Les cours du pétrole continuaient de progresser au-delà des 60 dollars le baril hier matin dans les échanges électroniques en Asie, à leur plus haut niveau cette année, soutenus par des préoccupations géopolitiques et la perspective d'une réduction du déséquilibre entre l'offre excédentaire et la demande atone. Passé mardi au-dessus de 60 dollars pour la première fois depuis la mi-décembre, le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin s'appréciait de 48 cents, à 60,88 dollars. Le baril de baril de Brent pour livraison en juin également gagnait 33 cents, à 66,85 dollars. Le marché pétrolier reprend son rebond engagé à la mi-mars et qui avait mis fin à la dégringolade des cours observée depuis juin 2014 sous l'effet d'une hausse de la production mondiale due à l'extraction de pétrole de schiste aux Etats-Unis et au refus de l'Organisation des pays exportateur de pétrole (Opep), qui pompe 40% du brut mondial, de limiter ses exportations. Les opérateurs misent sur la réduction du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis, mais certains analystes se montrent prudents, rappelant que les réserves américaines de brut se situent toujours à leur plus haut niveau depuis les années 1930. Le département de l'Energie (DoE) doit publier ce mercredi ses dernières données hebdomadaires sur les réserves américaines. Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg News prévoient une nouvelle hausse pour l'ensemble des Etats-Unis, de 1,5 million de barils. Mardi, l'institut américain du pétrole (API), fédération américaine du secteur, avait indiqué au contraire dans ses estimations que les réserves américaines avaient diminué de 1,5 million de barils lors de la semaine achevée le 1er mai, le premier recul en huit semaines. Les cours étaient par ailleurs aidés par un nouvel affaiblissement du dollar, dans lequel sont libellés les échanges pétroliers. Le repli du billet vert les rend moins onéreux et donc plus attirants pour les investisseurs. Le marché bénéficiait aussi des préoccupations sur la situation géopolitique au Moyen-Orient "que ce soit lme Libye, le Yémen ou l'Irak", relevait Nicholas Teo, analyste chez CMC markets à Singapour. La veille, le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin a gagné 1,47 dollar à 60,40 dollars en clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), finissant au-dessus de 60 dollars pour la première fois depuis la mi-décembre. A Londres, le cours du baril de baril de Brent pour livraison en juin a gagné 1,12 dollar à 67,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le marché est resté solide pendant toute la séance, et les soixante dollars constituaient un seuil psychologique qui a été dépassé" par le WTI, a souligné John Kilduff, d'Again Capital. "On se préoccupe de la situation géopolitique au Moyen-Orient (...) au moment où la Marine américaine se met à escorter des navires dans le détroit d'Ormuz", a-t-il ajouté. En pleine lutte d'influence entre l'Arabie Saoudite et l'Iran au Yémen, les Etats-Unis jouent la fermeté face à Téhéran en déployant depuis la semaine dernière des navires de combat dans la zone stratégique du détroit d'Ormuz, après l'arraisonnement d'un porte-conteneurs par les militaires de la République islamique. "Cela rend le marché assez nerveux, de même qu'un nouveau ralentissement de la production en Libye", où un port est fermé en raison de manifestations, a précisé M. Kilduff. Après deux séances peu animées vendredi et lundi, en raison de la fermeture de nombreux marchés pour des jours fériés à travers le monde, en particulier à Londres, le marché pétrolier reprend ainsi son rebond engagé à la mi-mars. "Hier, le marché a été très calme, en l'absence de nombreux investisseurs étrangers", a souligné Carl Larry, de Frost & Sullivan. "Maintenant, les gens reviennent, et beaucoup d'entre eux envisagent une baisse des stocks de brut (aux Etats-Unis)".
Paris à la hausse Plusieurs observateurs attendent en effet avec optimisme les chiffres du département de l'Energie (DoE) sur les réserves américaines, prévus mercredi, après l'annonce la semaine dernière du premier déclin depuis près de cinq mois des stocks du terminal de Cushing (Oklahoma, Sud). Néanmoins, les analystes interrogés par l'agence Bloomberg News prévoient une nouvelle hausse pour l'ensemble des Etats-Unis, de 1,2 million de barils. Avant les nouveaux chiffres hebdomadaires du DoE, le marché, sur lequel les cours ont perdu plus de la moitié de leur valeur entre juin et janvier, se préparait à prendre connaissance des estimations de l'American Petroleum Institute, fédération professionnelle du secteur, qui les publie après la clôture du mardi. A plus long terme, le baril de WTI "devrait s'échanger entre 60 et 65 dollars lors des prochains mois, et de plus en plus de gens sont en train d'investir de l'argent dans l'idée que les prix vont monter", a jugé M. Larry. Certains analystes relativisent à ce titre les effets de la géopolitique et de l'équilibre actuel de l'offre et de la demande sur un marché qui est de toute façon, selon eux, décidé à s'orienter en hausse. "Dans une certaine mesure, si l'on fait autant attention aux actualités qui encouragent le marché à la hausse, c'est moins parce que l'on risque de manquer d'approvisionnement qu'à cause du rebond des prix", a expliqué Tim Evans. "C'est ce que montrent par exemple les chiffres hebdomadaires sur les réserves américaines, dans lesquels il suffit d'annoncer une petite baisse de la production ou même un ralentissement de la hausse des stocks pour que cela soit vu comme une bonne nouvelle", a-t-il ajouté. Enfin, les cours du pétrole ont également pu baser leur rebond sur un nouvel affaiblissement du dollar, dans lequel sont libellés les échanges pétroliers. Le repli du billet vert les rend moins onéreux et donc plus attirants pour les investisseurs.