La liquidation, au mois de février dernier de l'opposant tunisien, Chokri Belaïd, n'ayant pas réussi à désorganiser la classe politique tunisienne opposée au pouvoir en place, ni la rue pour dire " non " à la gestion du pays par la troïka, vient de s'élargir à un autre opposant, Mohamed Brahmi, abattu avant-hier devant son domicile, plaçant la Tunisie en première tête de file dans l'assassinat politique, depuis le soi-disant " printemps arabe ". La fin du régime du président Ben Ali qui avait fait la joie les Tunisiens, n'est, aujourd'hui, qu'un souvenir qui s'est soldé par l'échec subi par la " révolution du jasmin ". L'arrivée au pouvoir du parti Ennahdha, quoi que légitime, étant le verdict de la majorité des Tunisiens, " promoteur " d'une " Tunisie meilleure ", s'est transformée, depuis deux ans, en méfiance et en regret de la part des partis de la mouvance démocratique mais aussi de la société tunisienne. Le pouvoir en place composé d'une troïka reposant sur les mêmes idées et sur la même idéologie, s'est découvert aux yeux de la grande opinion publique tunisienne comme un " danger " pour l'avenir de la Nation. En effet, depuis le mois de février dernier, c'est-à-dire suite au premier crime politique perpétré contre Chokri Belaïd , Ennahdha est dans le collimateur de la rue qui n'hésite pas à chaque occasion de dénoncer ses inspirateurs et ses hommes de main qui se livrent dans l'ombre à toute une " gymnastique " pour priver la société tunisienne des fruits de sa " révolution ". Selon le président de Nida Tounés, Béji Caïd Essebsi , " les autorités sont responsables de n'avoir pas agi sérieusement " après les assassinats de Lotfi Nagdh et de Chokri Belaïd et de ne pas avoir entamer des poursuites judiciaires " sérieuses " après ces deux " meurtres politiques ", ce qui a eu d'après lui pour effet d'encourager les commanditaires, estimant que le " cycle de la violence est en train de s'élargir " et que l'assassinat de Mohamed Brahmi, ce jour de la fête de la République, n'est pas un hasard et qu'il signifie avant tout " la perte de la crédibilité du gouvernement actuel ". Un pouvoir mis en accusation par la grande majorité du peuple tunisien tant ce crime politique visant un autre opposant, risque de voir la situation se détériorer sérieusement et de menacer Ennahdha. Un parti, qui, jeudi et vendredi, a été accusé par les politiques et les citoyens d'être le " commanditaire " de cette violence politique et physique. Les informations et les analyses circulant à ce sujet, vraies, fausses, nul ne pouvait le dire avec preuves puisque les responsables de la liquidation physique de Chokri Belaïd, identifiés par la justice, n'ont pas été révélés au grand public. "La complaisance et l'indulgence de ce gouvernement face aux ligues de protection de la révolution sont également les causes de cette atmosphère de violence au sein de laquelle certaines parties ne croient pas dans le souveraineté de la République et de l'Etat ". Une vérité du reste partagée par le camp démocratique opposé à la troïka au pouvoir, soupçonnée de faire dans le " mauvais calcul ", car les promesses n'étant pas tenues. Les Tunisiens, d'ailleurs, quelques heures après l'annonce de l'assassinat de Brahmi, étaient en masse dans les rues pour cibler les " prêcheurs " de la troïka pour leur " démagogie " racoleuse. Ces manifestations montrent la profonde inquiétude qui s'empare de la société quant à l'avenir de la Tunisie. Les manifestants à travers leurs expressions ont frontalement mis en cause le pouvoir en place et à lui faire comprendre qu'ils suivent à l'œil toutes les " ficelles ", " grosses " comme des cordages, de la conspiration contre la démocratie et surtout mis à l'index tous les protagonistes qui se sont infiltrés pour oser récupérer leur " révolution ". En définitive, c'est au peuple tunisien et à lui seul de décider de son avenir. C'est donc une course contre la montre qui s'engage. D'un côté, une mouvance islamique à l'affût du moindre faux pas pour prêcher contre la démocratie. De l'autre, les espoirs démocratiques qui commencent à se discipliner et à s'organiser en front national pour sauver le pays de la dérive politique, économique et sociale.