Les Bourses européennes ont de nouveau chuté, avant-hier, particulièrement le Dax allemand, dans un climat de nervosité avant le discours du président de la Réserve fédérale américaine, vendredi à Jackson Hole et d'incertitudes sur l'évolution de la crise de la dette dans la zone euro qui incite les investisseurs à fuir les positions risquées. À Paris, le CAC 40 a accusé une nouvelle baisse pour repasser sous la barre des 3 400 point. Le Dax allemand a chuté encore plus lourdement (-1,64%), alors que le Footsie britannique, moins exposé à la crise de la zone euro, a limité des pertes à -0,42%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a reculé de 0,77%. Entamée la semaine dernière, la correction des places financières est à la hauteur des espoirs d'intervention des banques centrales qui ont soutenu le rally boursier estival et dont les analystes s'accordent aujourd'hui à dire qu'ils étaient exagérés. Mais selon ces mêmes analystes, la chute des derniers jours signifie aussi que les marchés ne devraient pas plonger s'ils sont déçus par Ben Bernanke. "Les gens commencent à réaliser qu'il ne va pas se passer grand chose à la réunion de Jackson Hole. Aux Etats-Unis, la consommation des ménages a progressé en juillet pour la première fois en trois mois et les nouvelles inscriptions au chômage se sont stabilisées après deux semaines de hausse. L'incertitude règne également sur les intentions de la Banque centrale européenne (BCE), avant sa réunion du 6 septembre, notamment sur d'éventuels rachats de dette, d'autant que l'Espagne n'a toujours pas demandé d'aide. Le président français François Hollande, reçu par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, a insisté sur le fait que Madrid était "souveraine" pour décider d'une éventuelle aide. La situation du pays est délicate. Deux jours après une requête de plus de 5 milliards d'euros de la Catalogne, la région de Valence va demander une aide à l'Etat central de plus de 4,5 milliards d'euros. Les craintes sur l'Europe, en particulier la dégradation du marché du travail en Allemagne en août, ont éclipsé "une nouvelle série de résultats d'entreprises plutôt bien accueillis", observent les analystes chez IG Markets. Paris La Bourse de Paris a terminé en nette baisse, avant-hier, (-1,02%), signant sa troisième séance dans le rouge d'affilée, dans un marché qui a refusé de prendre le moindre risque à la veille d'un discours très attendu du patron de la banque centrale américaine Ben Bernanke. L'indice CAC 40 a perdu 34,78 points à 3 379,11 points, dans un volume d'échanges très faible de 2,203 milliards d'euros. "Le marché est dans une phase d'attente totale. Les investisseurs refusent de prendre des positions avant d'en savoir plus sur les banques centrales", résume Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque. Carrefour (+6,73% à 16,81 euros) a bondi après avoir réduit sa perte au premier semestre grâce notamment à la croissance de ses ventes en Amérique latine. Il va supprimer 500 à 600 postes administratifs en France. Vivendi (+3,28% à 15,61 euros) a été plébiscité grâce à des résultats meilleurs que prévu et la résistance de la filiale de téléphonie SFR. Le scénario d'une "scission" du groupe n'est en outre pas envisagé par la direction. Parmi les autres publications bien reçues, ont figuré Eiffage (+7,32% à 24,41 euros), Gemalto (+4,98% à 62,41 euros) ou encore Altran (+4,88% à 4,23 euros). En revanche, Pernod Ricard (-2,42% à 85,66 euros) a pâti de résultats annuels sans grande surprise et anticipés par le marché. Publicis a perdu 1,09% à 41,27 euros, "affecté dans le sillage de l'avertissement de son concurrent britannique WPP", indique IG Markets. De leur côté, les valeurs cycliques, dépendantes de la conjoncture, ont souffert des incertitudes sur les banques centrales, à l'image de Peugeot (-3,86% à 5,96 euros), Renault (-3,56% à 36,74 euros), Alcatel-Lucent (-1,75% ç 0,89 euro) et ArcelorMittal (-2,69% à 11,56 euros). Enfin, les valeurs bancaires ont évolué en ordre dispersé, comme BNP Paribas (-1,36% à 33,84 euros) et Crédit Agricole (+0,37% à 4,31 euros). Société Générale, qui pourrait céder sa filiale égyptienne à Qatar National Bank, a perdu 1,85% à 20,47 euros. Londres La Bourse de Londres a clôturé en baisse, avant-hier, les investisseurs semblant gagnés par le doute à la veille d'un discours très attendu du président de la Fed, Ben Bernanke. L'indice FTSE-100 des principales valeurs a achevé la séance sur un repli de 0,42%, abandonnant 24,08 points par rapport à la clôture de la veille, à 5 719,45 points. Les minières ont achevé la séance en forte baisse à l'exemple de Glencore et de Xstrata qui ont lâché 2,89% à 357,45 pence et 2,26% à 901 pence alors que Qatar Holding a annoncé qu'il voterait contre leur projet de fusion lors de l'assemblée de Xstrata le 7 septembre. Le géant publicitaire WPP, qui a abaissé ses prévisions de croissance pour l'année, a reculé de son côté de 2,22% à 818,5 pence. Barclays a elle perdu 1,41% à 183,5 pence après avoir annoncé la nomination au poste de directeur général d'Antony Jenkins qui aura la lourde tâche de redresser l'image de la banque après le scandale du Libor qui a coûté sa place à son prédécesseur, Bod Diamond. La banque a reconnu par ailleurs, mercredi soir, faire l'objet d'une enquête de l'Office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO) sur les conditions d'une levée de fonds au Qatar en 2008. Du côté des progressions, le fabricant de cigarettes British American Tobacco a pris 2,07% à 3 325 pence, le géant des boissons alcoolisées Diageo 0,87% à 1 742,5 pence, le groupe de grande distribution Tesco 0,86% à 339,55 pence et le groupe pharmaceutique AstraZeneca 0,58% à 2 960,5 pence. Francfort L'aversion au risque a été forte à la Bourse de Francfort avant-hier, à la veille du discours du président de la Fed tandis que les valeurs automobiles ont été particulièrement sanctionnées en raison de sombres perspectives pour le secteur selon des analystes. L'indice vedette Dax a lâché 1,64% à 6 895,49 points, creusant ses pertes en fin d'après-midi. Le MDax des 50 valeurs moyennes allemandes a fini en baisse de 1,08% à 10 944,05 points. Les valeurs automobiles ont souffert de plusieurs notes d'analystes pessimistes pour le secteur en raison du ralentissement de la conjoncture mondiale. Daimler a perdu 5,53% à 39,05 euros, BMW 4,75% à 57,35 euros et Volkswagen 3,97% à 139,1 euros. ThyssenKrupp, qui en raison de "faibles commandes" a annoncé des mesures de chômage partiel dans l'une de ses usines d'acier inoxydable à Bochum (nord-ouest), qui s'ajoutent à celles déjà prises sur d'autres sites du groupe depuis août, a reculé de 2,66% à 15,74 euros. A contre-courant de la tendance générale, le groupe de distribution Metro a gagné 2,12% à 24,27 euros. Il a profité des résultats encourageants de son concurrent français Carrefour, qui a réduit sa perte au premier semestre, et de nouvelles spéculations sur son projet de céder les activités à l'étranger de ses supermarchés Real, bien implantés en Europe de l'Est. Ni Metro, ni le groupe français Auchan, évoqué par les médias comme un candidat au rachat, n'ont souhaité s'exprimer sur le sujet. Lufthansa a gagné 0,54% à 9,76 euros. Une grève de son personnel de cabine est annoncée pour vendredi, une mauvaise nouvelle qui a eu toutefois le mérite pour les investisseurs de lever les incertitudes sur les intentions du syndicat organisateur. Suisse La Bourse suisse a perdu du terrain avant-hier. Le SMI a évolué une grande partie de la séance latéralement dans le rouge. Vers la fin, il a encore nettement accentué ses pertes, notamment après que le Premier Ministre slovaque Robert Fico a déclaré qu'il estime à 50% la probabilité d'un éclatement de la zone euro. Le SMI a terminé en recul de 0,68% à 6 378,29 points. Le SLI a cédé 0,77% à 943,09 points et le SPI 0,67% à 5 892,47 points. Bâloise (inchangé) a tenu la vedette: l'assureur était le dernier blue chip à présenter ses chiffres semestriels et il a dépassé les attentes au niveau du groupe et du secteur non-vie. Les autres valeurs des assurances ont fini en rouge: Zurich a perdu 0,8%, Swiss Re 0,2% et Swiss Life 0,1%. AWD, filiale de Swiss Life, a annoncé que plusieurs plaintes d'investisseurs ont été écartées par le tribunal de Cologne. Les perdants ont nettement dominé le tableau du SMI/SLI. Les valeurs qui ont été le plus sous pression sont Syngenta (-2,3%) et Clariant (-2,2%). Morgan Stanley a relevé l'objectif de cours de Syngenta, tout en maintenant "underweight". D'autres cycliques ont également souffert, à l'image d'ABB (-0,8%), SGS (-0,5%), Logitech (-0,9%) et Adecco (-1,2%). Pour Transocean (-0,4%), Fitch a confirmé le rating de crédit long terme à "BBB-" et le court terme à "F3", avec perspective toujours "négative". Les poids lourds pharma ont aussi reculé. Novartis a perdu 0,2% et Roche 0,6%. Nestlé (-0,5%) a aussi cédé du terrain. Aux bancaires, UBS (-1,7%), Julius Bär (-0,4%) et CS (-1,3%) font aussi partie des perdants du jour. Les plus gros gagnants sont Actelion (+1,4%) et Nobel Biocare (+0,8%). Sur le marché élargi, plusieurs sociétés ont publié leurs chiffres semestriels, dont Tamedia (-1,5%), Emmi (+1,1%), Implenia (+1,7%) et SHL (inchangé). Nationale Suisse (+3,5%) a aussi tenu la vedette. Des changements ont eu lieu au sein de l'actionnariat du groupe. La Banque du Land de Baden-Württemberg (LBBW) et de la Banque cantonale de Bâle se sont retirées, vendant leur participation à la Mobilière et à Helvetia. Avec la Mobilière, Nationale a acquis un nouvel actionnaire clé du secteur des assurances. Tokyo La Bourse de Tokyo a terminé la séance d'avant-hier, en baisse de 0,95%, les investisseurs étant prudents avant un discours très attendu du président de la banque centrale américaine et inquiets pour la croissance mondiale. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 86,03 points à 8 983,78 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé de son côté 0,83%, lâchant 6,24 points à 743,79 points. L'activité a été extrêmement faible, avec 1,35 milliard d'actions échangées sur le premier marché. Wall Street La Bourse de New York a terminé en baisse prononcée, dans un marché très prudent avant le discours du président de la Banque centrale américaine (Fed) prévu vendredi et s'inquiétant de la situation en Europe: le Dow Jones a lâché 0,81% et le Nasdaq 1,05%. Selon les résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones Industrial Average a perdu 106,77 points à 13 000,71 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 32,48 points à 3 048,71 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a reculé de 0,78% (-11,01 points à 1 399,48 points). Il repasse ainsi sous la barre psychologique des 1 400 points dépassée le 7 août pour la première fois depuis début mai.