La Banque centrale du Brésil a relevé son taux d'intérêt directeur de 0,5 point, à 8%, pour tenter de freiner l'inflation, en dépit d'une croissance plutôt décevante au premier trimestre. Le Comité monétaire de la Banque centrale (Copom) "estime que cette décision contribuera à freiner l'inflation et à garantir que cette tendance persistera l'an prochain", indique un communiqué. Le marché était partagé entre deux options: une hausse de 0,25 point de pourcentage ou une plus agressive de 0,5. "C'est une décision très osée, qui surprend le marché", a déclaré l'économiste Felipe Queiroz. "Cela montre une attitude très ferme face à l'inflation" ajoute le spécialiste. Préoccupée par l'inflation, la Banque centrale brésilienne avait déjà relevé le mois dernier son taux de 0,25 point de pourcentage à 7,5%, la première hausse depuis juillet 2011. En mars, les experts ont commencé à s'inquiéter quand il a été confirmé que l'inflation des douze derniers mois s'établissait à 6,59%, un chiffre qui dépasse le taux de tolérance fixé à 6,5%. En avril, l'inflation sur un an a légèrement reculé à 6,49%. Or, les autorités monétaires brésiliennes aspirent toujours à ramener l'inflation cette année à 4,5%. En 2012, l'inflation au Brésil s'est établie à 5,8% après avoir atteint 6,5% en 2011, son taux le plus élevé en sept ans. Le Brésil a eu dans le passé des taux d'intérêt parmi les plus élevés du monde depuis la lutte livrée contre l'hyperinflation dans les années quatre-vingts. La décision prise par la banque centrale était attendue pour évaluer la direction qui serait prise par les autorités économiques et monétaires: contenir l'inflation ou favoriser la croissance avec des taux d'intérêt assez bas. La lutte contre la hausse des prix a été privilégiée alors même que la croissance brésilienne est restée limitée à un modeste 0,6% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent. Ce chiffre est moins bon que celui attendu par le marché, et le gouvernement soucieux de promouvoir la croissance à un peu plus d'un an de nouvelles élections présidentielles. Les autorités brésiliennes tablaient sur une progression de 1% par rapport au trimestre précédent. Sur un an, le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une progression de 1,9%, par rapport au premier trimestre 2012, selon l'institut brésilien de la statistique. L'économie brésilienne a progressé de 0,9% en 2012 contre 2,7% en 2011 et 7,5% en 2010. Les analystes sont toutefois satisfaits de la décision annoncée par la banque centrale. Une hausse de 0,5 point du taux d'intérêt "est très bien, parce qu'il existait des doutes sur l'indépendance de la Banque Centrale. Avec cette décision, cela donne une réponse positive au marché parce que, même si le niveau de croissance du PIB est à un niveau très bas, l'inflation est très préoccupante" a confié Manuel Enriquez Garcia, économiste à la Faculté d'Economie de l'Université de Sao Paulo. En revanche, la puissante Fédération des Industries de Sao Paulo (FIESP) a critiqué la décision de la Banque Centrale affirmant que "ce n'était pas le moment" d'augmenter les taux d'intérêt car cela réduira encore davantage la capacité de croissance du Brésil", selon la presse. "Elever le taux d'intérêt entrainera une diminution des investissements dans le secteur productif", a indiqué de son côté la centrale ouvrière Fuerza Sindical.
