La Sonelgaz est dans l'incapacité de rembourser ses dettes

Enormes investissements pour accompagner la hausse de la demande intérieure en énergie électrique

Les derniers chiffres présentés par la commission de régulation d'électricité et gaz (Creg) concernant la production nationale en électricité qui sera appelée à suivre la demande intérieure en explosion, font ressortir le coût des investissements à réaliser : "Près de 1000 dollars pour le kilowatt installé", révèle le directeur du comité de direction de la Creg sur les investissements dans la construction des centrales électriques. Ce chiffre donne un aperçu sur la valeur des investissements engagés par la Sonelgaz et les gros efforts d'investissements à consentir pour augmenter davantage sa capacité productive.
Les prévisions de la Creg tablent sur une croissance de la demande en énergie électrique durant les dix prochaines années, qui devrait atteindre, au titre du programme indicatif des besoins en moyens de production de l'électricité pour la période 2010-2019, des taux compris entre 5% et 7%, selon le scénario ( moyen ou fort ).
Dans ce contexte, la Sonelgaz a engagé des projets d'investissements qui ont mis en difficulté la santé financière du groupe si des solutions ne sont pas trouvées à temps. Les mises en garde du président-directeur général, M. Nouredine Bouterfa sont réalistes.
"La société sera probablement incapable, à l'orée de 2020 de rembourser ses dettes lorsque tombera l'échéancier du différé de paiement fixé par l'Etat", avertit le P-DG du groupe sans une pointe de résignation. En effet, les investissements du groupe sont colossaux. Rien que pour l'année 2010, le groupe devrait investir 3,3 milliards (mds) de dollars (241 mds de DA) , soit le même niveau d'investissements consentis en 2009 (240 mds de DA). Le montage financier de ce programme d'investissement sera assuré à hauteur de 70% par les banques, 20,7% par l'Etat et 9% par les clients.
Aussi, la Sonelgaz compte investir, à l'orée de 2020, quelque 465 milliards de DA pour installer une capacité de production de 375 MW en photovoltaïque et en éolien. Mais le gros des investissements va porter sur l'augmentation de l'offre d'énergie électrique classique. Ainsi, la Sonelgaz traverse une période difficile, marquée par une augmentation de ses dettes, et un manque préoccupant de sources de financement.
Les dernières mesures prises par l'Etat pour l'assainissement financier du groupe ne couvrent que le financement de quelques projets du holding pour l'année 2010, "mais n'ont aucun impact sur le gros problème de financement, à moyen et long termes, que traverse le groupe". Son P-DG n'exclut pas une éventuelle augmentation des tarifs d'électricité pour faire face aux dettes du groupe contractées auprès de l'Etat.
"Le manque de ressources propres est aggravé par les difficultés auxquelles font face les sociétés du groupe pour recouvrer leurs dus auprès de certaines institutions et clients", a indiqué M. Bouterfa lors d'une rencontre avec la presse au siège de son groupe. Le niveau des créances détenues par les clients des sociétés de distribution reste élevé, 43 milliards de dinars à fin juin 2010, une somme à laquelle s'ajoute un montant de sept milliards de dinars chaque année de TVA qui n'est pas restituée par l'administration des impôts, a-t-il précisé.
Notons que selon un rapport de la commission de régulation de l'électricité et du gaz, une proposition de réajustement des tarifs de l'électricité et du gaz a été soumise aux institutions concernées, conformément aux dispositions de l'article 115, point n°22 de la loi n°02-01 du 5 février 2002.