "8 mètres de hauteur'', comme si "deux fleuves superposés" s'étaient déchaînés ce premier octobre 2008. Chacune des personnes interrogées sur cette sorte de "Tsunami fluvial", dont des lycéens, des taxieurs, des cafetiers, des fonctionnaires, fait valoir l'aspect insolite de la photo d'une scène particulière du drame prise grâce à son appareil de téléphonie mobile ou récupérée çà et là, selon un système improvisé d'échanges de particulier à particulier par MMS ou Bluetooth. Que l'ampleur exceptionnelle de la catastrophe soit différemment perçue par chacun, le directeur de la protection et de la restauration du patrimoine (ministère de la Culture), Mourad Betrouni, en mission à Ghardaïa dans le cadre d'une évaluation de l'état des lieux, estime qu'il " ne s'agit plus d'avoir peur des crues mais de les gérer".
Domestiquer les eaux, un dilemme séculaire
M. Betrouni, qui rappelle que le patrimoine matériel et immatériel de la vallée du M'Zab fait partie des richesses du pays à sauvegarder et qu'il est classé depuis 1982 par l'Unesco parmi le gotha des sites culturels et historiques à valeur universelle, se réfère, pour étayer son approche de gestion des crues, au savoir-faire des "Oumanas Esseil". Il estime que la question n'est pas de substituer ce savoir-faire ancestral aux techniques modernes de gestion des eaux, mais de le préserver en tant que patrimoine immatériel qui toutefois pourrait contribuer à la recherche des réponses adéquates à tel ou tel dilemme. Selon des Oumanas Esseil, dont Yahia Boubekeur qui préside actuellement l'association, le dilemme de la violence des crues dans la vallée du M'Zab s'était déjà posé il y a plus de 7 siècles, lorsqu'un notable de la région, Cheikh Hamou Oulhadj, prévenait la population locale contre les menaces d'El-Ouach (le monstre) pour qualifier la déferlante fluviale. Malgré le fait que dans la vallée du M'Zab il y ait très peu d'écrits sur le fait historique, des recoupements de mémoires rapportent qu'un jour, alors qu'il redescendait un chemin serpentant sur Amlaga, une zone de rocaille où convergent les oueds El-Biadh et Laadira pour former l'Oued M'zab, à une dizaine de kilomètres au nord de Ghardaïa, il eut l'idée de mesurer le niveau des eaux qui se déversaient sur la poche naturelle de Bouchemdjene. A l'aide d'un roseau coupé en deux et de divers ustensiles dont un "fekhar" (pot en argile), il aurait ébauché un micro-système de canalisation qui lui aurait fait découvrir le moyen de décélérer la poussée fluviale et alors réguler le trop-plein d'eau pour alimenter la palmeraie. La maîtrise de l'irrigation traditionnelle, propre à la vallée du M'Zab, radicalement différente de la technique des foggaras qui préserve l'écosystème oasien dans le Gourara (Timimoun) et le Touat (Adrar), serait ainsi née. Pour garantir la pérennité de cette forme de domestication des crues et l'utilisation du juste nécessaire hydrique destiné à l'agriculture vivrière, Cheikh Hamou Oulhadj institua l'association des Oumanas Esseil, dépendant des Oumanas El aarch. Cette maîtrise de l'irrigation traditionnelle consiste en fait à retenir une partie des eaux fluviales dans les "Ahbasse" ou "Sedd" (digues) renforcés à leur niveau supérieur par de grosses pierres devant briser la force de la poussée hydrique. Le trop-plein d'eau est alors canalisé vers la nappe phréatique qui, sitôt bien alimentée, devrait assurer à la palmeraie une autonomie de 3 ans en ressource hydrique utilisée à partir de puits artésiens. L'eau non canalisée est, quant à elle, libérée vers le lit mineur de l'oued. Ce système, point focal des circuits touristiques dans la vallée du M'Zab, gagne en ingéniosité du fait qu'il assure un partage équitable de l'eau domestiquée entre les différents propriétaires de "Haouch" (parcelle de terre) dont chacun reçoit sa quote-part à travers un étroit passage calculé avec comme mesure-étalon le noyau de la variété de datte Akerbouche. Le système a résisté à la violence des dernières crues qui ont profondément endommagé El-Ghaba. Rencontrés à l'orée de la palmeraie, alors qu'ils regardaient des travaux de déblaiement et de terrassement pilotés par des éléments de l'ANP pour dégager notamment une voie de communication totalement ensablée en contrebas de la poche Bouchène, des habitants d'El-Ghaba ont eu beaucoup de difficulté pour expliquer l'ampleur de la crue. Ils s'en sont remis à la fatalité. Selon eux, quelles que soient les avancées technologiques du génie humain, il ne pourra jamais contenir totalement les caprices intempestifs du climat, comme en témoignent les crues de 1901, 1961, 1991, 1995 et puis 2008. Mais à Touzouz, où une digue de protection fut construite il y a un peu plus de 5 années selon un schéma traditionnel, Yahia Boubekeur reste convaincu que le savoir-faire des Oumanas Esseil est plus que jamais nécessaire pour tout projet infrastructurel de protection contre les crues.


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