Visiblement entre l'Algérie et l'Union européenne, le torchon brûle. Plusieurs points de friction et de divergence en sont la cause. Le plus substantiel et le plus récent a trait à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, après le 10e round, l'Algérie a reçu 96 questions émises par les Etas-Unis et l'UE. Il s'agit de certains aspects qui concernent une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Parmi les requêtes manifestées par les Européens figure celle liée à la question récurrente du gaz subventionné. L'OMC reproche à l'Algérie de subventionner le prix du gaz domestique, en violation des règles de l'organisation. C'est dans cette logique que le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a mis, mercredi dernier à Alger, la position européenne sur la sellette, eu égard l'ampleur de cette requête qui, faut-il le souligner, constitue à l'heure actuelle l'un des principaux obstacles qui bloque l'intégration algérienne au sein de l'OMC et qui se négocie depuis 1987. M. Djaâboub a réaffirmé, à cet effet, le refus de l'Algérie de réviser le prix domestique du gaz, tout en déplorant la position de l'Union européenne sur les engrais algériens. Le ministre, selon l'APS, a critiqué le refus de l'UE de supprimer sa taxe de 13% sur les engrais algériens. L'Algérie a entamé, en 2007, des négociations pour la suppression d'une taxe anti-dumping de 13% imposée par l'UE sur les engrais fabriqués par l'entreprise algérienne "Fertial", sous prétexte que le prix de l'énergie "gaz" utilisée dans cette industrie était subventionné, a expliqué M. Djaâboub. Ce contentieux est "toujours à l'étude au niveau de la Commission européenne à Bruxelles, qui y voit une subvention déguisée, alors que nous avions fourni toutes les données nécessaires pour leur montrer que le prix interne du gaz est un prix réel qui ne contient pas de subvention", a-t-il dit. Le ministre, a en outre, dit que les partenaires européens "n'avaient pas tenu leurs engagements avec l'Algérie pour l'aider à accéder à l'OMC". "Il est écrit noir sur blanc qu'en contrepartie de l'accord d'association (avec l'UE), les Européens devraient aider l'Algérie à accéder à l'OMC, chose qui n'a pas été faite jusqu'aujourd'hui. Nous recevons encore des questions de la part de l'UE qui ne facilite pas cette accession", a-t-il déploré. Chose qui rend plus épais le faussé entre l'UE et la partie algérienne, notamment après que la mise en œuvre de cet accord d'association eut été largement critiqué, ces derniers jours, par les patrons algériens en particulier. Ils estiment que les déséquilibres dans les concessions accordées entre les deux parties laisse apparaître un avantage flagrant pour l'Union européenne. Ce qui a causé d'importants désagréments à l'économie algérienne, notamment dans la balance commerciale dont la facture des importations en provenance de cet espace a atteint des seuils insoutenables, contre une part des exportations très marginale. Ces patrons, en vue de renverser la balance, exigent des autorités concernées qu'ils soient sollicités pour prendre part, en janvier 2010, au rendez-vous, prévu pour passer en revue l'accord d'association avec l'Union européenne et essayer ainsi de corriger ce qu'il y a à corriger. M. Cherif Zaâf, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, en termes d'évaluation des incidences, dira : "nous pouvons affirmer que l'UE a consolidé sa part de marché. Cependant, la balance commerciale hors hydrocarbures algérienne demeure toujours déséquilibrée en faveur de l'UE, avec un rapport de 1 dollar exporté contre 20 dollars importés". Ainsi, selon M. Zaâf l'objectif a trait à la promotion et à la diversification des échanges qui a été fixé mutuellement dans le cadre de l'accord d'association et qui "reste pour l'instant en deçà des attentes de la partie algérienne", a-t-il signalé à l'issue du séminaire de lancement officiel du programme de P3A. Voulant défendre la partie européenne, la présidente de la Commission européenne, M. Laura Baeza a soutenu que plusieurs fonds ont été engagés par l'UE essentiellement pour l'appui à la transition économique, l'appui aux PME, la mise en œuvre de l'accord d'association et la diversification de l'économie. Selon Baeza, à travers les montants déboursés au profit de l'Algérie, la partie européenne a grandement honoré ses engagements, la balle est dans le camp de l'entreprise algérienne. Pour elle, la cause du déséquilibre s'explique par l'incapacité du produit algérien à se positionner sur le marché mondial. Et pour ce faire, l'entreprise algérienne doit nécessairement s'adapter aux normes européennes. A en croire toutes ces déclarations, les contentieux entre Alger et Bruxelles risquent de perdurer, et dans ce cas l'adhésion de l'Algérie à l'OMC pourrait être différée davantage. Néanmoins, M. Djaâboub a indiqué que l'Algérie poursuit ses négociations d'adhésion à l'OMC. "Le comité gouvernemental chargé de l'adhésion va se réunir dans une semaine pour trancher sur les réponses réservées aux questions évoquées par les Etats-Unis et l'UE", a-t-il précisé.