Après avoir débuté la semaine sur une forte baisse, les Bourses européennes ont repris des couleurs, hier, ouvrant sur une timide hausse, même si les investisseurs restent inquiets de la situation des pays les plus fragiles de la zone euro, en particulier l'Espagne. Paris a ainsi démarré sur une hausse de 0,18%, Londres de 0,26%, Francfort de 0,42%. Peu après l'ouverture Madrid et Milan qui avaient carrément plongé lundi, gagnaient respectivement 0,57% et 0,21%. Wall Street a clôturé en baisse la veille, réussissant à atténuer un peu son repli après la fermeture des places financières en Europe. Tokyo a pour sa part fini, hier, sur un recul de 0,81%. A l'approche du sommet européen prévu, demain et après-demain, les attentes se font de plus en plus fortes, alors que les taux d'emprunts de l'Espagne s'envolent de nouveau, le pays payant cher la situation de ses banques asphyxiées par des crédits immobiliers risqués. Concrétisant les craintes, Moody's a abaissé la veille, de un à quatre crans la note de long terme de la dette de 28 banques espagnoles et de deux émetteurs de crédits. Seize établissements pourraient encore être abaissés à court ou moyen terme. Face à cette pression grandissante, et à deux jours du sommet, les responsables européens tentent de parer à la situation. Le ministre français de l'Economie Pierre Moscovici a reçu ainsi, hier soir, à Paris ses homologues allemand, italien et espagnol des Finances afin de préparer activement le sommet européen de Bruxelles. Et ce soir à Paris, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, doivent également se rencontrer toujours dans la perspective du sommet. Hier matin, sur le marché obligataire, les taux d'emprunts de l'Espagne et de l'Italie continuaient à se tendre. Et c'est dans ce contexte que Rome va tenter de lever dans la journée entre 2,5 et 4 milliards d'euros à moyen et long terme et Madrid deux et trois milliards à trois et six mois. De son côté, la Grèce se retrouve à nouveau dans la confusion. Son premier ministre, Antonis Samaras, est quasi hors d'état de gouverner et le ministre des Finances a renoncé à ses fonctions, tous deux pour raisons de santé. Enfin, Chypre a demandé officiellement l'aide financière de la zone euro, devenant le cinquième pays de l'Union européenne à faire appel à une assistance financière de ses partenaires. Paris en timide hausse, grande prudence à l'approche du sommet La Bourse de Paris était en timide hausse, hier matin, dans un marché très tendu à l'approche de plusieurs émissions obligataires en Espagne et en Italie et à deux jours d'un sommet européen crucial pour la zone euro. Dans les premiers échanges, le CAC 40 progressait de 0,37% à 3032,90 points. Le secteur bancaire, qui a fortement reculé lundi, souffrait des incertitudes en zone euro. Crédit Agricole baissait de 0,91% à 3,16 euros, Société Générale de 0,81% à 16,61 euros et BNP Paribas de 0,23% à 27,72 euros. Les valeurs parapétrolières souffraient du repli du cours du baril d'or noir autour des 78 dollars à New York. Technip perdait 0,50% à 75,21 euros. Hors CAC 40, CGG Veritas enregistrait la plus forte baisse du SBF 120 (-1,55% à 18,13 euros) suivi par Bourbon (-0,86% à 17,36 euros). Exel Industries cédait 1,52% à 32,50 euros. Le fabricant d'appareils de pulvérisation a vu ses ventes reculer fortement au troisième trimestre de son exercice décalé. Londres se reprend après trois séances de baisse La Bourse de Londres était en légère hausse mardi matin, se reprenant des pertes des séances précédentes, mais les investisseurs restaient prudents sur fond de craintes persistantes pour l'économie européenne. L'indice FTSE-100 des principales valeurs prenait 0,31% à 5 467,55 points dans les premiers échanges. Ce rebond est logique "après trois jours de baisse", souligne Simon Furlong, courtier chez Spreadex, qui juge toutefois que "la faible confiance en Europe empêche une reprise importante". Plusieurs émissions obligataires attendues en Espagne et en Italie "seront le vrai test pour évaluer l'aversion au risque des investisseurs", estime pour sa part Markus Huber d'ETX Capital. Les valeurs bancaires étaient en vue après la dégradation dans la nuit par Moody's des notes de 28 banques espagnoles, même si cette décision était attendue. A Londres, Lloyds Banking Group perdait 1,06% à 30,089 pence et Barclays 0,39% à 193,5 pence, mais HSBC progressait de 0,63% à 561,8 pence. Royal Bank of Scotland, toujours confrontée aux conséquences d'un énorme bug informatique intervenu la semaine dernière, reculait de 0,89% à 234,7 pence. Les coûts devraient se mesurer en dizaines de millions de livres selon les analystes. Du côté des hausses, le groupe pharmaceutique Shire rebondissait de 2,47% à 1 786 pence. L'action avait plongé de plus de 10% la veille suite à l'approbation par les autorités sanitaires américaines d'une version générique d'un de ses traitements, fabriqué par un de ses concurrents. Francfort: Dax en léger rebond (+0,26%), énergétiques demandées La Bourse de Francfort se reprenait quelque peu mardi après avoir lâché plus de 2% la veille, tandis que les valeurs de l'énergie profitaient d'un commentaire d'analystes positif. L'indice vedette Dax gagnait 0,26% à 6 148,36 points, peu après l'ouverture. A la même heure le MDax prenait 0,17% à 10 041,35 points. Les valeurs de l'énergie EON et RWE étaient particulièrement bien orientées, grâce à des commentaires positifs de Bank of America Merrill Lynch rapportés par l'agence Dow Jones Newswires, et grâce également à un effet de rattrapage après de mauvaises performances la veille. EON gagnait 2,80% à 15,80 euros. Les analystes recommandent désormais l'action à l'achat, alors que leur avis jusqu'ici était "neutre". RWE montait de 3,02% à 30,85 euros. La banque d'investissement a là aussi amélioré sa recommandation, à "neutre" contre "sous-performance" auparavant. Les bancaires, très éprouvées la veille sur fond d'inquiétudes pour un institut italien, de demande officielle d'aide pour les banques espagnoles, et de recours de Chypre à l'aide européenne, se remettaient. Deutsche Bank s'adjugeait 1,32% à 27,73 euros et Commerzbank 1,39% à 1,38 euro. Sur le MDax Rheinmetall perdait 0,50% à 36,76 euros. Le groupe de défense a annoncé le report sine die de l'introduction en Bourse de sa division d'équipement automobile, initialement prévue d'ici le 30 juin. "L'évolution des marchés financiers ainsi que la situation économique et politique en zone euro ne se sont pas assez stabilisées pour offrir des conditions favorables à une introduction en Bourse" pour le moment, a estimé le groupe dans un communiqué. Suisse : ouverture hésitante La Bourse suisse a ouvert tout juste au-dessus de son niveau de la veille, hier. Les indications préalables sont négatives mais, après les pertes du jour précédent, les intervenants s'attendent à une légère réaction technique. Dans les premiers échanges, le SMI cédait marginalement 0,07% à 5940,17 points. Le SLI lâchait 0,09% à 880,84 points et le SPI 0,11% à 5515,78 points. Les chartistes de la BC Zurich jugent la tendance légèrement positive et tablent sous trois jours sur une petite hausse. Les nouvelles d'entreprises restent denrée rare. Les changements de ratings et objectifs de cours apportent un peu d'animation. Adecco (+3,2% à 38,49 francs) avait le vent en poupe. Le leader mondial du travail temporaire a lancé un programme de rachat d'actions d'un maximum de 400 millions d'euros. L'opération sera financée par l'émission d'emprunts dans un futur proche. Depuis le début de l'année, le titre a cédé un bon 5%, et sur un an près de 36%, fait remarquer un intervenant. Syngenta (+1,9%) était également recherché. Le titre profitait des cours en hausse des céréales aux USA, une information qui avait déjà animé le secteur la veille. Les autres grands gagnants avaient pour noms: Lonza (+0,8%), Sonova (+0,4%) et Julius Bär (+0,3%). Les cycliques souffraient le plus, à l'image de Kühne+Nagel (-1,3% à 96,60 francs). Nomura a abaissé l'objectif de cours du groupe de logistique à 120 (125) francs, tout en restant à "buy" sur le titre. ABB (-0,4% à 14,91 francs) perdait aussi du terrain dans le sillage de la réduction d'objectif de cours d'Exane BNP à 18 (19) francs. Le bon de participation Schindler abandonnait 0,4% à 104,70 francs. Exane BNP a abaissé la recommandation à "neutral" de "outperform", pour un objectif de cours à 123 francs. Le fabricant d'ascenseurs et d'escaliers roulants a surperformé de 10% le secteur depuis mars 2012 et se situe tout près de son sommet en matière de valorisation. Parmi les défensives, Nestlé (-0,1%), Novartis (-0,3%) et Roche (+0,2%) évoluaient de manière hétérogène. Actelion (-0,2%) ne parvenait pas à poursuivre la hausse entamée la veille sur fond de rumeurs de rachat. Sur le marché élargi, Galenica (action inchangée) organise une journée des investisseurs. Perfect (-7,1%) et Bachem (-6,0%) ont perdu le plus de terrain en pourcent. A l'inverse, USI (+10,3%) et Mindset (+8,8%) ont le plus progressé. Tokyo : le Nikkei clôture en baisse L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé, hier, la séance en baisse de 0,81% sous l'effet d'une hausse tendancielle du yen face à l'euro et au dollar, des affres de la zone euro et du vote d'une augmentation de la taxe sur la consommation au Japon, selon des courtiers. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a cédé 70,63 points pour s'afficher à 8 663,99 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part décliné de 6,33 points (-0,85%) pour terminer à 738,89 points. La séance a été modérément active, avec 1,8 milliard de titres échangés sur le premier marché. Les titres particulièrement sensibles à la conjoncture internationale ont plus souffert que les autres, à l'image du groupe de transport maritime Mitsui OSK Lines (-3,2% à 272 yens) et du sidérurgiste JFE Holdings (-2,37% à 1 277 yens). L'action du premier constructeur de voitures japonais, Toyota, a baissé de 1,14% à 3 045 yens, celle de Honda de 1,54% à 2 620 yens et celle de Nissan de 1,1% à 720 yens. Le titre du groupe d'électronique japonais Sony a abandonné 2,91%, pour terminer à 1 102 yens, celui de son compatriote et concurrent du même secteur, Panasonic, a fléchi de 0,95%, à 626 yens et l'action Sharp a perdu 2,93% pour terminer à 398 yens. Lundi après la clôture, Sony et Panasonic avaient annoncé un partenariat dans le développement des téléviseurs de nouvelle génération à technologie organique électroluminescente (OLED), mais des analystes jugent que cette alliance survient trop tard et qu'elle ne permettra pas aux deux géants de résoudre les difficultés auxquelles sont confrontées leurs activités de TV. Du côté des valeurs bancaires, comme d'habitude les plus échangées de la journée, Mizuho Financial Group a cédé 2,36% à 124 yens, Mitsubishi UFJ Financial -2,2% à 356 yens et Nomura Holdings -2,14% à 275 yens.