Les cours du pétrole repartaient à la baisse hier matin dans les échanges électroniques en Asie, les opérateurs s'attendant à une nouvelle hausse des stocks aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 21 cents à 56,17 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin cédant lui aussi 21 cents à 63,24 dollars. Le marché est tiraillé entre "les mesures de soutien à l'économie en Chine et l'excès d'offre de brut aux Etats-Unis", relevait Michael McCarthy, analyste chez CMC Markets à Sydney. Pour la deuxième fois depuis le début de l'année, la Banque centrale chinoise a en effet annoncé dimanche une baisse du taux des réserves obligatoires des banques chinoises, ce qui leur permet d'injecter davantage de liquidités dans l'économie, une mesure justifiée par l'essoufflement de la deuxième économie mondiale. Aux Etats-Unis, l'annonce d'un petit repli de la production américaine à hauteur de 20 000 barils par jour, le deuxième en trois semaines, avait fait progresser le cours du WTI de quelque 12% en six séances jusqu'à jeudi dernier. Mais les investisseurs estiment que cette baisse ne change pas la donne, l'offre d'or noir demeurant très nettement excédentaire dans le monde par rapport à la demande en raison d'une hausse structurelle de la production tant aux Etats-Unis que dans les pays de l'Opep. "Nous estimons que le rapport sur les stocks américains (mercredi) montreront une augmentation de trois à quatre millions de baril cette semaine, un sursaut par rapport aux chiffres modérés de la semaine dernière", notait Michael McCarthy. Le nombre de puits de forage actifs aux Etats-Unis est en baisse régulière mais le marché "attend de voir si cela se traduit vraiment par une réduction de la production", ajoutait Ric Spooner de CMC Markets, cité par l'agence Bloomberg. La veille, le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a pris 64 cents, à 56,38 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent pour livraison en juin est resté inchangé à 63,45 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Soutenus avant l'ouverture des échanges par l'annonce d'une mesure de relance en Chine, les cours ont subitement reflué après des déclarations du ministre saoudien du pétrole Ali al-Naïmi faisant état d'une forte production, avant de repartir à la hausse sur des estimations optimistes des réserves américaines. "La séance a été agitée", a résumé John Kilduff, chez Again Capital. "Le marché essaie de voir quand la vague de la production américaine va refluer", et des chiffres publiés lundi par la société Genscape ont donné un regain d'optimisme, a-t-il expliqué. Genscape a en effet annoncé que les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud) avaient reculé de 900 000 barils, selon des informations de presse. Or le remplissage sans relâche de ce terminal depuis plusieurs mois était un des facteurs de baisse du marché pétrolier, les investisseurs craignant qu'il arrive au maximum de ses capacités et que les négociants doivent commencer à brader le brut pour éviter d'avoir à le stocker dans des navires ou d'autres installations. "Le marché a sauté sur ces informations pour acheter" et faire monter les cours, selon M. Kilduff. Pour autant il s'est dit convaincu que cet optimisme serait de courte durée: "la dynamique de l'offre est trop importante en ce moment", a-t-il dit, estimant que "le marché s'est trop avancé". De fait en début d'échanges lundi les cours du Brent et du WTI s'étaient retrouvés sous pression après des déclarations du ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, qui a fait état d'un niveau élevé de production pour le mois d'avril. "J'ai dit plusieurs fois que nous serons toujours heureux de fournir à nos clients ce qu'ils veulent, maintenant ils veulent 10 millions (de barils par jour)", a dit M. al-Naïmi, cité par l'agence Reuters. "C'est presque un chiffre record pour (les Saoudiens), et ils vont continuer à pomper à ce niveau presque record jusqu'à la fin avril", a souligné Robert Yawger, chez Mizuho Securities. "Cela signifie probablement que plusieurs centaines de milliers de barils par jour que le marché ne voyait pas se retrouvent sur le marché mondial, c'est cela qui fait pression sur les cours", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que, d'après les déclarations saoudiennes, c'est une production qui s'écoule chez les clients plutôt que de s'accumuler dans des stocks. C'est le "signe que le pays va continuer de faire son possible pour protéger ses parts de marché", ont souligné les analystes de PVM. Du coup cela laisse intact la situation globale d'une offre surabondante face à une demande atone, qui a conduit les cours du brut à chuter de moitié depuis juin 2014.