Les prix du pétrole pourraient baisser légèrement au second trimestre si la demande venait à diminuer sensiblement pendant cette période, mais sans toutefois sortir de la fourchette des 50-60 dollars, a estimé dimanche à Alger le ministre de l'Énergie et des Mines, Chakib Khelil. "Si au 2e trimestre de l'année en cours la demande baisse de 2 millions de barils par jour (b/j), comme cela est attendu, nous verrons peut-être une petite faiblesse des prix mais rien qui puisse affecter le niveau actuel des 50 - 60 dollars qu'il faut souhaiter pouvoir maintenir sur toute l'année", a-t-il dit aux journalistes en marge d'une réunion sur l'utilisation de l'énergie nucléaire dans la production de l'eau. Le ministre a confirmé, par ailleurs, qu'à l'instar des autres pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Algérie a réduit le 1er février sa production pétrolière de 25 000 b/j en application d'une décision de la conférence d'Abuja (Nigeria) en faveur d'une baisse du plafond de production de l'Opep pour soutenir les prix. Cette réduction des extractions a été mise en application par tous les pays membres de l'Opep y compris l'Algérie, a déclaré M. Khelil qui est aussi vice-président de cette organisation. Avec cette seconde réduction en quelques mois, l'Algérie aura retiré du marché 84 000 b/j sur 1,7 million de b/j retiré par l'Opep entre le 1er novembre 2006 (1,2 million b/j) et le 1er février 2007 (500 000 b/j). Les réductions ont permis au marché de "se stabiliser à un niveau raisonnable" (autour de 55 dollars/baril), a fait remarquer le ministre, estimant que cette stabilité pourrait se poursuivre jusqu'au prochain trimestre. M. Chakib Khelil, a laissé entendre que cette tendance baissière des prix du pétrole observée ces derniers mois est due à la conjugaison de trois importants facteurs. Il s'agit, primo, du probable recul de la croissance économique mondiale en 2007 qui se situerait à 4,7%, alors qu'elle était de 5,1% en 2006, secundo, de l'arrivée durant cette année d'une production non Opep de l'ordre de 1,8 million de barils par jour, alors que l'accroissement de la demande attendue en 2007, a souligné Khelil, n'est que de 1,3 million de barils/j. Sans oublier, et c'était une surprise, la douceur de l'hiver aux Etats-Unis qui a poussé les spéculateurs, après avoir compté sur une demande plus importante aux besoins du chauffage au nord-ouest des USA, à se retirer du marché. Ce qui a provoqué la chute des prix. Mais, le plus dur des contrecoups subis par le marché pétrolier, après une période haussière des plus profitables pour notre économie, a été la déclaration surprise du ministre saoudien du pétrole, M. Naimi. Ce dernier s'est opposé, pour l'heure actuelle, à toute réduction de la production avant la réunion ordinaire prévue pour le 15 mars prochain. Dans un autre volet, le ministre a annoncé l'installation d'un groupe de travail sur l'utilisation de l'énergie nucléaire dans la production de l'eau. Un groupe de travail intersectoriel chargé d'élaborer un programme d'intégration de l'hydrologie isotopique dans le Plan national de l'eau, a été mis en place dimanche, en présence du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal et du commissaire à l'Énergie atomique, Mohamed Derdour. Ce groupe de travail, qui dispose de tous les moyens nécessaires (ressources humaines, laboratoires et équipements) pour assumer sa mission, est constitué des représentants du Commissariat national à l'Énergie atomique (Comena), du ministère des Ressources en eau et des universités. Selon M. Khelil, l'intégration systématique des outils isotopiques (une technique utilisant l'atome) au Plan national de l'eau à pour objectif de "mettre à la disposition des gestionnaires, et aussi des hydrologues des informations uniques à même de leur permettre de développer des modèles adéquats menant vers l'amélioration de la gestion des ressources en eau souterraine". Les techniques isotopiques "sont devenues incontournables car elles sont capables de donner une valeur ajoutée certaine aux études dites conventionnelles d'autant qu'elles peuvent aboutir à des résultats impossibles à obtenir autrement", estime le ministre. L'utilisation de ces outils peut aider notamment à mettre en évidence l'existence de mélanges de différents types d'eaux dans un système et de les quantifier, de déterminer l'origine de l'eau, de démontrer l'existence ou non de recharge des nappes et de détecter l'origine des fuites au niveau des barrages et autres retenues, a-t-il expliqué. Ces techniques qui sont déjà utilisées en Algérie, mais pas dans un cadre coordonné, sont devenues "un outil incontournable et irremplaçable de recherche appliquée, et nécessaires pour assurer la protection quantitative et qualitative des ressources en eau notamment souterraine, et dont sont tributaires beaucoup de populations", a dit le ministre. Après avoir rappelé que l'eau, qui devient de plus en plus une "denrée rare et surtout vulnérable" notamment dans les zones dites semi-arides et arides, "devrait bénéficier impérativement d'une protection". M. Khelil a insisté sur "la mise en place de mécanismes de concertation afin que des décisions sensées soient arrêtées en adéquation avec les objectifs du développement durable". Pour sa part, M. Sellal a qualifié de "bel exemple" la coordination intersectorielle dans le recours à des techniques isotopiques qui va permettre, selon lui, "de bénéficier du savoir faire du secteur de l'énergie atomique dans le développement de l'eau, et constituer un exemple d'utilisation de cette énergie à des fins pacifiques". "Puisque nous nous lançons dans des programmes pour mobiliser des nappes dans le sud et dans le sud-ouest du pays, dont le projet de transfert d'eau de In Salah-Tamanrasset, l'utilisation de ces techniques va nous permettre de mieux maîtriser nos capacités et veiller à bien les utiliser", a-t-il conclu.