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Le CCF propose la pièce éponyme
Alors que l'adaptation de “Le premier homme” d'A. Camus est toujours en chantier
Publié dans Le Maghreb le 11 - 04 - 2010

Albert Camus, l'écrivain très controversé, n'a jamais autant intéressé les acteurs de la vie culturelle du pays. Certes, cette année, l'on commémore le cinquantième anniversaire de sa disparition tragique dans un accident de la circulation, mais cet événement semble une occasion de remettre sur le tapis les réels engagements d'un écrivain moraliste qui avait choqué en disant que s'il avait à choisir entre la justice et sa mère, il choisirait sa mère. Il a choqué aussi par sa façon de croire en un compromis entre l'Algérie et la France en pleine guerre, alors que ses contemporains Jean Paul Sartre, Jean Genet, Simone de Beauvoir étaient radicalement opposés à toute forme de domination d'un pays par un autre. Sinon, Camus avait écrit les détresses d'un peuple algérien lui qui est né dans un quartier populaire de Belcourt, il a dénoncé toute forme d'injustice, il a honni la guerre dans la plupart de ses récits. Le Centre culturel français d'Alger (CCF) propose pour ce mardi, à partir de 19h, une adaptation au théâtre de son dernier manuscrit "Le Premier Homme " retrouvé dans sa sacoche après sa mort en 1960 dans un accident de voiture. Cette adaptation est de Jean-Paul Schintu sur une musique de Philippe Hersant. Cette pièce est une interrogation sans complaisance sur la condition humaine et l'engagement personnel. Un texte autobiographique qui évoque l'enfance et l'adolescence de l'auteur en Algérie au début du 20ème siècle, (le lien fusionnel à la mère, la fraternité des pauvres, les premiers dégâts du colonialisme, l'école de la République, l'éveil à la sensualité devant la nature) mais aussi le moment de l'écriture de l'œuvre, avec en toile de fond la guerre d'Algérie à la fin des années 50. Mais encore, la boite de production Laith média, qui a déjà monté " Délice Paloma " de Nadir Mokhnèche", "Mascarades " de Lyès Salem est actuellement sur le chantier filmique de cette œuvre qui semble donner davantage d'éclairage sur un écrivain qui, à l'âge de 40 ans, commençait à rééllement se tourmenter sur le sens que pourrait avoir son écriture ; au point où l'idée de mettre fin à ses jours l'avait traversé. Le film sera une coproduction algéro-franco-italienne. Le tournage qui devait avoir lieu à Oran, Alger et Mostaganem a selon certaines sources, été suspendu, en raison de la faillite de la banque italienne où est domiciliée la boite de production devant financer une partie du film. Ce n'est pas pour autant que ce projet va être suspendu. L'adaptation sera signée par le réalisateur italien, Gianni Amelio, lequel avait par ailleurs paraphé "Les enfants volés" (prix du jury et prix oecuménique du Festival de Cannes en 1992). Le casting est également fin prêt et ça sera l'acteur français Jacques Gambin qui endossera le personnage de Jacques Cormery, le héros de l'histoire. Claudia Cardinale, qu'on connaît par ailleurs pour avoir sublimement joué dans "Le pigeon", "Enquête à l'italienne", ou encore "Les gouapes", assurera quant à elle, le rôle de la mère sourde et distante de Jacques Cormery. Denis Podalydès, autre acteur français, aura lui aussi un rôle dans le film.
Le Premier Homme, un roman interrogatif
Roman posthume d'Albert Camus, " Le premier homme " relate une double quête, celle du père et celle de soi. Tout au long du roman, nous sommes donc les spectateurs de la quête d'identité du héros, Jacques, alter ego d'Albert Camus qui passe par l'évocation de son passé. Le contenu de cette autobiographie fictive est ainsi fourni par les souvenirs d'enfance et d'adolescence d'Albert Camus: souvenirs de la vie familiale, de l'école, du lycée, de la rue, à Alger de 1914 au début des années 1930. " Le premier homme " s'avère être un précieux témoignage sur les fondements de la pensée de Camus et sur les raisons de son engagement. Cette caractéristique semble particulièrement intéressante car elle donne une dimension intimiste au récit, le lecteur se trouve être le confident de Camus et en tant que tel, il peut d'autant mieux comprendre ce qui a orienté la vie du célèbre écrivain.
On se demande alors si cet résultante est volontaire ou non: Camus a-t-il écrit Le premier homme pour expliquer qui il était ou aurait-il souhaité au contraire, que la forme définitive de son ouvrage soit plus impersonnelle?


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