Nous parlons, ces temps-ci, un peu trop des réformes politiques et pas assez ou pas du tout des réformes politiques. Les gouvernants étrangers ainsi que leurs entrepreneurs nous avaient bien promis qu'en " récompense " des réformes économiques libérales et de l'ouverture de notre économie au monde, les investisseurs étrangers ne manqueraient pas de se précipiter en masse chez nous et de contribuer énormément à notre développement. Depuis la déclaration de l'intention, avant même que cela ne fut une décision, d'intégrer notre économie dans le courant capitaliste du monde, ( un courant dénoncé durant trois décennies comme étant d'essence impérialiste) rien ne s'est produit de bien pour nous. L'individualisme a pris le dessus sur le sentiment d'une destinée commune à tous. Qu'entendre alors par réformes économiques ? Préparer les entreprises publiques à une économie de concurrence ou carrément à leur privatisation totale ou partielle alors que pour certains ultras la réforme, le cœur des réformes, c'est la disparition totale des entreprises publiques. Réformer le fonctionnement de l'économie par l'apparition de nouveaux acteurs ? En réalité, pourquoi des réformes et pourquoi des privatisations quand il est tenté de faire accréditer la thèse selon laquelle le secteur public n'est pas apte à entrer en économie de marché, alors que les pouvoirs publics vont investir dans la création de nouvelles entreprises publiques ? Avions-nous épuisé le débat sur les raisons d'entrer dans l'économie de marché de façon à pouvoir dégager un consensus mobilisateur ? Pas du tout. Même le rééchelonnement auquel avait procédé le gouvernement de Reda Malek avait suscité des " moqueries " du genre " bââ le bled ". C'était des moqueries que les populations avaient fait leurs. Il est peut-être temps de jeter un regard sur les conditions qui avaient motivé l'entrée de l'Algérie à la fois dans l'économie de marché et la consécration aux normes politiques du pluralisme politique. Peut-être que cela permettrait de lever les obstacles rencontrés à ce jour dans la réalisation des objectifs poursuivis par les réformes. Tard, mais peut- être pas trop tard pour les deux voies. Trop de promesses avaient été faites à l'époque. Bien au contraire, cela avait induit plutôt des impasses que des solutions. Ouvrir le monde à l'Algérie ou l'Algérie au monde ? Cela fait longtemps qu'il a été promis une victoire sur les deux tableaux. Ouvrir l'Algérie au monde et le monde à l'Algérie. Nous sommes en général dans le premier cas, dans un contexte où c'est notre capacité financière qui est convoitée car elle fait de notre pays un excellent et fidèle client qui paie en plus dans les délais définis par contrat. On dit que l'Algérie a une signature de qualité. On le dit depuis longtemps déjà pour expliquer que notre pays paie ses dettes rubis sur l'ongle, malgré que les engagements étrangers à transmettre le savoir-faire et l'expertise technologique n'ont pratiquement jamais été tenus. Ouvrir donc l'Algérie au monde a été perçu comme procédant de la volonté d'ouvrir tout notre marché aux importations, ce que redoutaient à l'époque nos différents experts qui ne manquaient d'expliquer que cette ouverture ferait de notre pays un immense " souk ", un bazar, disaient-ils, avec des marchandises venues de toute part.