Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation, une production record et des stocks de fin de récolte sont en hausse depuis trois ans. La prochaine campagne céréalière mondiale 2010-2011 a toutes les chances de tutoyer les volumes record de 2008. C'est la principale conclusion du rapport semestriel sur les perspectives de l'alimentation publié en fin de semaine dernière par la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Ses économistes tablent sur une production globale de près de 2,28 milliards de tonnes, un niveau très proche des 2,282 milliards de tonnes de la récolte de 2008-2009 et supérieur de 1,2 % à celui de la campagne 2009-2010. " Il est important de noter que l'accroissement de la production ne sera pas limité aux exportateurs et que de nombreux pays importateurs devraient rentrer des récoltes exceptionnelles ", indiquent les experts. Les stocks sont aussi inscrits en progression (+ 0,9 %), à près de 533 millions de tonnes. Et ce pour la troisième saison consécutive, soulignent-ils. Toutefois, en raison de l'augmentation de 2 % de la consommation mondiale de céréales en 2010-2011, à près de 2,27 milliards de tonnes, le ratio entre les stocks totaux de fin de campagne et la consommation globale campe à 23,3 %, un pourcentage identique à celui de 2009-2010. Les conséquences des fondamentaux de ces marchés sur les prix ne sont guère encourageantes. " La chute des prix des céréales a été plus modérée (environ 10 %), mais les prévisions d'une nouvelle bonne campagne pourrait accentuer la pression négative sur les prix. " Les cours des grains sont également victimes du raffermissement du billet vert, leur principale unité de compte, et de la correction des prix du pétrole brut, la principale locomotive des marchés des matières premières, y compris agricoles, constate la FAO. La céréale la plus consommée en Occident, le blé, verra sa moisson reculer de près de 1 % en 2010-2011, à moins de 677 tonnes. Et ce alors même que son utilisation sera supérieure de 1,8 % au blé employé en 2009-2010, à 675 millions de tonnes. Les stocks finaux sont aussi annoncés en repli de 1 %, à un peu plus de 194 millions de tonnes. Néanmoins, la pression baissière sur les prix demeure, car les volumes qui devraient être récoltés dans les principaux pays producteurs sont toujours proches de ceux de 2008-2009, année record, suggère l'agence des Nations unies, basée à Rome. Dans le même ordre d'idées, la faible extension du commerce international de cette céréale va rendre plus âpre la compétition sur les prix entre les grands pays exportateurs, estime la FAO. Les traits du marché mondial du riz, la céréale la plus répandue en Orient, ne sont pas très différents de ceux du blé. La récolte en 2010-2011 ressortira à moins de 456 millions de tonnes, en petite baisse de 0,5 % en rythme annuel. La consommation globale, elle, frôlera les 454 millions de tonnes, alors que les stocks de fin de récolte devraient s'établir à un peu plus de 125 millions de tonnes. Les cours en ressortent affectés. L'indice des prix du riz de la FAO a enregistré une baisse de plus de 16 % entre janvier et mai de 2010 et la même période de 2009. D'autres corrections sont tout à fait probables, car " la demande d'importations est léthargique, alors que les pays exportateurs sont affublés d'amples disponibilités ", pointe l'organisation internationale. La situation du commerce mondial de riz devrait s'améliorer progressivement cette année, sans pour autant avoir la capacité de renverser la donne en matière de cours. Notons que Les prix du blé et du maïs ont baissé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, en raison des conditions météorologiques favorables aux cultures aux Etats-Unis, tandis que ceux du soja ont bénéficié d'une bonne demande. "De bonnes conditions météorologiques, des cultures en bon état: on a continué à avoir des perspectives favorables" pour la production agricole, estime Bill Nelson, de Doane Advisory Services. L'optimisme du marché pour la prochaine récolte a été renforcé cette semaine par les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Agriculture (USDA) sur l'avancée des semis et l'état des cultures. Les semis de maïs et de blé de printemps sont pratiquement terminés tandis que 74% du soja a été semé, ce qui est conforme à la moyenne de ces dernières années. La part du blé d'hiver (semé à l'automne et moissonné en juin et juillet) "bonne à excellente" a baissé d'un point par rapport à la semaine précédente (65%). Mais elle reste supérieure à celle de l'an passé à la même date (55%). Pour le blé de printemps, la qualité bonne à excellente reste à 85% et est supérieure à celle de l'an passé (73%). Le maïs est jugé "bon à excellent" à 76% contre 71% huit jours auparavant. Le soja a cependant résisté à la baisse des cours, bénéficiant d'une bonne demande, notamment des éleveurs: des rumeurs indiquant que de grosses exploitations américaines manquaient de tourteaux ont ainsi fait bondir les prix jeudi. "Les conditions météorologiques vont rester le principal facteur qui va influencer le marché la semaine prochaine, jusqu'au rapport de l'USDA", a avancé Joe Victor, d'Allendale. Le ministère doit publier jeudi son rapport mensuel sur l'offre et la demande dans le monde. Vers 15H15 GMT/17h15 HEC, le contrat de maïs pour livraison en juillet valait 3,4525 dollars le boisseau (environ 25 kg), contre 3,59 dollars il y a une semaine. Le contrat de blé à échéance en juillet reculait à 4,3950 dollars contre 4,5775 dollars une semaine auparavant. Le contrat de graines de soja à échéance identique montait lui à 9,4350 dollars le boisseau, contre 9,3795 dollars vendredi dernier.
