Après un repli du PIB de 6,4 % sur les trois premiers mois de l'année, la chute s'est ralentie à 1 % au deuxième trimestre. Voilà de quoi rasséréner un peu le président Obama, qui annonçait mercredi "un début de fin de récession". Comme le prévoyaient les économistes, la récession a été moins forte au deuxième trimestre. Le PIB américain a reculé de 1 % en rythme annuel, selon les chiffres publiés vendredi par le Département du commerce, alors même que les économistes prévoyaient une baisse de 1,5 %, et ce après une baisse de 6,4 % (chiffre révisé en hausse) au trimestre précédent. "Les chiffres du PIB montrent que nous faisons des progrès", a commenté vendredi le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs. Des "progrès" qui surviennent néanmoins après une baisse historique. Quatre trimestres consécutifs de contraction de l'économie américaine, c'est du jamais-vu depuis 1947 ! Et les statistiques qui ont été révisées vendredi montrent que la récession de ces derniers mois a été plus forte qu'on ne le pensait. Ainsi, la croissance en 2008, initialement fixée à 1,1 %, n'est plus que de 0,4 %. Mais la question qui taraude aujourd'hui les économistes est de savoir si la première économie mondiale a touché le fond et si elle s'apprête à repartir. Jean-Marc Lucas, de BNP Paribas, incite à la prudence. "Si le chiffre brut du PIB est satisfaisant, il l'est moins dans le détail, explique-t-il. Car la dynamique interne de l'économie américaine reste négative au deuxième trimestre." Tant la consommation des ménages que l'investissement des entreprises, en bâtiment, machines ou logiciels, sont en net repli. De plus, les Américains reconstruisent leur épargne face à la montée du chômage.Autre signe inquiétant : la "reprise" du deuxième trimestre s'appuie essentiellement sur les dépenses publiques (+ 5,6 %), résultat du plan de relance, et sur un recul plus marqué des importations qui améliore le solde extérieur. La baisse des importations a été deux fois plus forte que les exportations qui ne semblent pas encore profiter de la baisse du dollar. Mais dans le même temps, plusieurs signaux positifs plaident pour une sortie de récession avant la fin de l'année. Certains économistes prévoient même 1 % de croissance au troisième trimestre. Le Fonds monétaire international, qui estime que le pire est passé pour l'économie américaine, table sur un recul du PIB de 2,6 % en 2009. "L'ensemble des indicateurs conjoncturels sont mieux orientés", confirme Jean-Marc Lucas de BNP Paribas. En témoignent les enquêtes auprès des entrepreneurs, une hausse moins forte du taux de chômage, et un redressement du marché de l'immobilier. Sur les trois derniers mois, les transactions ont augmenté aussi bien dans le neuf que l'ancien, et les prix se redressent. Pour Florence Pisani, économiste chez Dexia, les déstockages au deuxième trimestre et le succès de la prime à la casse qui dope les ventes de voitures sont de très bon augure pour le prochain trimestre. "Cela apportera 0,5 point de croissance. Si on rajoute la contribution positive des stocks, on pourrait avoir 1 à 1,5 point de croissance au troisième trimestre", annonce l'économiste. Reste à savoir si cette reprise sera durable.
