Les ministres européens étaient réunis, avant-hier, à Bruxelles avec l'intention affichée de tailler dans les dépenses du budget commun pour 2013, mais les négociations semblaient bloquées en fin d'après-midi. "Nous sommes en réunion depuis 390 minutes et toujours aucun accord", a annoncé peu avant 17H00 la représentation britannique sur son compte twitter. Les Etats ont suspendu les discussions et ont donné une heure au commissaire en charge du Budget, Janusz Lewandowski, pour leur soumettre "une proposition de compromis créative et consensuelle", a indiqué son porte-parole. Dès, avant-hier matin, la présidence chypriote de l'UE avait prédit une "longue nuit" de négociations. "Nous devons impérativement trouver un accord sur le budget 2013 avant mardi", avait expliqué le secrétaire d'Etat chypriote aux Affaires européennes, Andreas Mavroyanis. Les Pays-Bas inflexibles Sa médiation ne sera pas facile. "Il ne faut pas s'attendre à une quelconque flexibilité de ma part", a affirmé le nouveau ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem. "Nous avons pris des mesures drastiques aux Pays-Bas, nous ne pouvons pas accepter que le budget européen augmente. La Commission doit décider de ses priorités et couper là où c'est nécessaire", a-t-il dit. Les Pays-Bas sont un des pays les plus intransigeants avec la Grande-Bretagne. "La Commission demande une augmentation de 6,8% des dépenses. Le Royaume-Uni et d'autres refusent cela", a rappelé la représentation britannique dans un message posté, avant-hier matin, sur son compte twitter. Avant même d'aborder le budget 2013, la réunion a commencé par l'examen d'une demande de contributions pour combler un trou de 8,9 milliards d'euros manquants dans celui de cette année, qui a mis à sec les caisses de plusieurs programmes, dont les bourses étudiantes Erasmus. Pour éviter de remettre de l'argent frais, huit Etats (Allemagne, France, Royaume Uni, Suède, Pays-Bas, Finlande, Danemark et Autriche) demandent la réaffectation de crédits non utilisés, qu'ils estiment à 15 milliards d'euros. Mais la Commission leur a répondu que cet argent était déjà affecté. La position de ces pays bloque notamment un accord pour le remboursement de 670 millions d'euros dus à l'Italie au titre de la solidarité après le séisme en Emilie Romagne en mai 2012. Les discussions devraient ensuite se poursuivre sur le projet de budget 2013 proposé par la Commission, qui prévoit 138 milliards d'euros de dépenses, soit une hausse de 9 milliards (+6,8%) par rapport à 2012. Elles seront tout aussi difficiles, car sept des 12 contributeurs nets (Royaume-Uni, France, Allemagne, Finlande, Suède, Pays-Bas et Autriche) refusent toute augmentation de leur quote-part et veulent réduire le projet de 5 milliards. La France a calculé qu'elle devrait sinon augmenter sa contribution de 1,6 milliard d'euros. Le négociateur du Parlement européen, l'eurodéputé conservateur français Alain Lamassoure, a dénoncé une "obsession" des ministres pour les coupes et a rappelé que cet argent devait servir à "rembourser des dépenses engagées par les Etats". Bourses Erasmus menacées Le budget 2013 est le dernier de la période 2007-2013, et l'exercice de coupes est en droite ligne avec les positions affichées par les sept gouvernements sur le budget 2014-2020. "Un échec risque d'empoisonner les négociations sur le budget pluriannuel" lors du sommet européen extraordinaire des 22 et 23 novembre, a reconnu, avant-hier matin M. Mavroyanis.Une des conséquences pourrait être la réduction des fonds alloués à certains programmes européens comme les bourses Erasmus, la recherche, les aides à la formation. Une centaine de personnalités européennes sont montées au créneau la veille, dont le philosophe français Michel Serres et le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, en adressant une lettre ouverte aux dirigeants européens pour défendre Erasmus, devenu emblématique des conséquences des coupes dans les dépenses.