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Gaz et pétrole de schiste : Un phénomène qui secoue la planète
Publié dans Le Maghreb le 24 - 09 - 2013

Après avoir bouleversé la donne aux Etats-Unis, gaz et pétrole de schiste commencent à modifier le paysage énergétique mondial, avec des effets de plus en plus visibles même si leurs ramifications sont encore incertaines.

Un des exemples les plus frappants est que le charbon américain, désormais boudé par les électriciens locaux qui préfèrent utiliser du gaz de schiste meilleur marché, est du coup exporté à bas prix en Europe et en Asie.
Cela relance l'attrait des centrales électriques à charbon sur le Vieux continent, au détriment des centrales à gaz et malgré des émissions de CO2 accrues.
En outre, les professionnels du secteur s'attendent à ce que du gaz américain commence à être exporté d'ici quelques années en Asie et en Europe, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).
Trois projets de terminaux d'exportation (plus un 4e ce mois-ci, ndlr) ont déjà reçu les autorisations nécessaires (...) et en 2016, du GNL commencera à être exporté, ce qui modifiera les relations entre les marchés du gaz de chaque continent, a souligné Tim Gould, analyste de l'Agence internationale de l'énergie, lors d'une conférence début septembre. Les Etats-Unis n'exporteront pas massivement de gaz, car ils chercheront à maintenir un niveau de prix domestique le plus bas possible, mais il y aura sans doute à terme plus d'une dizaine de terminaux d'exportation tournés vers l'Europe et l'Asie, prédit de son côté Jérôme Ferrier, président de l'Union internationale du gaz.

Une carte redessinée
Le marché pétrolier commence aussi à être affecté par l'extraction en Amérique du Nord à la fois du gaz de schiste (qui contient souvent du pétrole associé), mais aussi des gisements de pétrole de schiste ou compact (tight oil, également extractible par fracturation).
Avec ce pétrole non conventionnel, les Etats-Unis retrouvent la production pétrolière qu'ils avaient il y a 25 ans, à plus de 7 millions de barils par jour au rythme actuel, souligne Olivier Appert, président de l'IFPEN (ex-Institut français du pétrole).
Si l'on additionne les productions américaine et canadienne, l'Amérique du Nord est proche de l'autonomie pétrolière et gazière, et le fait que les Etats-Unis devraient devenir d'ici 2020 les premiers producteurs de pétrole devant l'Arabie saoudite change beaucoup de choses, prévient-il.
Même si l'ampleur et la durée de ce phénomène fait débat, cela devrait changer au moins temporairement la carte des échanges commerciaux, en rendant l'Amérique du Nord moins dépendante du pétrole moyen-oriental. La Chine, aux besoins en hydrocarbures colossaux, devrait prendre le relais et lui ravir tôt ou tard le titre de 1er importateur de pétrole.
Le cabinet WoodMackenzie a ainsi calculé en août que la Chine deviendrait le 1er importateur d'or noir en 2017, et verrait sa facture pétrolière flamber à 500 milliards de dollars en 2020. Parallèlement, celle des Etats-Unis tomberait d'un pic de 335 milliards en 2008 à 160 milliards au même horizon.
Un nouvel équilibre que nul n'aurait prédit il y a encore quelques années et qui désarçonne les producteurs traditionnels.
Face au pétrole de schiste, l'Arabie saoudite a eu au départ un peu la même attitude que Gazprom face au gaz de schiste, en disant que les schistes étaient une bulle spéculative sur le point d'éclater. Mais aujourd'hui cela devient pour eux une problématique importante, à tel point que l'Opep a lancé en juin un groupe d'étude sur cette question, estime M. Appert.
Il ne pense pas pour autant que les Etats-Unis se désengageront du Moyen-Orient, ni que la Chine voudra les remplacer comme gendarme du monde, leurs diplomaties étant guidées par des intérêts plus larges.

La révolution américaine
Parallèlement, des projets d'exploration d'hydrocarbures de schiste se développent sur tous les continents. La révolution américaine du gaz de schiste ne semble toutefois pas en voie de se reproduire ailleurs, en tout cas pas avec la même ampleur, notamment du fait des craintes environnementales et des risques liés à la fracturation, qui nourrissent de forts mouvements de contestation un peu partout.
Les Etats-Unis sont atypiques car les propriétaires des terrains sont détenteurs du sous-sol, et en dépit de toutes les protestations locales, ils sont incités à forer. On voit bien qu'en Pologne, en Roumanie, au Royaume-Uni, cela ne se passe pas aussi facilement, reconnaît M. Ferrier.
La Chine, qui disposerait des plus grandes réserves mondiales de gaz de schiste avec l'Argentine, selon des estimations américaines très spéculatives, s'ouvre tout juste à l'exploration, avec des résultats initiaux décevants.
Cependant, les enjeux énergétiques en Chine sont tels que le pays a besoin de toutes les ressources exploitables, et s'il y a du gaz de schiste là-bas, il sera probablement exploité. Mais le problème sera de trouver l'eau pour pouvoir fracturer, avance M. Ferrier.
La problématique n'est pas mince non plus en Europe, très dépendante du gaz russe, alors que les gisements de la mer du Nord s'épuisent.
Si l'UE a échoué pour l'instant à adopter une stratégie commune à Bruxelles on considère ce dossier comme hautement stratégique. Je suis sûr que l'option du gaz de schiste est un bon instrument dans nos négociations à long terme avec Gazprom et la Russie, avait lancé en mai le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger.

Une menace pour le pétrole du Golfe
L'exploitation de pétrole et gaz de schiste, en plein développement, représente une menace pour les pays exportateurs de pétrole du Golfe en termes de parts de marché et d'influence géopolitique, estiment des experts. Un influent prince saoudien, le milliardaire Al-Walid ben Talal, a tiré la sonnette d'alarme en soulignant en juillet que la demande mondiale sur le brut était en baisse continue et évoquant la menace présentée par les hydrocarbures de schiste.
Mais le pétrole du Golfe ne semble pas menacé à moyen terme avec le maintien de la croissance en Asie qui dope la demande sur l'énergie.
A moyen terme, l'Arabie saoudite maintiendra une position centrale sur le marché pétrolier mondial qui sera déterminée à la fois par l'offre et la demande, a noté le Fonds monétaire international dans une récente note sur le royaume.
Mais l'institution internationale a averti que la révolution du schiste en Amérique du Nord pourrait réduire la demande sur les produits pétroliers après avoir détourné de la consommation du charbon.
Mettant à profit leurs larges richesses énergétiques, les monarchies du Golfe en ont fait un puissant levier pour leur politique régionale, conforté par divers programmes d'aide.
L'Arabie saoudite jouit notamment d'un statut de producteur d'appoint, en mesure d'augmenter ou de réduire la production, affectant ainsi l'équilibre et les cours sur les marchés.

Une menace réelle
L'expert pétrolier koweïtien, Kamil Harami, voit en revanche la menace du schiste se matérialiser rapidement pour les pays arabes pétroliers, y compris l'Irak, qui détiennent 40% des réserves mondiales.
Les producteurs du Golfe vont être affectés à court terme plutôt qu'à moyen terme, a affirmé cet expert, les Etats-Unis devant devenir le premier exportateur mondial de pétrole en 2017 et atteindre l'indépendance énergétique d'ici 2030.
L'exploitation du schiste s'est développée rapidement aux Etats-Unis dont les réserves de pétrole de schiste atteignent 58 milliards de barils, selon l'US Energy Information Administration.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) place les réserves américaines de pétrole de schiste au deuxième rang mondial après celles de la Russie (75 milliards de barils).
Les Etats-Unis détiennent aussi 665 000 milliards de pieds cubes de gaz de schiste techniquement exploitables, selon l'AIE, ce qui les place au quatrième rang mondial derrière la Chine, l'Argentine et l'Algérie. Près du tiers de la production de gaz du Qatar allait aux Etats-Unis mais cela s'est arrêté en raison de l'essor de la production locale, souligne M. Harami.
Le Qatar est devenu en 2010 le premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), avec une capacité de production de 77 millions de tonnes par an.
Kamil Harami relève dans le même contexte la décision de l'Arabie saoudite de surseoir à porter sa capacité de production de brut à 15 millions de barils par jour (mbj) contre 12 mbj actuellement.
La production de brut des Etats-Unis a atteint les 7 mbj grâce au pétrole de schiste alors que ses importations ont baissé au-dessus de 8 millions de barils par jour, selon l'AIE.
L'Arabie saoudite a exporté pendant les 10 premiers mois de 2012 environ 1,4 mbj de brut aux Etats-Unis, soit 16% des importations de ce pays dont le premier fournisseur est le Canada.
En 2012, les pays asiatiques ont absorbé 54% des 7,5 mbj de brut exportés par l'Arabie saoudite.
La demande sur le pétrole saoudien et du Golfe restera probablement forte à moyen terme en raison de la croissance asiatique, estime Monica Malik, chef économiste de la banque d'investissement EFG-Hermes Emirates.
Mais la dépendance d'une seule région comporte des risques en cas de ralentissement économique, prévient-elle.
La production de pétrole et gaz de schiste est coûteuse et n'est pas rentable en cas de baisse, à un certain niveau, des prix du brut, ajoute Mme Malik.
M. Harami note également que certains pays comme la Chine envisagent d'exploiter leurs réserves de schiste.
Les pays arabes du Golfe font face à un autre défi: l'accroissement de leur propre consommation d'énergie.
Le prince Al-Walid, selon qui les recettes du budget saoudien proviennent à hauteur de 92% des revenus du pétrole, prône le développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables pour réduire au plus tôt la consommation interne de brut. En Arabie saoudite, la consommation de produits pétroliers augmente de 8 à 10% par an, selon M. Harami qui l'estime à 4 mbj par jour actuellement.
Cet expert conseille aux pays du Golfe de lever les subventions sur les produits pétroliers pour rationaliser la consommation au lieu de se lancer dans les énergies nouvelles coûteuses et l'énergie nucléaire à risques.


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