Le marché obligataire européen a poursuivi sa détente, avant-hier, les taux à 10 ans de l'Espagne tombant sous les 5% pour la première fois depuis octobre, grâce à l'optimisme des investisseurs qui espèrent un accord imminent sur la dette grecque. Avant-hier en clôture, le rendement du taux espagnol à dix ans, qui évolue en sens inverse de la demande, s'inscrivait à 4,934% contre 5,178% la vielle à la clôture. Il avait frôlé les 7% en novembre. Le taux italien de même échéance reculait aussi nettement à 5,878% contre 6,033% la veille. "Il y a une série de nouvelles positives qui contribuent à la poursuite de la détente sur le marché de la dette", a commenté Patrick Jaca, stratégiste obligataire chez BNP Paribas. Concernant l'Espagne, "les investisseurs saluent d'abord les avancées du pays en matière de rigueur budgétaire", a-t-il expliqué. Le gouvernement espagnol a approuvé son projet de loi de stabilité budgétaire, qui inclut une interdiction pour les 17 régions du pays d'être en déficit à partir de 2020, alors que leur mauvaise situation financière inquiète profondément les marchés. Le succès d'une émission obligataire italienne a aussi contribué à rassurer. Rome a levé comme prévu 11 milliards d'euros de titres à court terme à des taux en forte baisse. Enfin, les investisseurs veulent croire à une sortie de crise imminente en Grèce. A Davos, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, s'est voulu optimiste, tablant sur un accord probablement ce week-end. Cette perspective a été confortée par les propos du patron de la première banque allemande Deutsche Bank, Josef Ackermann, qui s'est dit confiant dans le fait qu'un accord était sur le point d'être trouvé, les banques étant prêtes à accepter "presque 70% de pertes". En revanche, Paris et Berlin ont accueilli fraîchement les appels de la Commission européenne à une aide accrue des créanciers publics de la Grèce, avec une rallonge envisagée allant jusqu'à 15 milliards d'euros. Le taux français à 10 ans était à 3,026% contre 3,091% la veille et le Bund allemand de même échéance à 1,856% contre 1,869%. Désormais considéré comme "spéculatif" par les agences de notation, le Portugal voyait en revanche ses taux obligataires continuer à s'envoler à des niveaux historiques à 14,658% contre 14,256% jeudi. "Le pays pourrait avoir besoin d'aides supplémentaires car il n'est pas certain qu'il puisse remplir ses objectifs budgétaires", a rappelé M. Jacq. Hors zone euro, le Gilt britannique baissait à 2,066%, contre 2,086% la veille. Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 1,924% contre 1,931% mais celui à 30 ans montait légèrement à 3,097% contre 3,090% la veille. Les taux courts à trois mois étaient stables à 0,05%. Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a reculé à 1,138% contre 1,142% la veille, tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars était en baisse à 0,551%, contre 0,553%.
