La chevalerie dans la conception soufie islamique "n'est pas l'apanage des mâles", a assuré la chercheuse Chirine Dakouri de l'institut français du Moyen-Orient à Damas (Syrie). Dans sa communication, lors du 5e colloque international "soufisme, culture, musique", ouvert dimanche à la maison de la culture de Tizi-Ouzou, Mme Dakouri a affirmé que "la chevalerie n'est pas l'apanage des mâles dans l'ordre Soufi", en citant en exemple les expériences mystiques de Rabiâ El Adaouia et Site Adjam Al Baghdadia. Selon cette chercheuse, "Rabiâ Al Adaouia a gravi un par un les échelons du mysticisme, jusqu'à atteindre le plus extrême d'entre eux, la pureté de l'âme tant recherchée par les adeptes du soufisme". "Elle avait un amour absolu pour l'essence divine (Dieu), ses qualités, ses noms, au point de pouvoir presque le voir dans toute sa magnificence", a-t-elle estimé. "Site El Adjam Al Baghdadia était, quant à elle, une analphabète", a indiqué Mme Dakouri, qui a ajouté que celle-ci était paradoxalement animée "d'un savoir divin qui lui a valu de vivre une expérience mystique unique en son genre". En effet, elle pouvait grâce à ce savoir mystérieux "décoder et comprendre les symboles mystiques et secrets contenus dans le livre des scènes sacrées (divines) rapportées par son Cheikh Mohie Eddine Ibn Al Arabi. Plusieurs autres figures féminines mystiques ont été citées par Mme Dakouri comme étant des illustrations parfaites de l'existence da la chevalerie féminine dans l'ordre Soufi. Elle a indiqué que toutes ces femmes, citées notamment dans le Coran, la Sunna et d'autres ouvrages rapportés par des Oulemas et érudits soufis, avaient réussi à atteindre les plus hauts stades du mysticisme et de la pureté, à l'exemple de Meriem Bint Imrane, Assia, l'épouse du Pharaon (rapporté dans le Coran), Eve, Sara et Chams la mère des pauvres, qui avaient toutes atteint le stade de la chevalerie, selon la conception soufie du terme. Aussi, a-t-elle soutenu, également, que la Chevalerie dans le soufisme n'est pas l'apanage des jeunes seulement. Elle a ajouté que les valeurs de cet Ordre, reposant sur l'altruisme, l'abnégation, le sacrifice de soi, la tolérance, la charité, le courage, l'amour du prochain, peuvent aujourd'hui faire office de "remède efficace pour la réorientation du comportement de nos sociétés contemporaines caractérisées par l'égoïsme, l'hypocrisie et le matérialisme à outrance".