Les prix des matières premières ont évolué en ordre dispersé la semaine dernière, le café et le cacao reculant en raison d'une offre abondante tandis que le sucre tentait de se reprendre, dans un marché plombé par l'annonce du ralentissement des énormes mesures d'aide de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie des Etats-Unis. Les injections de liquidités de la Fed dans le système financier américain ont notamment pour effet de stimuler les achats d'actifs à risque (comme les matières premières) et de diluer la valeur du dollar. L'annonce d'une diminution prochaine de ces mesures a provoqué un net renforcement du billet vert, qui a eu pour effet de rendre plus coûteux les achats de matières premières libellées dans la monnaie américaine. Cacao Les prix du cacao ont chuté cette semaine, tutoyant jeudi leur plus bas depuis début avril, à cause des annonces de la Fed mercredi mais aussi en raison d'une abondance de l'offre. "La principale influence baissière reste l'amélioration des perspectives de récoltes en Afrique de l'Ouest", ont expliqué les analystes de la revue spécialisée The Public Ledger. Selon eux, les arrivées de fèves dans les ports de Côte d'Ivoire, le premier exportateur mondial de cacao, sont plus importantes qu'à la même période l'année dernière. De plus, les craintes sur la qualité des fèves ivoiriennes ont été apaisées par la promesse gouvernementale d'octroyer des subventions aux exportateurs et aux concasseurs pour qu'ils achètent les fèves quoiqu'il arrive, ont indiqué les analystes de Commerzbank. Du coup, "il devrait y avoir plus de cacao sur le marché", ont-ils conclu. Face à cette offre importante, l'état de la demande est incertain. "Les opérateurs attendent les volumes de cacao concassés en Amérique du Nord et en Europe - considérés dans le secteur comme un baromètre de la demande - pour le deuxième trimestre, deux rapports attendus mi-juillet", a signalé The Public Ledger. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre valait 1429 livres sterling vendredi, contre 1510 livres sterling le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en septembre valait 2161 dollars, contre 2301 dollars sept jours plus tôt. Café Les cours du café, qui se sont repliés la semaine dernière, ont été particulièrement touchés par la Fed tandis que l'offre surabondante continue de peser sur les cours. "Le cours de l'arabica a été durement affecté (jeudi), chutant de presque 5% pour toucher un plus bas en quatre ans", ont relevé les analystes de Commerzbank. Coté à New-York, cette espèce de café considérée de meilleure qualité que le robusta a atteint jeudi 117,10 cents la livre, son minimum depuis juillet 2009. Les prix du café avaient pourtant bien commencé la semaine, évoluant en hausse après la décision des autorités brésiliennes d'octroyer 3,180 milliards de reais (1,07 milliard d'euros) de lignes de crédit pour soutenir les producteurs de café. Selon le gouvernement brésilien, ces prêts (notamment destinés à financer le stockage des fèves) empêcheront 10 millions de sacs de 60 kilos d'arriver sur le marché afin de limiter l'offre. Le Brésil, premier producteur mondial de café, attend cette saison une très importante récolte, prévue à 48,6 millions de sacs, à peine moins que la saison dernière (50,8 millions), qui était pourtant une année faste du cycle biennal de culture caféière. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en septembre valait 1737 dollars vendredi, contre 1764 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en septembre valait 119,75 cents, contre 125,65 cents sept jours auparavant. Sucre Les prix du sucre sont montés en début de semaine, dopés par le détournement des récoltes de canne à sucre vers la production d'éthanol, avant d'effacer la plus grande partie de leurs gains en raison de la Fed. "Après avoir marqué un nouveau plus bas en trois ans la semaine dernière, le sucre coté à New-York est remonté sur la base de l'humidité qui menace de ralentir la récolte au Brésil (premier exportateur mondial) et de l'augmentation de l'utilisation de canne pour la fabrication d'éthanol", ont expliqué les analystes de The Public Ledger. Durant la deuxième quinzaine de mai, "il y a eu une chute significative de la part de la récolte (dans la région brésilienne du Centre-sud, où est concentré l'essentiel des cultures du pays, ndlr) consacrée à la production de sucre", a communiqué la fédération professionnelle brésilienne UNICA. Des incitations fiscales ainsi que la faiblesse des cours poussent de plus en plus de producteurs à opter pour la fabrication de ce carburant alternatif à l'essence. Les cours ont également été soutenus par la perspective du commencement, aux alentours de mi-juillet, du Ramadan. Cette période est synonyme d'une hausse de la demande en sucre, en raison des festivités accompagnant ce mois de jeûne. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 474,1 dollars vendredi, contre 474,3 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 16,77 cents, contre 16,59 cents sept jours auparavant. Le maïs et le blé montent, le soja recule Les cours du maïs et blé s'affichaient en légère hausse sur la semaine vendredi à Chicago et ceux du soja en petite baisse, alors que les investisseurs commencent à se positionner avant des rapports importants de l'USDA sur les superficies plantées et les stocks. "Les cours ont été très volatils tout au long de la semaine", évoluant notamment "en fonction des prévisions météorologiques", a remarqué Bill Nelson de Doane Advisory Services. "Etant donné la sécheresse qui a fortement affecté les récoltes l'an dernier, les opérateurs sont sensibles à toute évolution qui pourrait altérer les rendements", a-t-il expliqué. Les dernières prévisions sont à cet égard plutôt rassurantes, selon Rich Nelson d'Allendale: "Les autorités américaines anticipent à long terme des températures et des précipitations normales pour cet été, après quelques journées un peu plus chaudes la semaine prochaine". Les investisseurs "se préparent aussi à la diffusion le 28 juin des rapports sur les réserves des produits agricoles et sur l'estimation des superficies dédiées aux différents produits", des documents qui "historiquement ont une grande influence sur les cours", a indiqué Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Le rapport sur les superficies est d'autant plus important cette année que des pluies abondantes ont longtemps retardé les semis de maïs au printemps. Aussi beaucoup prévoient une baisse des surfaces dédiées au maïs, ce qui fait grimper le prix de la céréale, et une hausse des plantations de soja, ce qui fait pression sur le cours de l'oléagineux. Le prix du soja est aussi affecté par la baisse de la demande en provenance de la Chine, premier importateur mondial mais "qui semble avoir disparu des radars les quatre dernières semaines", a relevé M. Strickler. Pourtant les réserves d'oléagineux aux Etats-Unis "restent très basses et le seront jusqu'à août", a-t-il ajouté. Les cours du blé ont de leur côté continué à profiter des craintes sur la qualité de la récolte d'hiver, le ratio des cultures considérées "bonnes à excellentes" restant stable à 31%, mais en net retrait par rapport à l'an dernier où il atteignait 54%. De plus, "on commence à avoir de plus en plus de retours sur le blé récolté au Kansas, le plus important producteur aux Etats-Unis, et apparemment les rendements ne sont pas aussi élevés qu'attendu", a remarqué Bill Nelson. Pourtant "les exportations restent en berne car les prix du blé américain ne sont pas compétitifs avec les prix européens ou de la région de la Mer noire", a estimé M. Strickler. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet, le contrat de référence sur le marché, évoluait vendredi à la mi-séance à 6,6900 USD contre 6,5500 USD à la clôture vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 7,0050 USD contre 6,8075 USD il y a une semaine. Le contrat sur le boisseau de soja, également pour livraison en juillet, s'établissait à 14,9775 USD contre 15,1650 USD vendredi dernier.
